« Ce type est à la une de tous les hebdos politiques et de divertissements. 200.000 personnes sont même venues l’acclamer à Berlin. Et quelle expérience a-t-il ? Un type qui n’a pas encore fait ses preuves est devenu la plus grande célébrité du monde. Ce qu’il faut faire, c’est poser au peuple américain une seule et unique question : est-ce que vous voulez faire d’un homme d’État votre prochain président ou bien vous voulez une vedette? ».

Voilà ce que proposait comme message le conseiller personnel de John McCain dans Game Change, le téléfilm de Jay Roach retraçant la campagne présidentielle du duo John McCain-Sarah Palin en 2008. Selon moi, une vedette est faite pour le cinéma ou le théâtre. C’est le genre de personne qui a l’éloquence pour animer des réceptions mondaines comme celle où Obama avait brocardé le milliardaire Donald Trump devant une foule hilare. Ce dernier s’était permis de douter de la légitimité du passeport de l’actuel président.

Depuis qu’il est au poste, ce président a promis la lune à ses électeurs. Mais comme dit le Time Magazine : « l’humilité ne vient pas facilement à ceux qui décident qu’ils sont assez qualifiés pour diriger le monde libre. » Obama subit revers sur revers depuis quelque temps, cela concerne la lutte contre la crise financière avec la règle Volcker ou la lutte contre le port d’arme. En effet, il n’a pas compris qu’un politicien qui veut aller loin aux USA ne doit jamais toucher à ce second sacro-saint amendement de la Constitution américaine. Sa plus grande victoire à ce jour demeurait la réforme santé, surnommée de manière péjorative Obamacare. Mais cette loi, validée l’an dernier par le président de la Cour Suprême, est de plus en plus contestée, à l’instar de son principal défenseur. En effet, Obama a failli en ne dévoilant pas l’entière vérité quand il a promis aux gens que l’Obamacare ne les toucherait pas sans permission : « si vous aimez votre plan sur les soins de santé actuel, vous pourrez le garder ». C’était faux.

Aujourd’hui, la confiance accordée au gouvernement fédéral est à son point le plus bas. Même les Républicains n’avaient pas une côte aussi basse durant le Shutdown du gouvernement en octobre dernier. Pour la première fois depuis le début de son premier mandat, la côte de popularité de Barack Obama descend non seulement pour ses performances, mais aussi pour sa crédibilité personnelle qui fait donc face à une désapprobation naissante de la part du peuple américain. Il semble de plus en plus probable que les gens aient approuvé et l’aient laissé mener des politiques impopulaires et absurdes simplement, car ils appréciaient l’homme en lui-même.

Depuis quelques semaines, des affiches et pancartes ont été aperçues mentionnant les mots « Barack Hussein Bush ». Et tout le monde sait que le dernier locataire républicain de la Maison-Blanche ne fut pas le meilleur à ce poste, il fut surtout bon à être un fils à papa. Tout cela n’est donc pas très flatteur pour un Obama en manque de confiance. Les quiproquos provoqués par sa réforme santé, dont le site internet fonctionne à peine, se sont donc confirmés dans les sondages. En effet, 55 % des Américains désapprouvent désormais sa manière de diriger. Les Républicains firent des pieds et des mains pour annuler cette réforme santé voici quelques semaines. On remarque aujourd’hui qu’il y avait bien une raison de la part des conservateurs qui n’ont jamais cessé de se positionner comme pro-austérités. Car cette réforme santé coûte très cher aux classes moyennes à une époque où le pays renoue seulement avec la croissance.

Les citoyens américains commencent désormais à douter à propos de l’honnêteté de leur leader. En janvier 2009, Barack Obama est entré dans l’histoire pour ce qu’il représentait, ce qu’il était. Mais le premier président américain noir devra revoir sa politique s’il veut quitter le Bureau Ovale en rentrant cette fois dans l’histoire pour ce qu’il a fait et ce qu’il a réussi… et plus seulement pour ce qu’il était.

Jérémy Libersens