Mise en lumière par l’émission nationale The Voice, Lubiana ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Après son mémorable passage qui avait ébloui coach et public en une seule seconde, cette artiste à la voix suave et envoûtante, continue à nous surprendre par son aisance musicale et sa tessiture chic & jazzy. Destinée comme une évidence à une carrière artistique, Alohanews a voulu en savoir plus sur cette artiste, compositrice et musicienne de talent. Avec son nouveau titre « King of My Kingdom » et une tournée à Londres, notre plat pays continue à rayonner de ses innombrables talents. Rencontre.

Bonjour Lubiana, pour ceux et celles qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te décrire en quelques mots ?

Je m’appelle Lubiana et j’ai 23 ans. J’ai commencé la musique à l’âge de 8 ans, poussée par ma maman à côtoyer le milieu artistique. On peut dire que j’ai tout fait : saxophone, dessin, théâtre, sport, poterie, etc. Aujourd’hui, on peut dire que je suis à 100% musicienne, chanteuse et compositrice.

J’ai le souvenir de ton passage à l’émission The Voice sur ta superbe reprise de Portishead « Glory Box » . Parle-nous de cette expérience ?

The Voice a été une très belle expérience. Cette émission m’a propulsée dans le monde du « business » musical que je ne connaissais pas encore. A 17 ans, le fait d’être confronté aux interviews, aux lives et aux caméras, n’était pas quelque chose dont j’avais l’habitude de faire.

Cette émission, c’est également des rencontres. Plusieurs personnes m’ont marqué comme Stéphane De Bruyne, incroyable producteur avec lequel j’ai beaucoup de plaisir à travailler. BJ Scott, fidèle à l’image qu’elle renvoie à la télé et Quentin Mossiman qui a toujours été un fidèle soutien dans tous mes projets et qui a une très belle sensibilité artistique.

 

Que penses-tu de l’apport de ce genre d’émission dans la carrière d’un artiste ?

Je pense que cela dépend de la manière dont on vit l’expérience. Il faut savoir garder les pieds sur terre et avoir un bel entourage. En quelque sorte, on devient quelqu’un sans être quelqu’un. On peut vite s’emballer si on n’est pas prudent. Pourtant, rien n’assure la stabilité dans ce milieu où « ça s’en va et ça revient » (rires). Il faut beaucoup travailler par après et surtout être passionné, ne pas faire ça que pour passer à la télé.

Pour ma part, The Voice m’a apporté une belle mise en lumière, m’a encouragé à continuer à écrire des chansons et à former mon groupe musical de manière plus professionnelle. J’ai également beaucoup appris sur le métier et surtout beaucoup plus rapidement : au niveau de ma technique vocale, savoir tenir un live ou encore la vie au studio. Être chanteuse est bien plus complexe que juste savoir chanter en live. Il y a énormément de travail en amont.

On entend souvent qu’il est difficile de réussir musicalement parlant en Belgique. Est-ce que tu as cette impression ?

Tout d’abord, je pense qu’il y a une très grande différence entre le milieu francophone et néerlandophone. Même si je ne connais le milieu néerlandophone que grâce à mes cours au conservatoire, je peux dire qu’il y a autant d’artistes talentueux des deux côtés.

Pour le côté francophone, je pense en tout cas qu’il n’est pas impossible de réussir. Il faut savoir que la Belgique est un petit pays partagé par une frontière linguistique.

Si un artiste désire avoir une carrière qui dure avec un réel contact humain au niveau du public, il faut s’exporter. Toutefois, cela vaut pour n’importe quel artiste à partir du moment où l’on veut avoir une plus large audience pour perdurer. Cela est d’autant plus vrai dans un petit pays comme le nôtre.

Chaque démarche artistique se doit d’être sincère

Est-ce que ta London Solo Tour, qui s’est déroulée début avril 2017, s’inscrit dans cette démarche d’exportation artistique, afin d’être d’autant plus reconnue en Belgique ?

Honnêtement, pas du tout. Je ne vais pas à Londres pour être reconnue en Belgique. Il y a un an et demi, j’ai découvert un instrument de musique : la Kora, sorte de harpe africaine. On dit souvent qu’il y a trois moments qui marquent la vie d’un être humain : la naissance, le mariage et les enfants. La découverte de la Kora est l’un des plus grands moments de ma vie.

