Dans notre société, et plus particulièrement dans notre vie sociale, nous avons l’impression d’être curieux, de nous intéresser à énormément de choses et de rencontrer tout un tas de gens différents. C’est pourtant faux. La faute aux réseaux sociaux diront certains. Vraiment ? 

Si pour beaucoup, un profil Facebook se résume à avoir 300 amis virtuels, nous discutons tout au plus avec 15 personnes régulièrement. Et ces 15 personnes font généralement partie de notre cercle intime : parent, petit(e)-ami(e), ami proche… Nous ne sortons donc d’aucune zone de confort puisque nous restons en communication avec des gens que nous voyons régulièrement, si pas quotidiennement.

Selon Dominique Cardon, professeur de Sciences Po, « ce qu’ont fait les réseaux sociaux, c’est d’abord de s’incruster dans l’espace très ordinaire, très quotidien, très relationnel, très amical, amoureux, disputailleur aussi, de la vie sociale des individus. » Mais finalement, nous restons en communication avec des personnes qui nous ressemblent, de près ou de loin, et avec qui nous nous sentons en proximité.

Les réseaux sociaux n’ont fait que reprendre notre principe, à nous, individus, de rassemblement homogène. L’être humain, par définition, passe sa vie, entre sa naissance et sa mort, à pallier à sa solitude en restant avec d’autres individus.

Pour Platon, «l’homme est un animal social ». C’est en côtoyant autrui que nous nous sentons valorisés et reconnus. En l’absence de contacts sociaux, l’Homme peut dépérir- c’est d’ailleurs ce que tendent à montrer certains films comme « Seul au monde », démontrant les mécanismes de défense que l’Homme met en place lorsqu’il est contraint à une solitude forcée, en se créant un ami imaginaire avec qui il peut discuter, par exemple. Les échanges, le partage et les contacts sociaux sont donc des conditions au bonheur et au bien-être des individus.

Et ça, les créateurs de réseaux comme Instagram, Facebook ou Twitter, pour ne citer qu’eux, l’ont bien compris. Ils se sont, discrètement d’abord, puis massivement ensuite, faufilés dans nos vies quotidiennes, nous faisant croire que l’on disposait d’un capital relationnel très riche, alors qu’il n’en est rien.

Nous n’avons pas pour autant changé nos principes d’homogénéité puisque nous ne cherchons pas spécialement de contacts avec nos 300 amis virtuels, nous partageons, bien souvent, des vidéos ou des articles en étroite relation avec nos valeurs et la recherche des « likes » nous indique à penser, à tort, que nous augmentons notre popularité.

La question qui se pose alors est : « qui est le responsable de cette « surcommunication » ? Est-ce que c’est véritablement la faute des réseaux sociaux qui n’ont fait qu’accroître notre besoin de communication ? Où est-ce l’humain qui, par son besoin constant du rejet de sa solitude, a développé une communication quasi constante avec ses pairs afin de se rassurer lui-même et de ne pas angoisser à l’idée de se retrouver seul, comme une fuite de la pensée ?

Un autre problème se pose également, celui de l’ouverture d’esprit. Le fait de rester en étroite relation avec d’autres personnes qui nous ressemblent ou partagent nos opinions nous enferme d’un point de vue culturel. Exit la diversité des opinions et les débats jusqu’à l’aube puisque nos amis, qui nous ressemblent, ne nous sortent pas de notre zone de confort. Ceux qui se passionnent pour les voitures, les animaux ou un sport en particulier vont rejoindre des groupes de discussion concernant les sujets qui les intéresse.

Et pourtant, les réseaux ne sont pas bien loin de notre vie « normale ». Qui n’a jamais, dans un bar ou un restaurant, écouté avec attention la conversation de la table d’à côté ? C’est exactement ce qu’il se passe sur Facebook, par exemple : observer sans être observé. La curiosité fait partie, je pense, de la nature humaine.

De nombreux articles, de nombreuses vidéos relaient l’information que les réseaux tuent l’humanité et lui font beaucoup de mal. Mais que seraient les marches pour le climat, réunissant des dizaines de milliers de personnes en quelques heures seulement s’ils n’existaient pas ?

En soi, le numérique n’est pas de la fiction, mais une autre forme de réalité que celle que nous avions l’habitude de vivre. Une zone hors de notre confort qui nous permet de nous exprimer d’une autre manière que dans notre quotidien réel. Le virtuel possède tellement d’aspects positifs qu’il serait dommage de les négliger ; à condition de savoir s’en servir à bon escient.

Alexia Zampunieris


Alexia vient de publier son nouvel ouvrage intitulé « Mademoiselle cherche le soleil » aux Editions Chloé des Lys à découvrir ici