Jean-François Legrain, historien et collaborateur de l’Institut des recherches et d’études sur le monde musulman, analyse les actions du Hamas, mouvement islamiste dans un article du Le Monde. « Je n’arrive pas à croire que son commandement ait commandité l’enlèvement des trois jeunes Israéliens en Cisjordanie, le 12 juin ; il a d’ailleurs démenti cette version israélienne ». Il poursuit : « Pendant les trois semaines entre l’enlèvement et la “découverte” des corps, l’armée israélienne a frappé la structure du Hamas en Cisjordanie et il n’y a eu pendant cette période que de très rares tirs (non revendiqués) de roquettes depuis Gaza ».

Qu’on soit bien clair, je n’éprouve aucune sympathie envers le Hamas. Je soutiens simplement la détresse des Hommes. Ceux qui sont enclavés dans une guerre qu’ils n’ont pas choisie. Je parle de ces enfants et ces femmes, d’abord. Rien de magnanime dans tout cela, cela devrait être instinctif, inné en chacun de nous. J’aimerais soulever juste un point, celui de l’ambiguïté. Comme le mentionne l’article plus haut, il n’y a eu aucune revendication du groupuscule politique. Pourtant, des bombardements ont vraiment eu lieu. C’est comme cela que, pour intimider l’ennemi, l’armée israélienne a ébranlé Gaza… encore une fois. D’une pierre, deux coups, dira-t-on. Le jeu de mots s’y prête à ces circonstances qui devraient nous agripper le cœur. Les images sont bel et bien réelles, et pourtant, un cri sourd, étouffé, sans gêne, de la part de la justice. Les minutes de silence qui d’habitude sont méritoires sonnent ici comme un abandon. Car chaque minute qui passe est muette, sans échos, dans les médias traditionnels.

Comme le montre un article culotté de Libération, les gens sont désinformés en publiant des images antérieures au conflit. À nous de faire preuve d’honnêteté intellectuelle, pour la crédibilité et le poids de nos idées, et de faire un effort de critique et de lucidité.

Pendant ce temps là, depuis lundi, l’opération « Bordure protectrice » fait plus de 43 morts et plus de 150 blessés selon les autorités palestiniennes. BarakaCity, ONG active sur le terrain, annonce aux dernières nouvelles 51 décès ainsi que plus de 450 blessés. Quel que soit le chiffre, c’est un chiffre de trop, car les Gazaouis ne sont pas que des nombres, mais des vies qui avaient un parcours, des sentiments et des rêves.

« Une fois encore, on peut observer une absence totale d’intervention extérieure seule à même d’enrayer la spirale ». Effarant de lire cela, pas vrai ? Toutefois, je pense que ce n’est pas une raison pour nous, citoyens, de s’accouder à cette inaction, là submergeant de reproches, pour se dépêtrer de nos impératifs de conscience. Cependant, nous en sommes loin du compte. Est-ce notre condescendance matérialiste qui nous obnubile ? Est-ce parce que l’on aime mieux ces plaidoyers de « bistrot » tapageurs, entre deux verres, témoignant que nos actions ne « changeront pas le monde »? Je n’en sais rien. En tout cas, aujourd’hui, je vis cette espèce de non-intifada des citoyens du monde et c’est notre propre morale qui est en décombres. Pendant que le peuple de Gaza ferme les yeux en espérant que ça passe. Un peu comme ce passage culte du film « La Haine » où l’acteur ferme les yeux avant de rendre son dernier souffle de vie et prononce ces mots : « Jusqu’ici, tout va bien ».

Nikita Imambajev