Le Franco-Palestinien Salah Hamouri, âgé de 32 ans s’est vu arrêter le 23 août dernier par Tsahal au motif qu’une enquête était ouverte sur son appartenance supposée à une “organisation ennemie”. Six ans après sa libération, l’avocat est de nouveau écroué. Alohanews revient sur cette affaire qui s’apparente à un acharnement judiciaire.  

Le 08 novembre 2009, l’acteur François Cluzet interpelle lors du JT du 13 h Laurent Delahousse ainsi que Jean-François Copé sur le sort du Franco-Palestinien enfermé dans une prison israélienne : “ Vous connaissez Salah Hamouri monsieur Copé ? Salah Hamouri, c’est un Français qui est en prison en Israël pour délit d’opinion. Nicolas Sarkozy a dit qu’il chercherait n’importe quel Français quoiqu’il ait fait, où qu’il soit. Or Salah Hamouri, depuis 4 ans, il est en prison, en Israël.(…)Personne n’en parle ! C’est un Français, on parle d’identité nationale. (…) Vous ne savez pas qui c’est, monsieur Copé non plus.”

Ce coup de gueule cathodique aura permis de mettre la lumière sur un citoyen qui semblait tomber aux oubliettes. Salah Hamouri a été arrêté le 13 mars 2005 pour avoir “l’intention d’assassiner” le rabbin extrémiste Yossef Ovadia. Ce procès d’intention coûtera plusieurs années à ce jeune étudiant en droit. Après une grande mobilisation orchestrée par son comité de soutien, il sera libéré le 18 décembre 2011 à l’occasion d’un échange entre des prisonniers palestiniens et le soldat franco-israélien Gilad Shalit. Ce dernier a été reçu avec les honneurs à l’Elysée le 08 février 2012.

Lors d’une interview accordée à notre média, il regrettait le manque d’implication du gouvernement français sur son cas : “Je crois que mon dossier n’était pas soutenu par le gouvernement français et qu’il était caché au fond d’un tiroir. J’ai senti que je n’ai pas été traité comme un citoyen français à part entière. Nicolas Sarkozy a refusé plusieurs fois de recevoir ma mère, alors qu’il a reçu tous les parents des autres français détenus dans le monde”.

Dossier fantôme

Le 23 août, Salah Hamouri devait être libéré cinq jours plus tard, après s’être fait interroger une vingtaine de minutes au centre de police. Isolé, il apprendra à ses dépens que pour les besoins de l’enquête, il doit être privé de liberté. Le 29 août, il est déféré devant un juge de la cour de Jérusalem qui d’abord, ordonne de le placer en résidence surveillée pour vingt jours, sans qu’aucune des charges ne soit révélée, contenues dans un « dossier secret ». Il lui est également interdit par le magistrat de se rendre à Jérusalem ainsi que de sortir du pays pendant trois mois. Avigdor Liberman, ministre de la Défense donnera l’ordre de le placer en détention administrative : six mois renouvelables au bon vouloir du ministère. Rebondissement, lors de la séance à huis clos, mardi 5 septembre, au tribunal de première instance de Jérusalem, le juge ordonnera qu’il “finisse son ancienne peine”, à savoir trois mois.

 

L’avocate de l’intéressé indique que le juge a justifié « sa décision en expliquant qu’il avait été condamné en 2005 pour sa supposée appartenance au FPLP et qu’aujourd’hui, la Cour le soupçonnait encore pour les mêmes motifs« . Il apparaît clairement que son client est la cible des autorités israéliennes qui veulent que ce dernier quitte définitivement Jérusalem comme l’indique Maître Francis : “Israël n’expulse pas directement ceux qui les dérangent mais s’arrangent pour qu’ils partent”. Rappelons qu’en octobre 2011, Alain Juppé, alors Ministre des Affaires Étrangères affirmait que le dossier judiciaire de Salah Hamouri était vide. Ajoutons à cela, l’interdiction de son épouse, Elsa Lefort de se rendre en Israël pour rejoindre son mari. La jeune maman a été expulsée à son retour en Israël alors qu’elle disposait d’un visa de service.

Les autorités françaises semblent muettes et inertes quant à l’issue de ce dossier. Quel message le président de la République, Emmanuel Macron envoie-t-il en ne prenant clairement pas position pour demander la libération immédiate d’un concitoyen innocent ? Deux autres citoyens français, Mourad Abdullah Abad et Taha Aissaoui croupissent dans les geôles yéménites dans l’indifférence générale.

Les autorités israéliennes ont encore fait parler d’elle comme l’indique l’ONG Palestinian Prisoner’s Society. Elles ont placé 18 Palestiniens en détention administrative. Selon Addameer, une association palestinienne de défense des droits des prisonniers, plus de 6.279 Palestiniens sont enfermés dans les prisons israéliennes, 465 d’entre eux seraient en détention administrative. Concernant Salah Hamouri, le procureur a fait appel de la décision du 5 septembre. La prochaine audience se déroulera mardi 12 septembre, à 9h, à la haute cour israélienne, à Jérusalem.

Mouâd Salhi