Cap sur Rio de Janeiro, ville hôte des Jeux Olympiques d’été 2016. Plusieurs milliers de personnes ont fait le déplacement pour assister à la plus grande manifestation sportive de la planète. Malheureusement, non loin du stade Maracana, dans les favelas, les jeunes sont contraints de regarder les JO qu’à travers leur télévision, faute d’argent. Un homme a voulu leur rendre justice à sa façon.

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Un mécanicien de 47 ans, Jarbas Meneghini est un amoureux de sport. À l’époque, il avait ce rêve qu’ont tous les jeunes brésiliens des favelas : devenir footballeur professionnel. Malheureusement, son étoile s’est dérobée sous ses pieds. Sa maison se situe dans un quartier populaire à Campo Grande, de Rio de Janeiro. Sa demeure a des allures de musée de la Coupe du monde et des Jeux Olympiques.

Le drapeau olympique ainsi que celui d’autres nations flottent à l’entrée. La façade de la bâtisse s’est transformée en vitrine de trophées et statuettes colorées du Corcovado, effigie de Rio. Même chose à l’intérieur, des dizaines de trophées et médailles confectionnés par Jarbas ornent la pièce. On y voit également des clichés pris aux côtés de stars du ballon rond comme Neymar, Pelé ou Romario.

De l’autre côté du périph’

Jarbas s’est donné pour objectif de recréer un stade olympique dans son quartier pour faire le bonheur des plus jeunes. Depuis plus d’un mois, tous les dimanches, les bambins du quartier viennent user leurs chaussures en faisant quelques foulées sur la piste d’athlétisme improvisée dans la cour, jouer au ping-pong sur une table vieillotte et reproduire le relais de la flamme olympique avec des torches conçues en PVC. Le podium a été construit avec des caisses de légumes. Les champions ont également droit à une remise de médailles digne de ce nom. Les gagnants repartant avec des répliques de médailles ainsi que des bouquets de fleurs artificielles.

Rien n’est laissé au hasard. Jarbas s’improvise aussi conteur façon père castor en racontant l’histoire des Jeux aux enfants ainsi que la manière dont il s’est pris pour remettre à plus de cinquante joueurs de la seleçao de football, un trophée de la coupe du monde qu’il a soigneusement fabriqué. Il a également pris soin de respecter le calendrier des JO (5 au 21 août) et répondra également présent pour les Jeux Paralympiques qui se dérouleront début septembre.

L’intéressé explique à l’AFP le rôle éducatif que permet d’avoir le sport: « Le sport a des règles et cela aide les enfants à avoir des règles. Il y a une heure pour arriver, une heure pour partir. Le sport éduque« . Il existe une fracture sociale criante au Brésil entre les personnes précarisées et les classes les plus aisées. Beaucoup d’enfants des favelas n’ont jamais mis les pieds sur la plage de Copacabana ou d’Ipanema.

Malheureusement, l’impact économique des JO dans la banlieue de Campo Grande sera nul. Il déplore que « le gouvernement s’est concentré sur les centres sportifs olympiques à Barra da Tijuca et Deodoro et a oublié les quartiers pauvres. C’est triste. Il ne reste que des gens passionnés comme moi pour éduquer les gosses à travers le sport« . Un mot mérite d’être adressé à Jarbas: obrigado!

Mouâd SALHI