Dans moins d’un mois, j’aurai 30 ans. D’après mon entourage, c’est un anniversaire important. Il faudra le fêter en grande pompe. Pourtant, de mon côté, ce ne sont pas les festivités qui m’occupent l’esprit. L’approche de cet anniversaire m’a plutôt poussée à faire le bilan de ma vie, de là où j’en suis…

J’ai toujours pensé que « 30 ans » devrait être l’âge de l’épanouissement, l’âge où l’on s’est trouvé, où l’on sait qui l’on est et où notre vie est celle dont on a toujours rêvé. Quelle désillusion de voir où j’en suis à quelques jours de mes 30 ans. Honnêtement, je suis à une période de ma vie qui ressemble davantage à l’adolescence qu’à l’épanouissement. Ces deux dernières années, plusieurs évènements m’ont fait perdre mes repères et m’ont fait tout remettre en question. Je me retrouve, à presque 30 ans, telle une adolescente qui se noie dans les innombrables influences différentes qui l’entourent, et qui galère à façonner son identité. Je me rends compte que je ne sais pas qui je suis au fond de moi. Je ne sais pas non plus ce que je veux être ni ce que je veux faire de ma vie.

Jusqu’à maintenant, j’ai vécu plutôt sereinement, en devenant tout simplement ce que l’on attendait de moi. J’étais une personne tranquille, qui ne faisait généralement pas de vague. Je m’efforçais de satisfaire mes parents, ma famille, mes professeurs, mon employeur, mes collègues, mes amis. Je me suis construite une identité en intégrant le rôle que mon entourage et la société m’assignaient. Mais je ne m’étais jamais demandé si la personne que je suis devenue correspond à qui je suis au plus profond de moi.

Il s’avère que depuis un peu plus d’un an, je ressens le besoin de me trouver, et de réussir à assumer qui je veux réellement être. Mais quelle tâche compliquée de se découvrir, de s’écouter et de penser avant tout à soi, en particulier lorsqu’on a toujours agi en fonction de ce que les autres attendaient de nous.

Pour commencer à me découvrir, j’ai eu besoin de changer de look. Je me suis coupée les cheveux très courts, je les ai colorés en rouge, puis en bleu. Et maintenant, j’ai décidé de les laisser au naturel, sans plus les couper pendant quelque temps. J’ai aussi acheté toutes sortes de vêtements, avec des styles bien différents en fonction de mon humeur du moment. Il n’y avait finalement aucune cohérence entre tous mes changements de look. Et je pense que je n’ai toujours pas trouvé le style qui me correspond vraiment. Mais faut-il finalement correspondre à un style ? Je finis par me demander si la meilleure solution n’est pas d’acheter les vêtements qui me plaisent, ou de faire la coupe de cheveux avec laquelle je suis le plus à l’aise, peu importe le style auquel cela correspond. Sans prise de tête. C’est sans doute ça « être soi-même » : créer mon propre style en assemblant les vêtements, accessoires, etc. qui font mon bonheur.

Pour comprendre ce dont j’avais vraiment besoin dans la vie pour être heureuse, j’ai aussi tenté différents modes de vie. J’ai (trop ?) fait la fête pendant quelques semaines : boîtes de nuit, sorties entre amis, etc. C’était chouette et ça m’a fait du bien. Mais j’ai également ressenti un profond besoin de solitude et de calme. J’ai donc enchainé avec une période de tranquillité où je profitais de mon temps libre pour être seule chez moi, en tête à tête avec moi-même. Et c’est sans aucun doute cette période qui m’a fait le plus de bien. J’ai donc compris que ma vie devait principalement s’axer autour des moments de calme et de solitude, tout en incluant de temps en temps des moments plus festifs.

Ce besoin de solitude et de calme est encore difficile à assumer pour moi, car cela semble très peu valorisé dans mon entourage. En effet, être quelqu’un de sage et calme, qui – soi-disant – ne profite pas assez de la vie, ce n’est pas vu comme une qualité. Et c’est là ma plus grosse difficulté : réussir à assumer ce que je suis et ce dont j’ai besoin, alors que cela ne correspond pas à ce qu’on attend de moi.

Un autre point que j’ai du mal à assumer, c’est ma personnalité sensible et parfois assez timide. C’est encore une fois des traits de personnalité qui sont très peu valorisés dans notre société. Il est plutôt bien vu d’avoir du caractère, d’être fort et extraverti. Par contre, quelqu’un de sensible qui pleure pour tout et pour rien, et qui est également assez introverti, ça ne fait rêver personne.

Ma sensibilité, j’ai appris à l’accepter et à vivre avec, même si c’est parfois handicapant dans certaines situations. Mais j’ai toujours en moi cette profonde envie d’être davantage extravertie et d’oser aller plus vers les autres. Et malgré mes efforts pour y parvenir, je me retrouve face à des murs infranchissables, car ce trait de caractère qu’est l’introversion semble faire partie de moi. Je dois réussir à l’accepter et à le revendiquer comme une qualité. Mais je suis encore trop imprégnée par ce qui est valorisé ou non dans la société. Difficile dans ce cas-là de m’assumer pleinement, et de m’aimer telle que je suis.

Il y aurait encore tellement de sujets à aborder pour faire le bilan complet de mon cheminement actuel : la difficulté d’accepter mon corps tel qu’il est, la difficulté de rester fidèle à mes valeurs quand mon entourage et la société me poussent à faire autrement, la difficulté de faire des choix conscients et en accord avec qui je suis, la difficulté d’assumer ma manière d’être et de penser tout en sachant que certaines personnes sont en désaccord avec moi, etc.

Le cheminement pour passer au-delà de ces différentes difficultés et réussir à être pleinement soi-même est long, et je suis encore très loin du but. Mais j’ai compris une chose importante : chaque être humain est différent (look, personnalité, envies, besoins, etc.), ce qui fait que nous ne pourrons jamais plaire à tout le monde. Dans ce cas, efforçons-nous de plaire à la seule personne qui nous accompagnera durant toute notre vie : c’est-à-dire NOUS-MÊMES. Prenons le temps de nous connaître, sans apriori, et sans jugement. Acceptons ce que nous découvrons de nous, et assumons, qui nous sommes. Faisons en sorte que nos choix correspondent à ce dont nous avons vraiment envie, et non pas ce que les autres attendent de nous. Soyons indulgents envers nous même si nous n’entrons pas dans le moule que la société nous impose. Je suis persuadée que nous avons tous quelque chose à apporter à ce monde, en étant simplement nous-mêmes, sinon nous n’existerions pas tels que nous sommes.

Qui sait, peut-être que ce cheminement qui nous ramène à soi dure toute la vie ? Mais les bénéfices de la découverte de son être se ressentent tous les jours. Ce voyage en vaut la peine !

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