Ecrit en 1998 par Joana Raspall, le poème « Podries » fait écho quasiment vingt années plus tard. L’auteur de la prose parle de la nécessité d’ouvrir les bras aux réfugiés des Balkans lors de la guerre de Yougoslavie. Le poème a récemment été repris et mis en musique par l’artiste catalan Joan Dausà (vidéo plus bas). Nous avons traduit « Podries », ce poème catalan – toujours d’actualité – qui redonne foi en l’humanité. 

Tu pourrais

 

Joana Raspall, 1998

 

Si tu étais né sur une autre terre,

tu pourrais être blanc, tu pourrais être noir…

 

Dans un autre pays, dans une autre maison,

tu dirais « oui » dans une autre langue.

 

Tu aurais grandi différemment

mieux, peut-être ; peut-être, pire.

 

Tu serais plus chanceux ou peut-être moins…

 

Tu aurais des amis et des jouets différents ;

 

Tu porterais des robes en toile ou en soie,

des chaussures en cuir ou de rêches espadrilles,

ou tu marcherais pieds nus perdu dans la jungle.

 

Tu pourrais lire des contes et des poèmes,

ou n’avoir ni livre ni notion de l’alphabet.

 

Tu pourrais manger des sucreries

ou des croutes séchées de pain noir.

 

Tu pourrais… Tu pourrais…

 

Pour toutes ces raisons, rappelle-toi qu’il faut garder les bras grands ouverts

et aider celui qui arrive, qui fuit la guerre, qui fuit la douleur et la pauvreté.

 

Si tu étais né sur sa terre, 

Sa tristesse pourrait être la tienne. 

Traduction par Danae COQUELET