Lors de l’année scolaire 2015-2016 en Wallonie, 10,3% des élèves âgés de 18 à 24 ans ont quitté l’enseignement sans obtenir de diplôme. Le décrochage et l’échec scolaire s’alourdissent de plus en plus. Alors que la société se focalise sur la réussite, celle-ci oublie souvent les diverses manières d’y arriver.

Depuis l’enfance, l’être humain apprend de ses erreurs. Que ce soit en tombant pour apprendre à marcher ou en mimant les phrases sur le bout des lèvres des parents. Cette méthode d’apprentissage perdure jusqu’à arriver dans l’enseignement primaire et commence à disparaître en secondaire et en supérieur. Le système éducatif mis en place depuis des siècles ne convient plus à l’époque où les enfants grandissent avec la technologie. Alors qu’il avait été imaginé et conçu pour une période où l’école publique n’existait pas encore, les enfants d’aujourd’hui n’assimilent plus les méthodes d’apprentissage. Dans le Ted TALK de 2006, Ken Robinson, orateur anglais, parle déjà d’une réforme à faire dans l’éducatif et explique que « nous savons trois choses sur l’intelligence : elle est variée, dynamique et distincte ». Chaque époque a ses codes et chaque enfant a sa méthode de travail.

Certains professeurs mettent tout en œuvre pour inculquer la réussite aux jeunes élèves, avec différentes méthodes parfois variées. Cependant, un facteur est devenu tabou dans les écoles, et parfois même au sein du cocon familial : l’échec. Souvent perçu négativement, certains pensent à l’inclure dans l’enseignement afin de parfaire les acquis attendus par les jeunes apprentis. Naima Ben Amor, enseignante depuis 35 ans, nous parle de l’explication de l’échec. « Quand un élève fait une faute dans une dictée ou une rédaction, je ne souligne pas forcément et je lui dis : « j’ai aimé l’idée, qu’en dis-tu si tu prends ton dictionnaire et tu réécris ce que tu as fait à ton aise ? De toute façon l’idée pour moi est arrivée. Tu as bien capté. » », dit-elle, avant de continuer, « et là les élèves se rendent compte eux-mêmes des fautes qu’ils ont faites. Ils ne sont pas vexés. Je leur donne les points. J’ai toujours dit aux élèves : si vous avez la volonté de réussir, vous réussissez. ».


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Une réussite sans échec n’est pas savourée. La peur de l’échec restreint les capacités et tue la créativité des apprentis. En grandissant, beaucoup ne trouvent pas leur place dans un enseignement classique. En haut de la pyramide se trouvent les mathématiques et les sciences, suivies par les langues modernes et en tout dernier se situent les arts. Ken Robinson dit dans une conférence : « A notre époque, travailler pour avoir un diplôme était la seule option. Au bout de laquelle nous trouvions un travail. De nos jours, nos enfants sont diplômés mais préfèrent rester chez eux jouer car leur certification ne leur garantit pas toujours une place dans le monde du travail. » Un avis qui est aussi partagé par Naima Ben Amor : « Malheureusement il n’y a pas eu de réforme dans l’enseignement. Il faut qu’il y en ait une car la plupart des enfants ne veulent plus aller à l’école. Ils ne veulent plus étudier. Non pas parce qu’ils sont fainéants mais ils sont dégoutés d’une méthode datant de je ne sais quel siècle, qu’on utilise dans un monde où la technologie évolue et où on évolue par heure des centaines d’années. »

En Finlande, l’enseignement est basé sur une manière ludique et les résultats parlent d’eux-mêmes : « Le système est ludique. Ils apprennent en s’amusant et ils ont les meilleurs résultats dans le monde. Tout le monde le sait mais personne n’a osé le faire car ça demande beaucoup. » avance madame Ben Amor, en soulignant, « Pas au niveau matériel mais la volonté. Une volonté des hommes politiques et une volonté éducative. »

Pour certains, la vision actuelle de l’éducation est à revoir. Les spécialistes ont une grande responsabilité dans ce système. Sachant que la moitié des métiers dans les années à venir n’est pas encore connue, faut-il réformer le système éducatif pour permettre un bouillonnement de créativité ? Quid.

Nihel Triki