Avec ses sketchs ciselés, le standup devient une arme visant à interroger nos manières de penser, un net contraste face à d’autres comédiens qui racontent leur vie quotidienne dans ce qu’elle a de souvent banal et inoffensif.

C’est en 2013 avec un spectacle intitulé « Tous Complices » que Haroun commence à faire des tournées dans des salles de théâtre. Son background est déjà bien fourni : breakdancer et improvisateur talentueux, le théâtre va s’imposer à lui comme une évidence.

Son passage au Jamel Comedy Club le révèlera à un public plus large, suivront de nombreuses interventions télé. Son style détonne. Car qu’on se le dise, Haroun n’hésite pas à aborder des sujets comme le racisme ou le harcèlement sexuel et fait rarement dans un registre moralisateur. Tout au plus, il cherche à créer une émotion à travers le public qui peut se changer en réflexion par la suite. Sa prestance est sobre, ses mouvements étudiés, donnant à surtout mettre en avant la finesse du sarcasme qui caractérise ses textes Haroun nous parle un peu comme le faisait Pierre Desproges, un humoriste faisant partie de ses figures de prédilection. Ce dernier faisait souvent preuve d’un humour acerbe et employait l’ironie pour révéler les failles de notre société (voir « On me dit que des juifs sont cachés dans la salle » ou « Les rues de Paris ne sont plus sures »). Haroun le fait également à sa manière, en parlant de notre époque où internet et les technologies de l’information et communication sont tellement présents dans nos vies quotidiennes qu’ils influencent nos rapports avec la société et notre capacité à nous indigner.

Un talent certain et une capacité à s’entretenir avec son public via les réseaux sociaux ( il est le premier à avoir diffusé son spectacle en direct via Facebook en 2017). Cela lui permet également de créer des spectacles en fonction des sensibilités et des discussions du moment. Ainsi, n’hésite t-i-l pas à railler l’actualité d’un ton caustique que ce soit le traitement médiatique prévisible de certaines chaines de télévision ou les dernières élections françaises de 2017. Récemment, il a fait un sketch sur les gilets jaunes qui risque de faire pas mal jaser. Une écriture féconde en constante progression, car comme il le dit dans une interview, il faut produire beaucoup pour ne garder que le bon.