L’Amérique et le monde entier retenaient leur souffle ce mercredi matin lors de l’annonce du 45e président des États-Unis. Ce fut, contrairement aux prédictions et aux divers sondages, le milliardaire Donald Trump qui fut élu pour occuper le fauteuil le plus prisé, celui de la Maison-Blanche. Sa victoire fut reçue comme une douche froide pour beaucoup de citoyens américains, mais aussi aux quatre coins de la planète de manière générale parce qu’elle ouvre une période d’incertitude.

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Comme des millions de personnes à travers le monde, j’étais suspendue à ce dépouillement ; un peu par curiosité de spectatrice devant un feuilleton politique palpitant, mais surtout parce que ces élections allaient déterminer notre avenir à tous. Je me suis amusée de constater qu’un torrent de réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux – auquel j’ai moi-même participé- s’est immédiatement déclenché à la suite de sa nomination. Cette effervescence illustre à quel point cette élection américaine est devenue un psychodrame planétaire.

Je pense pouvoir affirmer sans trop de retenue que ce fut la campagne électorale la plus pitoyable des États-Unis; une campagne électorale marquée par les outrances, les scandales, les obscénités; une campagne électorale menée par les deux candidats les plus impopulaires de toute l’histoire des États-Unis; une campagne électorale qui surtout, a fait apparaitre la démocratie sous son aspect le plus effroyable. Nous en sommes donc loin du torrent d’admiration qu’avait suscitée l’élection d’Obama en 2008. À l’époque, le monde entier avait de l’admiration pour le peuple américain et son système politique capable de gérer sa diversité ethnique et de la mettre en valeur. Bien que cette euphorie laissa tout de même place au désenchantement face aux innombrables promesses non tenues…

Je ne veux pas m’attarder sur le programme politique plutôt inquiétant de Trump, car celui-ci mériterait une analyse en profondeur. D’ailleurs, je n’avais aucune admiration pour Madame Clinton et encore moins de respect pour ses antécédents politiques, mais soulignons simplement que Trump est isolationniste, ultra-conservateur, anti-immigration, misogyne, climato-sceptique et puis sans omettre de souligner qu’il est novice en politique. Car oui, Trump a ce mérite aujourd’hui d’être à la tête d’une des plus grandes puissances du monde sans avoir de précédents en politique. Le nouveau chef de l’État américain est donc un anti-héros, un BadMan. Ce qui m’amène à me questionner sur la légitimité de son élection et sur le rôle global des États-Unis. Légitimité que je définirai comme ce qui permet aux peuples d’accepter l’autorité d’une institution, considérée comme porteuse de valeurs communes.

Il semblerait que si le monde entier ne pouvait détourner les yeux de cette élection américaine c’est parce que les États-Unis sont un pays dont les orientations déterminent dans une large mesure le sort de la planète. En effet, le choix effectué par les Américains est déterminant pour l’avenir des Asiatiques, des Européens, des Africains et des Latino-Américains. D’ailleurs, lorsque l’on se rend compte que les suffrages des citoyens américains qui représentent 5% de la population mondiale sont plus déterminants que ceux des 95% qu’il reste c’est qu’il y a dans la gestion politique de la planète un dysfonctionnement.

Il n’est sans rappeler que depuis les racines de l’Histoire, certaines nations imposent leur volonté à d’autres, en suivant le même schéma : les puissants décident tandis que les opprimés subissent. Les Empires d’autrefois étaient vastes et puissants, certes, mais leur emprise sur le monde demeurait faible, car ils ne pouvaient avoir de contrôle réel en dehors de leur métropole. Mais aujourd’hui, la réalité est tout autre. Vous pouvez déclencher une guerre, tuer des innocents, incendier des villes entières, et ce, à des milliers de kilomètres sans même bouger de votre place.

Pour que le monde fonctionne de manière à peu près harmonieuse, la plupart des peuples devraient avoir à leur tête des dirigeants légitimes. Or aujourd’hui c’est pratiquement l’inverse qui se produit. Nous en sommes loin des scrutins honnêtes, des dirigeants issus d’une descendance respectée, des révolutionnaires aguichants, des faiseurs d’un miracle économique…

La publicité nous a appris que nous pouvions devenir « scandaleusement riches ». La politique contemporaine nous apprend aujourd’hui que nous pouvons devenir scandaleusement président d’une des plus grandes puissances du monde.

Chaïmae OUARET