« Une certaine Wallen pétille dans la maitrise vocale de cette demoiselle », déclarait Rohff sur Twitter. C’est de Nej’, cette jeune prodige de 21 ans, dont fait référence celui que l’on nomme le « padre du rap game ». Depuis le début de sa récente carrière, Nej’ multiplie les collaborations et ne cesse de créer de l’engouement auprès du public. Après avoir comptabilisé plusieurs millions de vues sur YouTube grâce aux remix de chansons les plus populaires, elle nous livre des morceaux plus personnels, dont « My Love » et « KLMNT ». C’est dans les locaux de Believe à Paris que l’équipe Alohanews est partie à la rencontre de cette nouvelle pépite française. On peut dire que l’année s’annonce féminine.

Bonjour Nej’. Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, qui es-tu ?

J’ai 21 ans et je suis originaire de Toulouse. J’ai commencé la musique à 11 ans. Au début, je faisais beaucoup de concert de quartier et ensuite j’ai commencé à participer à des festivals. En arrivant à Paris, j’ai rencontré Dj Deedir avec qui j’ai lancé des petits remix sur le morceau « Validée » de Booba ou encore « Rosa » de Gradur.

Si tu caches ton visage, c’est par pudeur ?

On me pose très souvent cette question (rires). Je suis quelqu’un de très timide et très réservé. La célébrité me fait vraiment peur. Du coup, avec mon petit chapeau, je me sens protégée du regard des autres. Ça me permet de passer inaperçu dans la rue dès que j’enlève cet accessoire.

Cette pudeur n’est même pas reliée au fait que je sois une femme. Je pense que même si j’étais un homme, ma timidité serait la même. L’exposition me fait peur pour l’instant. Peut-être que plus tard, lorsque je serai plus à l’aise, j’enlèverai ce chapeau (rires).

Wallen est un modèle de référence absolu

Est-ce qu’il y a des concessions à faire pour réussir dans la musique et suivre les tendances de l’époque ?

Quand je chante, j’essaye d’être la plus naturelle possible. Je ne sens pas qu’il y ait des concessions à faire. La musique que je fais correspond exactement à mes goûts musicaux. Je fais tout d’abord la musique avec le cœur.

Je m’inspire beaucoup des choses qui m’entourent et des histoires de personnes que je connais. Mes chansons peuvent également parler de mes propres expériences de vies. Rien n’est calculé et aucune tendance n’est suivie. Je laisse la musique parler d’elle-même.

Parle-nous de ta rencontre avec Rohff. Une future collaboration ?

La rencontre avec Rohff m’a beaucoup émue. Toute ma jeunesse a été bercée par ses morceaux. C’est d’autant plus émouvant lorsqu’un grand, considéré comme le « padre du rap game », valide ce que tu fais.

Par contre si je devais faire un featuring avec un autre rappeur, je choisirais Nekfeu, sans hésiter. La profondeur de ses textes et son univers me touche très particulièrement. Quand j’écoute ses morceaux, l’aura qu’il dégage correspond tout à fait à la vision que j’ai de la musique.

On peut voir au travers tes covers ou lors de tes apparitions sur le snapchat de « Thecrazyrevolution », une certaine technique vocale inspirée des chanteuses R&b « oldschool ». Tu es une nostalgique de cette époque ?

Je suis une grande nostalgique des grandes du R&b comme Wallen et K-Reen. Il faut savoir que je suis la dernière d’une famille de 5 filles. Je pense que, musicalement parlant, mes sœurs m’ont légué un grand patrimoine. Elles m’ont appris la musique et m’ont fait découvrir des titres qu’on n’écoute pas à un certain âge. Du coup, j’ai eu un répertoire tout à fait différent des jeunes de mon âge.

D’ailleurs, sur Facebook tu déclares : « dans la salle du temps, les épreuves m’ont forgée, je veux la carrière à Wallen, pas celle de Ricky Martin ». Wallen est un modèle pour toi ?

Wallen est un modèle de référence absolu. Une de ces chansons qui me touchent le plus est le titre « Ma terre sainte ». Ce morceau représente et parle de l’Amour véritable. Elle me touche tellement. Je l’ai connu grâce à une copine à moi que j’ai malheureusement perdue. C’est parce qu’elle a énormément apporté à la culture musicale française que sa carrière me fascine. Promis, je vous ferais une cover (rires).

Depuis quelques années déjà, on sent que le R&b français féminin s’essouffle. As-tu la même impression ?

Tout à fait. Cette tendance s’accentue depuis que les rappeurs se sont mis à chanter. Ils ont pris en quelque sorte la place qu’occupaient les chanteuses R&b. De plus, je pense que la musique est un « cycle ». Pour l’instant la mode c’est le style « afro », mais il suffit qu’une seule chanteuse R&b revienne au-devant des scènes pour qu’un nouveau cycle se mette en marche. La musique est un perpétuel recommencement.

Sur Deezer, on te répertorie dans la catégorie « pop urbaine ». Tu t’identifies à ce genre musical ?

Être identifiée à la catégorie « pop urbaine » ne me dérange pas du tout. Mes titres sont très ouverts et peuvent plaire à un grand nombre de personnes. Je pense que le genre musical « R&b » en tant quel tel n’est plus perçu comme un style contemporain. Peut-être même que c’est réducteur d’être répertorié uniquement dans la catégorie R&b, au vu de la diversité des sonorités dans mes musiques.

Quels sont tes futurs projets et où te vois-tu dans 10 ans ?

J’aimerais très prochainement sortir un EP afin de me présenter au public. Pour le reste, j’irais où le vent m’emmènera. Je sortirais un album quand le moment sera venu. Pour l’instant, je profite de chaque moment et de la chance que j’ai de pouvoir goûter à ma passion pour la musique.

Propos recueillis par Bahija ABBOUZ