Depuis quelque temps déjà « le vivre ensemble » semble être devenu une marque. Mais même s’il commençait à être vidé de son sens, il n’avait pas pris encore les « dérives » qu’on lui connait. Jusqu’à présent, j’avais l’impression qu’il servait de « mot-valise » qu’on utilisait sans trop savoir ; tantôt par des organisations qui essaient de recevoir l’une ou l’autre subvention de l’État, tantôt par des acteurs sociaux ou des politiques peu au courant de la réalité qu’implique ce combat du « vivre ensemble ».

Car oui, c’est un combat ! Vivre avec « l’autre » nous impose une réflexion sur la manière dont nous vivons. Comment est-ce que je vis avec l’autre ? Comment l’autre vit avec moi ? Quel combat dois-je mener pour pouvoir rendre cette vie en communauté plus agréable ? Quels sont les sacrifices que je dois faire et j’en passe.

Pour ce vivre ensemble nous devons TOUS retrousser nos manches. Tous oui, tous ! Depuis quelque temps, il me semble que c’est toujours aux mêmes qu’on demande de faire l’effort. Si certains demandent (en vrai ils imposent) à d’autres – qui sont souvent les plus faibles économiquement, socialement, etc. – d’apprendre à vivre avec l’autre, nous ne sommes plus dans une dynamique du vivre ensemble, mais bien dans une tentative d’assujettissement à une culture dominante. Le vivre ensemble impose un travail collectif, entre tous les acteurs de la société. Partant de dénominateurs communs, les individus s’efforcent de trouver les valeurs communes sur lesquelles ils veulent bâtir une société forte. Il ne s’agit en aucun cas d’adaptation d’une partie des citoyens. Il s’agit surtout de faire comprendre à une certaine partie de la population que l’Europe a évolué, l’Europe a changé. Elle est aujourd’hui plus colorée, plus métissée. Aujourd’hui, on peut-être noir(e) ou jaune, musulman(e) ou athée(e), s’appeler Tchang ou Nicolas et être tout autant citoyen européen.

Vivre ensemble ce n’est pas seulement faire des efforts pour essayer de trouver un dénominateur commun avec celui qui est différent. C’est surtout, avant tout, réapprendre à vivre avec des gens avec lesquels nous avons le plus de points communs. Trop souvent, c’est avec ceux qui nous ressemblent le plus que nous n’arrivons même pas à dialoguer. Alors, vivre avec eux, n’en parlons même pas.

Vivre ensemble c’est aussi savoir vivre avec l’autre genre. Dans une société machiste et misogyne, les femmes n’ont malheureusement pas droit à la parole (ou pas assez), sont sous-représentées. Un des combats consiste aussi à trouver le moyen de rendre cet équilibre réel, de passer d’une société patriarcale vers une société mixte. Comment faire ? Je ne sais pas ! Mais peut-être commencer par sortir de sa zone de confort, se questionner, se rendre compte de la place que nous occupons au sein de cette société. Ensuite, essayer de se changer. Pas son voisin. La révolution commence par soi-même.

Ridouan BENAYAD