Je suis née en 1991 et lorsque j’étais à l’école maternelle, nous n’étions que deux dans la classe à avoir des parents divorcés. Petit à petit, la tendance s’est inversée et nous avons formé une généralité. Selon plusieurs pédopsychiatres, les conséquences sur les enfants seraient importantes une fois arrivés à l’âge adulte. Et si, plutôt que de le vivre difficilement, cela nous avait appris à aimer plus fort ?

Nous ne sommes ni faibles ni fragiles. Nous avons développé une nouvelle sensibilité. Nous avons appris à chérir ce que nous avions, car nous savons que rien n’est jamais définitivement acquis. Très tôt, nous avons dû nous partager entre deux foyers. Nous avons dû grandir plus vite que la moyenne et nous sommes rapidement devenus matures. Cela n’est ni une force ni une faiblesse, mais ça nous a aidés à devenir les adultes que nous sommes.

Nous sommes des guerriers de l’amour. Nous savons que rien n’est immuable et qu’il faut prendre soin de ceux que l’on aime. Nous aimons d’autant plus fort que nous savons qu’une personne est libre de rester ou de partir. Nous savons que la bataille n’est jamais gagnée et qu’il faut donner de soi pour remporter la victoire.

Nous avons appris à réparer plutôt qu’à jeter. Nous ne voulons pas appliquer les codes de notre société de consommation à notre vie personnelle. Nous ne sommes pas adeptes des relations low cost. Nous voulons du concret, de l’engagement et du vrai.

Plutôt que d’en garder une blessure ou un traumatisme, nous en avons fait une force. Nous savons ce que nous voulons. Nous ne voulons pas du jeu du chat et de la souris. Nous n’avons pas le temps pour ces bêtises futiles, car nous savons que l’amour est tout sauf un jeu superficiel auquel on joue par manque d’intérêt ou par ennui.

Nous avons appris la prudence. Cela ne signifie pas que nous ne faisons aucune erreur, mais plutôt que nous sélectionnons avec soin les personnes à qui nous ouvrons notre cœur. Celui-ci est un joyau que nous nous devons de protéger et que nous ne pouvons nous permettre d’ouvrir à notre guise à qui serait vaguement intéressé.

Nous croyons en l’amour avec plus de lucidité. Nous sommes persuadés qu’il existe, mais nous savons que cela prend du temps. Nous vous donnerons peut-être l’impression d’y consacrer beaucoup d’énergie (et ce ne sera sans doute pas qu’une impression), mais nous avons constaté les effets négatifs que l’amour pouvait engendrer et nous ne voulons pas reproduire les mêmes erreurs.

Loin d’être un traumatisme, cela nous a renforcés dans nos sélections. Nous voulons davantage que des mots doux, des paroles réconfortantes ou des belles promesses sans avenir. Nous voulons des preuves. Nous voulons des relations honnêtes et vraies.

Nous avons pris le temps de nous développer et nous savons qui nous sommes. De par ce fait, nous avons pris le temps également d’affiner nos critères. Nous cherchons un partenaire de vie qui soit dans le concret et pas quelqu’un à exhiber pour faire croire à une vie parfaite. Nous n’avons pas besoin d’une personne pour égayer nos dimanches soirs pluvieux, car nous avons appris à nous occuper seuls.

Bien que chacun soit différent, nous sommes certains de vouloir une autre vie pour nos enfants ; c’est pourquoi nous ne prenons pas les choses à la légère. Nous sommes exigeants et certainement trop souvent vous nous trouverez bien difficiles. Nous savons qu’il y aura des moments de doutes et de vagues, car la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Nous le savons et nous y sommes préparés.

Nos parents nous ont transmis un message et nous les remercions pour cela. Ils ont tiré des leçons de leurs erreurs et nous aussi. Nous ne jugeons pas leurs décisions et leurs fautes, car nous en avons fait et nous en ferons également.

Rien n’est grave. Tout s’apprend et se transforme. La vie, c’est « prendre le citron le plus acide pour en faire quelque chose qui ressemble à de la limonade ».

Alexia Zampunieris