En allumant mon téléviseur, j’ai pu voir sur le plateau de Laurent Ruquier d’On n’est pas couché l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi accompagné du présentateur vedette du JT du 20 h, David Pujadas pour la sortie de son dernier ouvrage, « Agissons avant qu’il ne soit trop tard ». Hassen Chalghoumi est de loin l’imam le plus présent médiatiquement. Qui représente-t-il ? La communauté musulmane ou lui-même ?

Hassen Chalghoumi ne s’est pas imposé, mais a été imposé comme imam de Drancy par Jean-Christophe Lagarde, maire centriste de cette ville. Arrivé en 1996 en France de Tunisie, il devient président d’une association, qui, comme par hasard, devient l’interlocutrice privilégiée du maire.Chalghoumi est l’imam pressenti. Le maire financera la construction de la mosquée et nommera l’éminent Hassen Chalghoumi comme imam.

93 ! Représente…

Sa représentativité et la place médiatique qu’il occupe sont inversement proportionnelles. Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) l’explique très bien dans le site du  Nouvel Observateur :  « l’imam Chalghoumi renforce malgré lui les préjugés sur les musulmans ». « Le message qui est envoyé au public c’est qu’un imam modéré est rejeté par ses coreligionnaires qui sont donc, dans leur majorité, extrémistes. La mise en scène de Chalghoumi, loin de combattre le préjugé d’un islam radical et intolérant, le conforte puissamment ». Au sujet de la représentativité, il explique « Il n’est en rien représentatif des musulmans. Ce sont les médias et quelques responsables politiques qui le désignent comme tel. D’où un grand malaise provoquant un rejet, les musulmans refusant de se voir assigner par des non-musulmans un représentant qu’ils n’acceptent pas ». Il ajoute, « Si Chalghoumi est rejeté, ce n’est pas parce qu’il est modéré, comme certains veulent le faire croire, mais parce qu’il est illégitime. Il est désigné représentant d’une communauté par ceux qui n’y appartiennent pas ».

Comment peut-il se targuer de représenter la communauté musulmane quand ce dernier ne participe pas au travail associatif qui lui est incombé ? Le prêtre Jean Courtaudière, délégué du dialogue avec l’islam au diocèse de Seine-Saint-Denis clame que  « l’imam de Drancy n’œuvre pas avec les autres communautés musulmanes du département. Dans ces conditions, l’Église s’impose la prudence, car on ne peut pas soutenir quelqu’un qui ne travaille pas avec la communauté musulmane ».

J’accuse

Je le condamne, car il installe des caméras dans sa mosquée. Je le condamne, car il ne laisse pas rentrer certains fidèles qui ne se sont pas pliés à ses désirs. (Ces fidèles apparaissent dans le documentaire ‘Les réseaux de l’extrême’ de Caroline Fourest comme des personnes ultrapolitisées et violentes supportant le Hamas). Je le condamne, car lorsqu’il va en Israël pendant l’Opération Pilier Défense, il n’a pas le courage de condamner l’agression israélienne commise sur Gaza. Je le condamne parce qu’il se plie au bon vouloir du CRIF qui le voit comme l’arabe de service, car ne sera pas critique envers leur soutien inconditionnel envers la politique d’Israël. Je le condamne, car il résout ce conflit à un conflit religieux. Si l’occupation des territoires palestiniens a un caractère religieux, qu’on me l’explique. J’ai en tête la phrase du célèbre prêtre sud-africain, Desmond Tutu connu pour son combat de l’Apartheid aux côtés de Nelson Mandela: « Si vous êtes neutre face à une injustice, vous avez choisi le camp de l’oppresseur ».

Lorsqu’il va se rendre chez la famille d’un des soldats tués par Mohamed Merah (accompagné des caméras), je ne peux que saluer sa démarche, mais était-ce sincère ou juste de la communication ? Il ne veut pas qu’il y ait des imams de l’étranger qui viennent en France. A-t-il oublié qu’il était Tunisien ? Qu’il montre l’exemple et qu’il laisse place aux musulmans de France qui connaissent les réalités de leur pays.

 Son islam de France rime avec un islam de servitude. Je ne veux pas de cet islam à genou amputé de certains de ses principes. Est-ce possible d’appliquer sa religion scrupuleusement sans qu’on nous associe à des djihadistes violents tirant au ciel ? Alors oui, son discours était correct lors de l’émission. Cependant, il a plus desservi à sa communauté qu’il en a été utile. Il se dit représentatif et être détesté d’une minorité excitée, je serai curieux de faire un sondage sur le nombre de musulmans qui se reconnaissent en lui. Arrêtons ce cinéma qui ne fait envier personne. Malheureusement, la seule lumière qui illumine cet homme est celle des projecteurs.

 

Mouâd Salhi