Une vidéo de journalistes de CNN montrant des migrants d’Afrique subsaharienne vendus comme du bétail en Libye a fait l’effet d’une bombe. Moi qui croyais que les pratiques d’esclavage n’étaient qu’un lointain et douloureux souvenir. Ces images ont mobilisé des foules devant l’ambassade libyenne à Paris. Humanité, je crie ton nom.

Mon propos n’est pas de réduire au silence la parole des communautés afro-européennes qui se sont levées comme un seul homme pour dénoncer la traite d’êtres humains. Certains parlent d’esclavage moderne. En quoi une pratique passéiste barbare peut se targuer d’être moderne ?

Mon propos ne veut pas non plus minorer voire nier la négrophobie qui sévit dans les pays du Maghreb. Des associations de terrain ont même lancé plusieurs campagnes pour dénoncer ce racisme ordinaire dont sont victimes ces migrants qui ont fui leur pays pour un avenir meilleur. Toutefois, le racisme n’est pas l’apanage d’une communauté comme j’ai pu le lire dans certains commentaires. C’est une maladie universelle qui ne concerne pas seulement le Maghreb. Les acteurs de ce commerce macabre sont gangrénés par cette haine. 

L’amour des siens, ce n’est pas la haine des autres

Il n’est pas anodin de rappeler que ce chaos résulte de l’intervention de l’OTAN en 2011 qui a précipité le pays dans un état de léthargie. Les atrocités commises à l’encontre des migrants d’Afrique subsaharienne ne datent pas d’hier. Ces pauvres hommes, femmes, enfants sont entre deux eaux, torturés d’un côté et rejetés de l’autre. C’est en tant qu’homme avec un grand H qu’il faut se lever.

Malheureusement, je constate une dérive dans l’arène 2.0 qui voit submerger des gladiateurs de canapé qui n’ont que pour leurs seules armes, leurs plus bas instincts. Certains mettent leurs oeillères et nient ce qui se passe car ces horreurs sont commises par des arabes. D’autres, en criant leur colère, légitime, viennent rendre complice toute une communauté. L’amour des siens, ce n’est pas la haine des autres. Il est grand temps d’appeler à la convergence des luttes pour ne plus entendre vos causes et nos causes. Il faut se lever contre l’injustice, toutes les injustices. Ne nous trompons pas de combat et levons nous ensemble pour préserver la dignité d’hommes et de femmes qui ont été réduits à des dollars.

Mouâd Salhi