Un jeune homme de 19 ans, Pierre-Eliott Zighem est décédé dans un accident la nuit du 31 mai au 1er juin à Tourcoing. Selon la police, les jeunes auraient fui un contrôle de police, après avoir grillé un feu rouge, leur véhicule s’est écrasé contre un arbre. Le conducteur de la voiture est dans un état grave. Le troisième passager a le col du fémur fracturé. S’en sont suivis des affrontements entre les forces de l’ordre et habitants du quartier de la Bourgogne. Une marche silencieuse a été organisée en la mémoire du défunt.

Le quartier de la Bourgogne a été le théâtre d’affrontements entre habitants du quartier et les forces de police. Plus de 150 policiers ont été mobilisés la première nuit suivant l’accident. Un hélicoptère survolait la zone. Certains habitants se sont plaints du bruit qu’il causait. De nombreuses gardes à vue ont été effectuées. Plusieurs voitures ont été incendiées. Des incendies ont également été signalés dans des quartiers de Roubaix et Wattrelos.  La Bourgogne est l’un des quartiers les plus paupérisés de l’Hexagone. Le député-maire de Tourcoing, Gérald Darmanin condamne ces débordements et réclame une « impunité zéro ». Il refuse de corréler les événements nocturnes à l’accident tragique, car «l’accident et les violences n’ont pas eu lieu dans le même quartier».

Une marche blanche a été organisée après la prière mortuaire du jeune tourquennois. Plus de 150 personnes ont défilé pour lui rendre un dernier hommage. Farid Zighem, le père de la victime demande des explications. Sur le parvis de l’hôtel de ville, il s’est exprimé en ces mots : «  On ne sait pas ce qui s’est passé lundi soir. Il y a une chape de plomb sur cette affaire. La révolte dans les quartiers est la suite logique, car nous n’avons aucune information. Je n’ai rien contre la police nationale, mais la poursuite de lundi a engendré la perte d’une vie. Je veux que toute la lumière soit faite sur cette affaire. C’est pourquoi j’ai décidé de déposer plainte auprès du Procureur de la République ». Il trouve également que le dispositif policier mis en place n’est pas approprié : « Dans l’après-midi, j’ai reçu le maire qui m’a annoncé ses condoléances. Mais la première chose qu’il a faite c’est d’envoyer dix cars de CRS pendant que nous étions en train de manger paisiblement. Si vous activez l’étincelle, cela risque de provoquer un brasier ».

Selon un témoignage des habitants du quartier, hier, avant que les affrontements dégénèrent, les CRS ont sommé les personnes qui étaient présentes dans le café du quartier (le Mascara) de vider la place en ces termes : « Vous avez cinq secondes pour dégager ou on emploie la manière forte ». Les personnes ne voulant pas quitter les lieux, les forces de l’ordre ont tiré avec leur Flash-Ball au ciel et ont fait usage de leur bombe lacrymogène.

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Crédit. Patrick James (Voix du Nord)

Un autre habitant ajoute que « les forces de l’ordre provoquent les jeunes. Elles passent en fin d’après-midi dans le quartier avec plusieurs patrouilles pour les exciter ». Il ajoute : « avant même qu’il y ait des débordements, les patrouilles de police s’étaient déployées. Certes, il y avait quelques casseurs, mais ça ne justifie pas la répression policière ».

Ce drame va au-delà d’un simple fait divers et n’est pas sans rappeler les révoltes des quartiers populaires déclenchées après le décès des deux jeunes Zyed et Bouna à Clichy-sous-bois en 2005. Il serait urgent de se questionner sur la raison qui conduit des personnes à détruire l’environnement dans lequel elles vivent. Malaise social ? Toutes ces questions resteront en suspens si l’on s’attarde aux conséquences et non aux causes. La rédaction d’Alohanews tient à apporter son soutien et ses condoléances les plus sincères aux familles des victimes de cet accident.

Mouâd Salhi