Ce jeudi 8 novembre, on célébrait la journée internationale contre le harcèlement scolaire. À l’occasion, nous avons décidé de donner la parole à nos abonnés sur les réseaux sociaux pour qu’ils partagent leur expérience. Nous avons également réalisé un sondage sur Instagram, et 33% des participants affirment avoir subi un harcèlement scolaire.

Le harcèlement scolaire est une violence répétée sur une longue période, par une personne ou un groupe de personnes envers une autre. Les attaques peuvent être verbales, physiques ou psychologiques. Selon l’UNICEF, plus d’un jeune sur trois a été victime de harcèlement dans le monde.

Conséquences du harcèlement

Le harcèlement scolaire se caractérise par la répétition, le rapport de domination et l’intention de nuire. Et les conséquences peuvent être psychologiques, comme une baisse estime de soi, manque de confiance, manque de concentration, perte de mémoire, stress, troubles anxieux….

« Tout au long de ma scolarité, j’ai subi des moqueries principalement par les filles, par rapport à ma maigreur. Par exemple : sac d’os, anorexique, nain de jardin… Certaines ne se rendent pas compte de l’impact des mots qu’elles utilisent. Ça a eu un impact sur ma confiance et l’image que j’ai de moi-même », déclare Sarah*. Le harcèlement se traduit également par des actes physiques passant par de simples bousculades à des gestes agressifs ou encore des menaces de mort : « On me poussait d’une personne à l’autre, telle une balle. Quand j’ai été me plaindre, les surveillants ont dit que les garçons blaguaient avec moi », raconte Mehdi.

 

La peur du harcèlement peut être la cause d’absentéisme scolaire, décrochage scolaire ou encore un changement d’orientation. Cela perturbe donc la formation scolaire d’un jeune individu.

« Quand j’ai fait mon coming out, une fille s’est amusée à le répéter à toute l’école. À ce moment-là, on m’insultait tous les jours de salle gouine et personne n’a été puni pour ces paroles. En fin d’année, j’ai décidé de changer d’école. », confie Julie.

Le harcèlement provoque des changements liés au comportement tels que l’isolement, la méfiance, la susceptibilité, l’asociabilité, mais aussi des comportements agressifs :

« En primaire, j’étais toujours mise à l’écart. En grandissant je suis devenue méfiante envers les gens et j’ai appris à apprécier l’isolement. », dit Inès.

Cependant, les harceleurs peuvent souffrir également sur le plan psychique, cela se traduit souvent par un mal-être profond et une pression de groupe :

« J’ai succombé à l’effet de groupe et j’ai participé à un harcèlement. Par après, je me suis voulu et j’ai retrouvé la victime pour m’excuser. », avoue Dorian.

Le cyberharcèlement

Le harcèlement ne se limite pas qu’à l’enceinte de l’école. Les mêmes harceleurs continuent à importuner leurs victimes sur les réseaux sociaux. C’est une forme d’harcèlement moral qui se traduit par des messages d’insulte, la diffusion de rumeurs infondées ou la publication d’une photo compromettante.

« Traitée de p**** durant les deux dernières années de ma secondaire, réputation basée sur de fausses rumeurs, événements déformés par un gars que tout le monde admirait. », confie Camille.

Selon l’enquête de Child Focus, 1 jeune Belge sur 3 a déjà été victime de cyberharcèlement, 1 sur 5 reconnaît avoir été cyberharceleur. Ces chiffres ne cessent d’augmenter.

Le sexting est la forme la plus répandue du cyberharcèlement. Il consiste en la diffusion non consentie de photos intimes sur internet. Les filles seraient trois fois plus touchées que les garçons. Par ailleurs, le cyberharcèlement est l’une des problématiques traitées dans eLegal, une série belge sur la cybercriminalité diffusée sur la Une.

Vers qui se tourner ?

Les conséquences sont réelles et peuvent même conduire au suicide. Si vous êtes témoins d’un harcèlement, si vous êtes harcelé ou si vous êtes l’harceleur, ne restez pas sans rien faire, il existe des solutions !

« J’ai toujours été isolée à l’école, mais j’ai pu apprendre à être sociable grâce au théâtre. Je me suis découverte et je pouvais être aimée pour ce que j’étais. », déclare Justine.

Pour les victimes de harcèlement, une des premières choses à faire est d’en parler à des personnes de confiance (parents, corps enseignant, amis). Il est également important d’avoir un suivi psychologique. En Belgique, il existe un numéro d’appel gratuit du Service Ecoute-Enfants, le 103, accessible de 10h à 24h chaque jour. Le harcèlement à l’école est considéré comme un délit punissable, vous pouvez donc déposer plainte.

« J’ai été victime de harcèlement au collège, c’était vraiment lourd et difficile, car j’avais le soutien de personne, même lorsque j’en parlé au corps enseignant, ils s’en foutaient », avoue Sophia.

Les écoles doivent mener des campagnes de prévention et encourager le dialogue avec les jeunes. Il existe, une liste d’action possible dédiée au corps enseignant publiée par Child Focus pour les aider, car le premier réflexe d’une victime est l’intériorisation de sa souffrance. Quant aux parents, il est important d’être attentifs aux symptômes de harcèlement et encourager le dialogue avec leurs enfants sans les brusquer.

H. Bourakadi & L. Bianco

PS : Afin de préserver l’anonymat des témoins, leurs prénoms ont été modifiés.