Depuis février, l’un des acteurs les plus actifs du rap marseillais est arrivé avec un nouvel album. En effet, El Matador débarque avec un énième projet intitulé « Poussières d’étoiles ». Alohanews est allé rencontrer l’univers de l’artiste ainsi que sa vision de l’industrie musicale.

Poussières d’étoiles vient de sortir dans les bacs dernièrement. Quels sont les premiers retours ?

Des super bons retours ! Le bouche à oreille a bien fonctionné puisque le public est satisfait du projet. J’entends mes sons dans les voitures et ça me booste pour continuer à rester productif. En ce qui concerne les ventes, je suis content, car il n’en reste plus beaucoup dans les bacs. Il faut savoir qu’en tant qu’indépendant, nous avons pressé un nombre limité de CDs.

De quelle manière comptez-vous exploiter ce projet ?

Je suis en mouvement dans de nombreuses villes tous les week-ends. Que ce soit pour un showcase, une séance dédicace ou une promo en radio. Cet album va se défendre particulièrement sur scène.

El Matador version 2013 est un artiste plus engagé notamment avec le titre Polémiquement incorrect. D’où vient cet engagement ?

El Matador a toujours eu ce côté engagé. Par ailleurs, mon premier texte l’était. Le fait est que dans mes projets précédents, je n’ai pas mis ce côté engagé en avant laissant la place à des titres format single ou des morceaux techniques. Avec Polémiquement incorrect, j’ai voulu surprendre le public, car personne ne s’attendait à ce genre de concept. De plus, en maîtrisant ces sujets polémiques abordés dans le titre, j’étais paré à défendre mes positions et à développer mes arguments. El Matador a mûri et sa vision du monde également.

Quel était le message à retenir ? 

La liberté d’expression est une utopie et s’applique lorsque celle-ci arrange. Il y a certaines vérités qui ne sont pas bonnes à dire. Avec ce morceau, j’ai voulu tester les limites de ma liberté et je me rends compte qu’il y a toujours un blocage à un moment donné.

Comptez-vous vous investir dans la politique un jour ? 

Non. Pour moi, la politique est juste un moyen de contenir la population dans une espèce d’hypnose permanente. De gauche ou de droite, je pense que les partis sont tous aux ordres d’une entité supérieure qui leur dicte des instructions pour l’intérêt des plus puissants. La politique est illusion. Une escroquerie organisée sur les citoyens.

Suite à ce morceau, le groupe 1995 a porté plainte et votre clip a été retiré de Youtube. Avez-vous eu des liens directs avec le groupe ou son entourage suite à cette affaire ? 

Aucun contact, non. Les rumeurs disent qu’ils se sont félicités d’avoir retiré le clip. À partir de ce moment, il faut appeler un chat, un chat. Le monde est petit et on finira un jour par se croiser et j’écouterai leurs explications sur cette affaire.

Vous avez sorti votre album dans la foulée des affrontements lyricaux entre Booba et La Fouine. Était-ce une prise de risque ? 

Bien sur puisque toute l’attention était focalisée sur ce clash. J’ai tout de même décidé de maintenir ma sortie. D’une part, mon projet est totalement indépendant donc j’ai une exposition très limitée et, d’autre part, ce projet est un album pour ma base fan. Ceux qui me suivent étaient au courant de la sortie donc je ne pense pas qu’il y a eu une incidence émanant du clash.

Vous êtes en indépendant depuis peu. Quelles sont les différences entre le fait d’être signé et d’être en indépendant ? Selon vous, quelle est la meilleure alternative ?

En indépendant, il faut faire tout seul de A à Z en passant par la paperasse au financement. C’est un travail énorme ! Il faut aussi se concentrer sur la productivité du projet et fournir un travail de qualité. Pour moi, la meilleure alternative est d’être signé puisque le disque a une visibilité bien plus importante et la gestion du budget est bien plus simple. Sortir ce projet en indépendant est toutefois une fierté pour moi et une bonne expérience par-dessus tout.

Que pensez-vous du rap marseillais d’aujourd’hui et quels sont les artistes locaux du moment? 

Je trouve qu’il y a peu de renouvellement par rapport à Paris. Marseille est davantage populaire pour ses faits divers que par son rap. Cela s’explique par un manque de structures et de solidarité entre les acteurs du rap. Les piliers qui représentent le rap marseillais ont pourtant les moyens de faire bouger les choses. Ils ne le font pas sans doute pour garder le monopole. Par le passé, j’ai subi cette réalité. J’ai eu la chance de signer sur un label parisien qui a cru en moi. Sans cela, je n’aurai pas pu faire quelque chose. Concernant les artistes locaux, il y a le groupe Zbatata qui arrive avec un album ainsi que Playad. Mon petit frère Kimal fait également son petit bonhomme de chemin.

Vos projets après cet album ? 

Je tiens avant tout à défendre ce projet jusqu’au bout et faire découvrir une multitude de morceaux présents dessus. Sinon, j’entame doucement l’écriture du prochain. À suivre !

 

Propos recueillis par Nikita Imambajev