Le 15 février 2011, le peuple libyen décide de s’allier afin de dénoncer le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi. Le début d’une guerre civile s’annonce, alimenté d’une envie de liberté immesurable. Quelques années plus tard, l’instabilité politique laisse place à une insécurité dépassant les frontières.

Séduits par l’odeur de la révolution du Jasmin en Tunisie, plusieurs pays arabes sous régime autoritaire décident de manifester leur mécontentement, afin de faire valoir leurs droits. Précédée par l’Égypte, la Libye tente d’unir ses forces pour affronter les milices du président Kadhafi. Le déroulement des évènements laissait croire que le schéma pacifique de la chute du président tunisien Ben Ali se répèterait. L’arrestation de l’activiste Fethi Tarbel le mardi 15 février 2011 a enclenché une colère au sein des différentes tribus libyennes.

Un départ défaillant

Le régime tribal qu’a instauré Kadhafi durant 42 ans est à l’origine de maintes inégalités sociales. La lignée dont il provenait, la Kadhafa, avait l’emprise sur le régime. Celle-ci compte d’ailleurs plus de 125 000 adeptes. Avec un système basé sur des divisions, l’espoir d’arriver à une union était faible. Une seule raison les réunissait, celle d’aspirer à un monde meilleur. C’est ainsi que les injustices se sont multipliées lors de cette guerre civile. Afin d’avoir une mainmise sur les manifestants, Mouammar Kadhafi décide d’interdire les rassemblements, quels qu’ils soient. Le contrôle s’étend jusqu’au blocage de YouTube pour que les citoyens ne soient pas encouragés par ce qui se passe en parallèle en Égypte et en Tunisie.

Le début d’une instabilité

Après 8 mois d’acharnement, la mort du président Kadhafi le 20 octobre 2011, suite à une frappe aérienne de l’OTAN, annonce une victoire ainsi qu’une fin de révolution 3 jours plus tard. Le système tribal est toujours en place et les affrontements continuent entre les différentes ethnies. Chacune défend son droit d’autorité et de prise de pouvoir. La mise à l’écart de représentants ayant exercé sous le régime de Kadhafi ne suffit pas, même si un grand nombre en fût écarté. C’est alors que Abdallah Al-Theni accède au rang du régime, mais démissionne rapidement en août 2014, par faute de ne pas avoir d’autorité et de contrôle sur l’ensemble du pays. Ce dernier souhaite que le nouveau gouvernement puisse être « capable de rétablir la sécurité et bâtir un État de droit ».


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Un refuge pour les djihadistes

L’insécurité et le manque d’influence du régime laissent place à l’État islamique. La Tunisie voit alors des rebelles du pays voisin semer la terreur au sein de leur territoire. Un trafic d’armes et des attaques terroristes se déroulent dans les pays frontaliers. La relève est indirectement passée au chef d’État tunisien afin d’établir un plan d’action pour stopper les milices aux frontières. Un renforcement militaire est mis en place et semble gérer les débordements frontaliers. D’après une étude du Centre tunisien de la recherche et des études sur le terrorisme, 70% des djihadistes seraient passés par des camps d’entraînement libyens.

De l’insécurité à l’inhumanité

Le 11 avril 2017, les premières images tombent : une traite d’humains a lieu dans le sud de la Libye, à Sabha. Les migrants d’origines sénégalaises, guinéennes ou encore gambiennes sont vendus comme esclaves par les passeurs. Après leur avoir demandé une rançon, ils les mettent sur un marché à des prix variant entre 200 et 300 dollars. Les principaux concernés se voient alors travailler sans être payés. Dernièrement l’enquête affirme que des migrants marocains sont également vendus et pris en otage par les trafiquants libyens. Les gouvernements concernés commencent à les rapatrier, alors qu’ils étaient venus pour entreprendre une meilleure vie en Occident. À ce stade, la crise migratoire compte 600 personnes ayant péri lors de passages en mer et 26 886 arrivées en Italie via la Libye. Selon une étude de l’OIM, plus de 1800 personnes auraient perdu la vie depuis le 1er janvier 2017. Quelles conséquences l’instabilité politique va-t-elle encore engendrer ?

Nihel Triki