Dans la vie, on a souvent peur de nager à côté d’un homme qui se noie. Ce n’est pas le cas de tous. Sandra Tsiligeridu, avec un groupe d’amis, découvrait une petite île nommée Pserimos, non loin de Kos.

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Sur le chemin du retour, en mer, la camaraderie aperçut un homme dans l’eau. Instinctivement, Sandra appréhenda la situation. Elle décide de retarder le jet de l’ancre sur la côte pour venir à sa rescousse. « Je l’ai vu, au loin, et j’ai immédiatement crié à mon ami qui conduisait le bateau de venir chercher l’homme. Il avait besoin d’aide » explique Sandra.

Apeuré et secoué, l’homme, perdu en milieu de mer, acceptait la main tendue comme une bénédiction. Sandra a immédiatement appelé le port de Kos pour leur signaler qu’un homme a été assisté. Jusqu’au port, les bras de Sandra sont le doux réconfort de Mohamed, ce Syrien que la mer a pris en otage. L’échoué a réussi. Il a réussi à survivre.

À l’arrivée, les autorités du port informent le réfugié : sa famille était à sa recherche. Mohamed a afflué avec sa famille vers la Grèce. Parmi les 40 Syriens présents sur le bateau sans moteur avec uniquement deux rames, seul Mohamed n’a pas pu atteindre les côtes.

L’histoire a été racontée par les voyageurs à bord. Les vagues déchainées ont frappé une des deux rames qui s’est retrouvée dans l’eau. Disposé d’une veste de sauvetage, Mohamed a tenté de récupérer le bout de bois au risque de voir l’équipage ne pas continuer son voyage jusqu’à Kos. Il a plongé dans l’eau. Un voyage sans retour.

L’obscurité et les vagues ont semé la confusion et la présence de Mohamed s’est évanouie dans la vastitude d’eau salée. À l’arrivée du radeau à Kos, la garde côtière grecque a tenté en vain de retrouver Mohamed. Sans succès. Présumé noyé, son destin jusque là famélique en a décidé autrement. « Je me sens bénie », confesse Sandra après avoir porté secours à Mohamed.

Il est plus que temps d’être sensible à ce qui se passe ailleurs dans le monde et de participer au changement. Ce sauvetage grec me rappelle une citation d’Abbé Pierre : « Il y a des Hommes brisés et il n’y a qu’un seul moyen de les refaire Hommes. C’est qu’ils deviennent sauveurs des Autres ». Je suis optimiste. Le mouvement de sensibilisation est en marche, pour que chacun de nous comprenne que pour des millions d’êtres humains, vivre est un risque à courir.

Imambajev Nikita