Deuxième sport le plus populaire au monde, le cricket fut longtemps occulté en Europe, mais sa pratique reprend vie à travers les migrants du sous-continent asiatique. Que ce soit en Allemagne en France ou même en Irlande, des réfugiés afghans, pakistanais, voire birmans, organisent des matchs leur permettant de s’évader de leur quotidien dans les centres d’accueil.

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Si ce sport était d’abord réservé aux classes populaires anglaises avant le 16e siècle, il fut ensuite adopté par la bourgeoisie qui à partir de la fin du 19e siècle organise des compétitions entre les différents pays du Commonwealth. C’est seulement à la fin du 20e siècle que la fédération internationale de cricket (l’ICC) devient indépendante des clubs britanniques. La France ne devient membre de l’ICC qu’en 1989 et elle compte aujourd’hui plus de 1500 licenciés. Presque tous les joueurs de l’équipe de France de Cricket sont originaires de pays tels que l’Inde, l’Australie, le Pakistan, le Sri Lanka, etc. Désormais le sport s’est élargi et est pratiqué dans de nombreux pays du sous-continent asiatique. En Afghanistan, notamment, le Cricket est le sport le plus suivi et le plus regardé ; de nombreux matchs étant diffusés à la télévision.

Une étudiante et bénévole chez Emmaüs dans l’enseignement du français aux réfugiés du centre Bois l’Abbé (à Épinay sur Orge) exprime son étonnement quant à l’intérêt profond qu’ont ses élèves pour ce sport, aujourd’hui très peu pratiqué en France. « Quand il y a un match de cricket, dit-elle avec amusement, il y a toujours une bonne cinquantaine d’Afghans devant la télévision du centre. » L’un d’eux, Safi Safiullah, réfugié afghan, âgé de 27 ans raconte qu’il joue au cricket depuis qu’il a 12 ans. Ce sport a rythmé son enfance dans son village situé à l’est de l’Afghanistan. Arrivé en région parisienne, dans le centre de Bois de l’Abbé en avril 2016, il a continué à y jouer avec les autres migrants, nombreux à être passionnés par ce sport. Certains étaient même destinés à une carrière nationale avant de devoir s’exiler, c’est le cas de son ami Mohamed Daoud Ahmadzai.

Dans les années 1980, des réfugiés afghans au Pakistan ramenèrent chez eux la pratique du cricket qui devient rapidement l’un des sports les plus pratiqués dans le pays. Les enjeux d’accueil, mais aussi d’intégration qui pèsent sur l’Europe sont complexes, mais il ne faut pas exclure qu’à l’issue de ce processus, le cricket puisse devenir aussi populaire que le football…

Amina CHAGAR