Parfois, je suis tel un sourd muet qui rit aux éclats. Parfois je ne m’entends pas. Ni les maux que je cause. Pardonnez moi, et si on repartait de zéro ?

Une tasse de café à l’aube, je suis ambitieux mais rarement à l’heure,

Obstiné à chercher la route vers soi en pensant à l’autre.

L’amour crée la distance, quelle drôle de contradiction.

On s’aime mais on s’éloigne, est-ce la pudeur ou par peur d’addiction ?

Mais c’est comme ça, mes déclarations d’amour à caractère isolé, sont une flamme qui se consume loin des regards, enfouis dans un lieu secret.

Je dois dire que cette manie fait sûrement état d’un schéma que m’a transmis ma mère : estimer les personnes en silence et se déchirer sur la place publique. Les sentiments ? Je les répudie. Ma mère ?  Un seul être qui en fait pour dix. Je la respecte, mais je reste bête car au lieu de la chérir, je m’étourdis. Toutefois, loin de moi l’idée qu’un jour de triste destin nous sépare. Que mes nuits deviennent hantées par tous ces non-dits qu’elle ne sait pas. Oui ! Elle ignore un tas de choses de son gosse. Elle les ressent mais fait mine de rien. Tout comme moi qui me contente d’un simple « oui mon fils tout va bien ».

Mais maman, même si tu te lèves du pied gauche, laisse moi y voir en dessous. Je t’en prie.

J’avais le t-shirt mouillé, par la chaleur du bled, petit je ne sentais pas les carences. Je ressens encore des douleurs profondes à l’image de ma mère portant le foulard à la mémoire de mes grands parents. Vous savez, ce sont mon âme et mes déboires qui font pleuvoir mes proses. Je suis comme un bloc de glace inexpressif qui fait parler de lui les lèvres closes.

Plus je donne du mien plus je déçois car trop de cœur tue le cœur, j’offre l’amour sans accessoires. Parfois je retourne sur mes pas, j’observe mes empreintes sur les autres. Je pardonne dans l’espoir que le ciel m’épargne et fasse table rase de mes fautes. Mais plus je m’emporte plus je perds de la valeur, aspire au repenti avant que je me tire ailleurs. Oui. J’ai la paix pour maître mais l’élève que je suis est tirailleur. Non. Je dirais plutôt que je suis comme un aveugle tendant vers la lumière que la foi lui dessine. Je reste là immobile, avare de signes. Avec le temps, mes égarements continuent mais augmentent de grade. Je me rends compte que plus je grandis, plus les gifles de ma mère me manquent grave.

Mais maman, même si tu te lèves du pied gauche laisse moi y voir en dessous. Je t’en prie.

Ce qui me sauvera ? L’ouverture vers d’autres horizons, le partage en guise de vertu et des bonnes actions fleuriront. Mais le mal devient banal, les coups bas de proches récidivent. L’Homme vit d’éternelles contradictions, tu peux le voir parfois même dans ce que mes récits racontent. La suite est mystique pour ne plus craindre, je sais, tu cherches un tas d’amis. Des frères qui te suivront pour te tuer comme Khadafi. Je suis souvent frustré, mais rusé pour croire n’importe qui n’importe quoi. Je vois la vie en roses à épines qui portent la poisse.

Derrière mes yeux de nouveau-né se cachaient déjà de futurs regrets, des futurs frères avec qui mes futurs délires je ferais. Puis, le temps passe, on grandit en même temps que nos douleurs. On vient d’où leurs armes nous en font voir de toutes les couleurs.

A l’aube des conflits, j’ai vécu 10 ans dans mon bled. En attendant que nos rêves s’accomplissent, on vit en dissipant nos plaies. Ma plume saigne et voyage en urgence entre ces lignes. Mon bonheur est analphabète, il n’y a que la souffrance que je sais lire. Petit à petit, on s’aperçoit que toutes ces valeurs changent. On rêve parmi ces étoiles qui brillent quand ça leur chante. Ensuite on grandit. On divorce peu à peu de nos rêves. On prétend croire en l’espoir car c’est tout ce qu’il nous reste.

On s’afflige, mais on se forge dans les combats que l’on mène. Sans rien dire on se blesse car nos gestes parlent d’eux-mêmes. C’est un peu comme une salle de ciné, petit à petit, nos cœurs d’espoir se vident. Les plaintes fusent, les sourires se dissipent mais les spasmes font vivre. Les rides de ma mère me racontent son histoire, ses victoires, supportent les larmes abondantes quand son fils foire. Excuse-moi, Maman. Je suffoque mais grâce à toi je respire plus qu’avant. Tu sais.

Je voudrais voler, voler comme un papillon et piquer, piquer comme une abeille. Je voudrais voir des choses par millions mais la peur me parraine. Je suis perdu. Oui. Perdu au milieu des rêves avant que Dieu accepte mes louanges. Autrefois j’étais plongé dans l’éphémère comme une poignée d’eau dans la fontaine de jouvence. Les jours, les jours se succèdent et assagissent nos blessures. Je suis venu riche en rêves, je partirai en manque de blé, c’est sûr.

La force divine est comme une lumière sans obscurité. Sa clarté sans contraste contracte notre surdité. Sol invictus.

Imambajev Nikita