Sorti en avril dernier, l’EP « Dolfa is the new black » est la carte de visite du rappeur Dolfa. Producteur confirmé, le jeune belge a collaboré avec pas mal d’artistes dont Jul, Damso, Wiz Khalida, J.Cole et compagnie. Alohanews a rencontré le prolifique beatmaker pour parler de sa soif créatrice, de son implication dans le titre phare de Kaaris « Tchoin » et de son dernier projet. 

Tu as commencé l’artistique en 2006, est ce que t’as commencé par faire des prods ou c’est le rap qui a été ta première expérience musicale ?

Non j’ai commencé en étant beatmaker à la base. J’ai commencé à rapper en 2008/2009 avec Damso au moment où on a créé OPG. J’étais plus concentré dans le domaine du beatmaking à ce moment-là, j’essayais de me perfectionner au maximum. Par après, le rap est venu et j’aimais bien ça aussi. J’aime bien mélanger les deux de temps en temps.

En Belgique beaucoup de rappeurs sont ou étaient des beatmakers aussi. On pense à toi, Krisy, Hamza, Damso, etc. Est-ce dû aussi du fait qu’à l’époque, les Belges avaient moins l’occasion d’avoir des instrus d’autres personnes donc ils devaient se développer de leur côté ?

C’est ça et rien d’autre dans le sens où que ce soit dans les prods, enregistrement studios, et j’en passe, c’est pas donné ici à Bruxelles et en Belgique en général. C’est difficile d’avoir accès à un studio, c’est difficile d’avoir accès à un beatmaker, et si il y en, ils sont fermés parce qu’ils travaillent déjà avec certaines personnes. Alors ça nous pousse à faire tout nous-mêmes. Moi maintenant, quand je me suis mis à composer, je me suis pas dit « je compose parce qu’il n’y a personne qui va me montrer comment composer », non. J’étais attiré par ça et lorsque j’ai mis un pied dans ce game, j’ai vu comment ça se passait. J’ai vu que les gens n’étaient pas sociables.

 

Tu as fait une prod pour Jul. Comment ça s’est passé ?

En fait c’était au moment où je travaillais avec Asaiah. Jul avait loué le studio pour venir travailler son album « Je trouve pas le sommeil ». Il est venu et a bossé son album tout seul. Il est très autodidacte et fait tout lui-même. Il cherchait une instru. Isaiah m’a appelé et j’ai composé. Je lui ai présenté des prods auxquelles il n’a pas trop accroché. Ce n’était pas son délire. Ensuite, on a bossé ensemble.

Je vois aussi dans ton CV que l’instru de « Tchoin » de Kaaris est la tienne ?

C’est un plagiat. Ils m’ont plagié.

Ha bon ?

C’est réglé aujourd’hui. Je suis crédité sur le morceau.

Comment ça s’est passé ?

Ma composition est passée de mains en mains pour arriver dans les studios de Kaaris avec des ajouts.

Kaaris ne savait pas que c’était ta prod ?

Kaaris non. Mais les personnes qui étaient derrière, oui.


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Aujourd’hui comme il y a énormément de beatmaker. On a l’impression qu’avec l’offre et la demande, les beats coutent de moins en moins cher. Est-ce que c’est plus difficile pour toi de placer des prods à des prix raisonnables ?

Non ce n’est pas un problème, dans le sens où, comment dire…Il y a H&M et il y a Louis Vuitton. Je suis conscient du chemin que j’ai fait, et les gens aussi savent le chemin que j’ai fait. Donc qu’il y ait autant de beatmaker ou pas, ça ne change pas parce que mon nom il est toujours là. Il faut rester au top constamment.

Ton projet s’intitule « Dolfa is the new black ». On pense directement au titre « Nwaar is the new black » de Damso. Est-ce que c’est voulu ?

Non ce n’était pas voulu. C’était un clin d’œil à « Orange is the new black ». Ce projet représente une émotion particulière. J’étais enfermé dans mes pensées. Comme une espèce de prison. Comme dans la série.

En parlant de Damso, tu es à la production sur le titre « Que de la Vie » issu du projet « Batterie faible », quelles sont les relations avec Damso aujourd’hui ?

Ca va c’est juste qu’il est souvent occupé en ce moment et moi-même aussi. On ne se voit pas énormément comme il est souvent en déplacement. Mais toujours en bons termes.

Dans ton titre « Ride ou coule » tu dis « Merci Damso on va devenir riche ». Est-ce que c’est une manière de dire que Damso a mis la lumière sur la Belgique?

Oui, c’est ça. C’est exactement ça.


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Dans le morceau « Culpabilité » tu dis « On m’a humilié sur vidéo, mes réponses sont en audio ». Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Ç’est une story de la vie de Dolfa. C’est une histoire qui s’est passée où comme je l’ai dit il y a eu humiliation. Je me canalise en faisant du son. Si on écoute la voix du sage qui parle à la fin, il explique pourquoi je n’ai pas réagi autrement que par le son.

Justement j’ai l’impression que ce projet est très sombre, mais aussi spirituel. Dolfa est ce genre de gars donc…

C’est tout moi. En fait, j’ai plusieurs facettes. Mais je suis quand même quelqu’un qui réfléchit beaucoup, qui prend vraiment le temps de comprendre les choses. Je ne mets pas du temps à faire un son, mais quand je dois m’exprimer sur un son je vais vraiment le faire, je ne vais pas manquer un truc.

Après l’EP n’est pas si sombre, il est festif au niveau de la composition. Ca me permet de me libérer.

Propos recueillis par Nikita Imambajev