Glock. Shit. Coke. Biff. Au premier abord, on pourrait croire que PNL n’est qu’une énième paraphrase des clichés du rap français. Cependant, il n’en est rien. En sortant leur projet QLF (Que La Famille), le duo Ademo et N.O.S a pris à revers tous les auditeurs de rap français. Comprenez nos émotions.

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Premier missile du nom de « QLF » envoyé le 2 mars 2015, le groupe PNL (Peace & Lovés) s’apprête à sortir leur second projet du four. Alors que QLF, projet vendu sous le manteau de 12 titres, est actuellement le printemps des auditeurs, le prochain album « Le monde chico » est déjà prévu pour la rentrée. Inspiré par Tony Montana, référence des rappeurs par excellence, PNL est un ovni « racailleusement » mélancolique. Les deux rappeurs, originaires de Corbeil-Essonnes, se distinguent pourtant du lot par la sublimation des stéréotypes. PNL c’est la rue, la drogue, l’argent et des amazones qui ne font jamais les timides. Bref, un bouquet de clichés rapologiques téléphonés. Sauf qu’avec PNL, ce n’est pas pareil, c’est une autre couche de peinture. Des mesures autotunées sur des boucles minimalistes et des onomatopées addictives tout droit sorties des dessins animés raisonnent directement dans le système nerveux. Lorsque tu te mets à chantonner « Ounga, ounga, ounga ouais » après avoir écouté le morceau « Le monde ou rien », c’est que c’est déjà trop tard. T’es dans la bulle PNL.

PNL, c’est la magie artistique. Lorsqu’une simple phrase pose les valises dans ton crâne et se fraie une place devant tes problèmes journaliers, c’est que le produit est bon, magnétisant. QLF, leur premier projet expérimental, dégage une couleur encore inconnue du rap français. Les influences outre-Atlantique sont indéniables. Une espèce de mélange aux teintes d’un côté thug de Lil’ Durk à la lenteur d’un Yung Lean en passant par l’atmosphère évanescente d’un PartyNextDoor. C’est un peu ça PNL. Cette esthétique musicale nouvelle s’apparente à une alternative face à l’envahissante trap française mimétique qui ne cesse de tourner en rond.

À vrai dire, les phrasés des deux acolytes me rappellent un salon littéraire…du 21e siècle où les survet’s sont acceptés. Les morceaux décomplexés font l’apologie de la drogue dans sa forme allusive. Une allégorie pour parler de leurs errances, de l’ennui et des soirées entre potos. PNL propose un récit rêveur, mais modeste, brut de décoffrage, une évasion de la monotonie du quotidien à en déplaire à l’intelligentsia bourgeoise qui peine à saisir les codes du rap français. Non, mais allo ?

 

 

À s’en référer aux visages familiers dans les clips, le groupe valorise le cocon familial représenté par leur entourage. Paradoxalement, l’auditoire se retrouve dans cet air intimiste et se remémore ses propres souvenirs, un peu comme par analogie. C’est sans doute ce sentiment de « déjà vu » loin de l’univers imbu et égocentrique du rapgame qui séduit les oreilles. Sans oublier la qualité des clips du réalisateur « Kaméraméha » pour l’instant sous le couvert de l’anonymat. Trois extraits de « Le Monde chico » sont déjà lâchés dans la nature. Le dernier clip en date, « Je suis PNL » confirme leur aspiration : « Il me faut mon soleil mes tartines et mon Nutella » fredonne Ademo. Pendant que certains osent la comparaison au légendaire groupe « Lunatic », la nouvelle sensation fait unanimité auprès des amateurs et marque son territoire dans la savane. En ce qui me concerne, je suis conquis. Je suis PNL.

 

Imambajev Nikita