En même temps, j’ai eu peur de m’exposer en Belgique avec ce nouvel instrument pour ensuite me planter devant un public qui me connaît déjà. Je me suis donc lancé et je suis partie à Londres pour jouer dans des Open Mic. L’accueil et l’intérêt du public furent incroyables.

Grâce à cela, j’ai été contacté par plusieurs personnes, dont Michael Timothy, directeur artistique de Massive Attack et Bilal Khan, l’un des chanteurs pakistanais les plus populaires. Ces rencontres m’ont fait réaliser que le monde est grand avec tellement d’artistes à découvrir. J’ai également rencontré mon Booker qui a géré pour moi les programmations.

On peut donc dire que si j’ai été là-bas, c’est pour sortir de ma zone de confort et me tester face à un public qui ne me connait pas du tout. Depuis, je fais une vraie tournée et j’en suis très heureuse.

 

Ton univers… le soul, le blues… des musiques intensément afro-américaines. Penses-tu que tu pourrais faire vivre ces univers en langue française ?

Bien entendu. Il y a plein d’artistes qui font du blues ou du jazz en français. Pour ma part, je pense qu’une démarche artistique se doit d’être sincère : pour l’instant chanter en français ne m’inspire pas encore. Peut-être plus tard, mais ce n’est pas une question que je me pose.

Ta chanson « King of My Kingdom », sortie très récemment, nous fait penser à l’univers incarné par Ella Mai ou encore Sabrina Claudio… Parle-nous de ce morceau.

King Of My Kingdom est l’un des morceaux que j’ai composé le plus facilement. Je me rappelle que l’un de mes producteurs m’avait fait savoir que David Bowie écrivait une chanson tous les jours. Cette façon de faire m’a intrigué et je me suis imposé cette discipline : pendant l’été, je composais une chanson tous les jours.

En ce qui concerne ce morceau, il est venu très naturellement. D’ailleurs, pour moi, ce sont ces morceaux qui veulent dire le plus : ceux avec lesquelles on est tellement connecté et qui viennent facilement sont les plus intéressants. Je suis très fière de ce morceau et des deux producteurs qui l’ont produit: Stephan De Bruyne et Samuel Rabais.

 

Tu viens d’une famille intensément musicale, tu étudies la musique… on peut dire que la musique est en quelque sorte une véritable seconde peau. Qu’est-ce qu’elle t’apporte à toi ?

En effet, la musique est très ancrée dans ma famille. Ma maman est musicienne et comme j’ai grandi en tant qu’enfant unique, je pense que ma maman a voulu que je m’intéresse à plein de choses et que je sois ouverte à l’art en général. J’ai donc beaucoup fait d’ateliers artistiques. Comme j’ai grandi avec la musique, cela a été une évidence.

Je suis très reconnaissante envers ma maman, car j’ai jamais eu à me poser de questions quant à mon avenir. J’ai toujours aimé la créativité: inventer des histoires et me mettre dans différentes émotions. La musique est une thérapie, car dès que je vis ou ressens des choses, le fait des les écrire et les composer me fait énormément de bien. Certaines chansons sont comme une page d’un journal intime que je ne diffuse jamais.

Les gens se sentent en connexion avec mes histoires et mes chansons. Ils me remercient, car ils se retrouvent aussi et cela les aide ou tout simplement du bien. Cela suffit à mon plaisir.

 

Si Lubiana n’était pas une chanteuse, que ferait-elle ?  

Je me suis déjà posé cette question. Quand j’avais 16 ans, j’avais une option à l’école: sciences fortes et théâtre. J’ai beaucoup aimé ces disciplines. Je pense qu’à un moment donné, j’ai beaucoup hésité à faire le conservatoire en théâtre… mais la musique a pris le dessus !

Et l’avenir ?

Je me vois toujours en train de faire la musique, avoir réalisé des chouettes collaborations et surtout continuer à en faire. Je me vois surtout dans un espace où je pourrais continuer à travailler et enregistrer des morceaux. Je suis entouré de mes proches. Une vie entre vie de famille et musique : la musique restera, ça, c’est sûr.

Propos recueillis par Bahija ABBOUZ