Hilde Van Malderen est field reporter (journaliste de terrain NDLR) pour Sporting Telenet depuis l’été dernier. Elle y côtoie les grandes figures du journalisme sportif flamand. Filip Joos, Peter Morren, Bram Lambert ou Tim Wielandt, entre autres. Surtout connue de l’autre côté de la frontière linguistique pour ses activités au Het Laatste Nieuws, la Gantoise a gentiment accédé à notre demande… Wie zegt dat vrouwen niets van voetbal kennen, hé ?

Comment êtes-vous devenue passionnée de foot ?

J’ai toujours été passionnée de sport en général ! J’ai même fait de l’athlétisme et du tennis plus jeune. Je regardais aussi tous les sports possibles à la télévision le dimanche avec mon père et mon frère. On était également tous abonnés au club de basket d’Alost, l’Okapi. J’ai donc commencé comme journaliste dans la rédaction sportive du Morgen où je traitais plusieurs disciplines. Le 1er janvier 2007, j’ai été “transférée” au Het Laatste Nieuws , où je devais me concentrer sur un seul sport. J’ai donc choisi le football. En effet, j’habite à Gand, tout près du stade Jules Otten et ils cherchaient quelqu’un pour suivre les Buffalos au quotidien. Ce que j’ai donc fait pendant cinq ans.

Jusqu’à mes 23 ans, je n’étais jamais allée dans un stade de foot. C’est grave, je l’avoue (rires) ! Mais je pense que je me suis bien rattrapée depuis.

Comment êtes-vous arrivée à Sporting Telenet ?

J’ai autrefois fait un stage à VTM, où Peter Morren m’avait prise sous ses ailes (Peter Morren est désormais le rédacteur en chef de Sporting Telenet, NDLR). On s’est par la suite un peu perdus de vue, mais pas pour longtemps. L’année passée, pendant les vacances d’été, il m’a appelée pour me demander si j’étais intéressée par un poste à Sporting Telenet. J’ai exposé la situation au Het Laatste Nieuws et il est donc désormais convenu que je travaille trois jours pour le journal et une journée pour la télévision chaque semaine. Incroyable, mais vrai, il est difficile de trouver de bons field reporters. Il ne faut pas seulement s’y connaître en football, mais aussi de pouvoir s’exprimer de façon extrêmement fluide, sans accent, maîtriser plusieurs langues, être résistant à la pression, etc. Apparemment, je faisais l’affaire. Après un essai concluant, j’ai donc pu débuter.

Participer à la création d’une nouvelle chaîne, ça doit être un sacré challenge…

En fait, je n’étais pas là au début ! J’ai commencé en septembre 2012, mais c’est vrai qu’il est très excitant de faire partie d’une telle organisation. Pour le journal je prends mon notebook, je fais des annotations, écris mon article et l’envoie. Mais la captation et la retransmission d’un match de football sont les fruits du travail d’une incroyable et conséquente équipe, avec beaucoup plus de personnes et pas mal de pression. Néanmoins, à chaque fois que j’entends l’hymne de la Jupiler League je me sens tellement privilégiée !

Pas trop difficile ce rôle de “field reporter” quand on est une femme, dans ce monde macho du football? En plus, on pourrait croire que c’est uniquement une mode vu ce qui se passe en Wallonie et en France…

La Belgique est incroyablement en retard en ce qui concerne la thématique des femmes dans le football. Dans le monde du ballon rond, même une minorité de femmes travaille dans les clubs. À la fédération, il n’y a également que des hommes… Bien sûr, il y a beaucoup moins de femmes qui s’intéressent au football, donc c’est normal. Mais, j’ai parfois l’impression qu’il y a beaucoup de réticence à donner aux femmes une chance et c’est une honte ! Je connais même des rédacteurs en chef de médias sport/football qui, à priori, ne veulent pas de femmes dans leurs rédactions, ce qui est doublement regrettable et totalement dépassé. Et simpliste. Qui pensez-vous qu’un footballeur va préférer pour une interview? Un homme ou une femme? Alors pourquoi ne pas prendre un petit risque et envoyer des femmes ? Regardez en Espagne, Allemagne, auxÉtats-Unis… Ils le font depuis déjà longtemps. À condition que la femme s’y connaisse dans ce sport et, bien sûr, ne soit pas là juste pour la décoration.

