Plusieurs personnes ont eu la surprise de découvrir un arrêté préfectoral dans leur boîte aux lettres leur empêchant de participer aux rassemblements contre la réforme du Code du travail le 17 mai. Parmi eux, un journaliste. La préfecture de police de Paris a décidé d’interdire à Nnoman, photographe indépendant, membre du collectif OEIL (Our Eye is life) d’exercer son métier.

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Les dérives de l’État d’urgence décrété depuis les attentats du 13 novembre ne sont plus à démontrer. On se souvient tous de l’assignation à résidence de certains militants écologistes la veille de la COP 21. Aujourd’hui, dans le viseur des autorités, ce sont des activistes «antifascistes et anticapitalistes» qui sont sommés de rester chez eux et ne pas occuper la place de la République où se développe le mouvement Nuit Debout. Nnoman, titulaire d’une carte de presse témoigne à travers son fil d’actualité Facebook et déclare : «Samedi soir , 21 h , la police débarque chez ma mère pour me remettre un arrêté de la Préfecture de police m’interdisant de me rendre à la manifestation de mardi 17 mai … Quand la justice retire le droit fondamental de manifester à des militant.es et tente de me fermer les yeux …»

Extrait de l’arrêté visant le journaliste/ BuzzFeed News

L’arrêté en question ne mentionne pas le fait que Nnoman est journaliste. Selon l’arrêté, les raisons de l’interdiction s’expliquent «à de nombreuses reprises, lors de manifestations contre, notamment, les violences policières et le projet de réforme du Code du travail», qui ont dégénéré «en troubles graves à l’ordre public». Allant même jusqu’à insinuer que le photographe indépendant «vise à participer à des actions violentes». Il s’est défendu de ces allégations en précisant que dans les manifestations, les photoreporters sont identifiables par le port d’un casque avec des inscriptions “Press” ou “TV”. Il a confié : « J’ai du mal à croire que c’est une erreur. Peut-être que le fait que je couvre régulièrement des rassemblements “antifascistes” ou que des militants reprennent mes photos montrant des violences policières dérange». Il ajoute : « Aujourd’hui, on a envie de faire taire les images qui peuvent déranger les versions officielles.»

Extrait de l’arrêté visant le journaliste/ BuzzFeed News

NnoMan rend compte des violences policières que ce soit lors des rassemblements contre la loi El-Khomri, contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou dans la jungle de Calais. L’avocat de l’intéressé, Me Hosni Maati a saisi le tribunal administratif pour contester cette décision. Il y voit «une grave atteinte à la liberté de la presse». Selon Buzzfeed France, le tribunal administratif de Paris devra trancher sur plusieurs arrêtés préfectoraux de ce type (dont celui de NnoMan) mardi à 8h45. La rédaction d’Alohanews apporte son plus grand soutien à Nnoman qui effectue un travail de terrain nécessaire.

Mouâd SALHI

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*Crédit photo : Rémi Brémond