Apparu en Jamaïque dans les années 80, le dancehall s’est propagé dans le monde entier. Krys, l’un des piliers du mouvement en France, revient avec un nouvel album intitulé « Dancehall is Back ». Disponible depuis le 19 mai, le retour de Krys fera le bonheur des adeptes de déhanchés rythmés. Alohanews est parti à la rencontre de l’artiste pour une interview à l’ambiance caribéenne.

Peux-tu nous dresser un portrait de ton nouvel album ?

Il y a un fil rouge dans cet album, c’est le dancehall. Cela fait déjà plus de dix ans que j’affectionne et que je pratique ce style musical. Mon objectif, à travers ce 5ème album, est de montrer le dancehall dans sa forme pure. Néanmoins, j’avais également pour challenge de marier mon style de prédilection à d’autres univers pour essayer d’innover et d’apporter un air frais.

Ton album s’appelle “Dancehall is Back”. Considères-tu que le dancehall a disparu de la scène ?

Pendant un moment, oui. Toutefois, le dancehall est désormais plus que jamais dans l’ère du temps. Et c’est ce que je voulais exprimer à travers le nom de l’album. Je peux te donner l’exemple le succès de Major Lazer aujourd’hui. Cela montre véritablement que le dancehall revient petit à petit. Dans sa forme originelle ou dilué dans un autre style musical. On peut ressentir l’influence dans tout ce qui se fait actuellement dans la pop française et même internationale. Le rap n’y échappe pas non plus. Il y a cette prégnance caribéenne qui me laisse penser que l’univers du dancehall est de retour.

Quel est ton regard sur le dancehall en France ?

Il y a beaucoup de talents tout-à-fait remarquables. J’ai quand même l’impression que les médias ne jouent pas le jeu et ne mettent pas assez de lumière sur notre art. Et ce, malgré une demande et un public très friand. En tout cas, la scène se porte bien et il y a toujours du bon son qui se fait à l’heure actuelle.

Une approche artistique différente

Parmi les featurings, on retrouve J. Martins, une très grande personnalité africaine, sur le morceau « Put your hands up ». Comment s’est faite la connexion avec la star nigériane ?

J. Martins est mon coup de cœur du moment. Je suis très fan de toute cette vague « Azonto » amenée par P Square, J. Martins et consorts. Cette musique me parle beaucoup. Comme je suis un fêtard, j’aime énormément (Rires).

Concernant le titre, la composition est Nigériane. Je cherchais à me connecter directement à la source. Par la suite, grâce à quelques intermédiaires, on a su faire le titre à distance avec J. Martins. On s’est rencontré par la suite et avons clippé le morceau. A l’heure actuelle, je suis en contact avec J. Martins et on échange énormément. Lorsque le clip sortira, on envisagera peut-être une tournée ensemble.

Grâce à ce genre de collaboration, as-tu le public africain en ligne de mire?

J’aimerais beaucoup. Je pense que je ne suis pas nouveau pour le public africain. J’ai également fait une chanson avec Fally Ipupa et trois scènes là-bas. Ce n’est pas du tout suffisant car j’ai hâte d’y retourner. J’espère pouvoir interpréter mon album et le défendre sur la scène africaine.

Dans le morceau assez « trap » appelé « Murderer » tu dis : « Violent comme Booba et La Fouine ». Qu’as-tu pensé de ces clashs qui ont bouleversé le paysage du rap français ?

Les clashs font partie de la culture hip-hop. Il y a toujours eu des clashs. Tant que ça reste musical. Ce qui est dommage, c’est lorsqu’on outrepasse le côté artistique avec des dérapages violents en prime. On ne peut pas cautionner cela.

Tu as beaucoup été présent dans des collaborations avec des rappeurs français. Dans cet album, on n’en retrouve pourtant aucun…

On me pose beaucoup cette question car dans chacun de mes albums, il y a toujours des featurings avec des rappeurs français. Dans ce dernier opus, j’avais une approche artistique différente avec des sonorités caribéennes et africaines. Du coup, aucun morceau ne se prêtait à ce choix artistique à part peut-être sur « Allumez les briquets ». Mais je n’ai pas eu de réflexion particulière concernant un featuring. Une collaboration c’est avant tout quelque chose de naturel. Il n’y avait pas d’occasion et je ne me suis pas posé la question.

Que penses-tu du rap français actuel du coup ?

Je trouve que le mouvement se porte assez bien contrairement à ce que j’entends autour de moi. Il est très dynamique. On a bien sur les têtes d’affiches qui sont toujours là. Mais il y a aussi des nouveaux venus sur la scène tels que Niro ou Kaaris.  Le rap français se porte bien. Il y a du renouvellement avec les anciens qui sont encore très productifs. Quand j’allume la radio, j’entends du bon rap français.

Tu es porteur d’une association qui s’appelle « Destination réussite » en Guadeloupe. Qu’en est-il du projet aujourd’hui ?

Je suis très content que tu me poses cette question. C’est très rare qu’on en parle en France mais je continue mon action bénévole. L’association « Destination réussite » dont je suis président, existe depuis plus de 4 ans désormais. On continue à organiser des rencontres entre des chefs d’entreprise et des jeunes de l’île pour essayer de créer du lien social et une émulation pour pouvoir intégrer les jeunes professionnellement et socialement.

Un dernier mot pour Alohanews ?

Merci pour cette interview intéressante. Gros big up à tous les internautes !

Propos recueillis par Nikita Imambajev