En tant que journaliste spécialisée football, il y a en général des avantages et des inconvénients à être une femme. Ainsi, une rédaction sportive avec des hommes et des femmes est tout simplement idéale. Je fais mon travail comme je pense que je dois le faire et si les gens pensent qu’une femme n’en est pas ou peu capable, alors c’est leur droit, mais ce n’est pas mon problème. Tout présentateur, commentateur ou intervieweur a ses détracteurs… J’ai déjà appris à vivre avec. En outre, je suis d’accord : le monde du football est en effet très macho et rempli de testostérone. Si vous voulez y travailler en tant que femme, vous ne devriez pas faire trop fade… Bien sûr il y a les blagues sexistes, et alors? Je fais une boutade en retour. Et bien sûr, des hommes se sont déjà approchés de moi de façon différente de mes collègues masculins. Ils ont déjà essayé de flirter ou ce genre de choses, mais après tant d’années, je sais repousser les avances. Je trouve ce machisme assez drôle, en fait… Je pense en tout cas que j’ai un boulot fantastique. Toutes mes amies sont jalouses que je puisse tous les jours travailler avec tant de beaux hommes (elle rigole).

N’êtes-vous pas intéressée par l’exercice de la présentation en plateau? Christine Schréder que vous croisez sur les terrains de Pro League y a droit, avec l’Europe des 11, sur BeTV…

Oui pourquoi pas? Mais je ne sais pas si c’est une opportunité que j’aurai prochainement. La Flandre est peut-être un peu plus réservée à ce niveau.

La question inévitable : en France, plusieurs femmes commentent ou ont commenté des matches. En ce moment, il y a Marguerite Dumont sur beIN Sport par exemple. C’est une facette de votre métier qui vous plairait?

Vraiment pas. Je ne suis pas non plus sûre que je serais compétente. J’apprécie surtout mon rôle d’intervieweuse. J’aime le contact humain, les émotions qui entourent un match : c’est là qu’on obtient les réactions les plus spontanées. Pour le Het Laatste Nieuws, je fais surtout des interviews et j’adore ça. J’aime être parmi les gens, et pouvoir engager des conversations avec un peu tout le monde. Au poste commentateur, vous devez surtout être concentré sur votre moniteur et sur le jeu.

Christine Schréder disait que des émissions comme Téléfoot la faisaient toujours rêver. Il existe une émission qui vous a donné envie plus jeune?

Bien sûr. Il y a dix ans j’avais pour ambition de présenter Stadion (l’équivalent flamand de Studio Foot, présenté sur VTM par Tom Coninx le samedi soir, NDLR) ou encore le journal télévisé. Mais je ne sais pas si cela arrivera un jour.

Quels sont les personnalités et évènements sportifs qui vous ont marquées?

J’observais surtout les athlètes : Carl Lewis, Dan O’Brien, Sergueï Bubka. C’était les personnalités qui me faisaient rêver. J’aurais tellement aimé participer aux Jeux olympiques, mais je n’étais malheureusement pas assez douée. Ce qui m’a donc envoyé dans les gradins. Je suis allée voir le match de Champions League Manchester United-Roma avec des amis (le 7-1 de 2007, où Manchester menait 3-0 à la 20e minute, NDLR) . J’ai pu siéger dans une loge d’une société partenaire de l’UEFA et donc bénéficier d’une vue fantastique. J’étais bouche bée. À la télévision on peut percevoir l’intensité, mais au stade c’est encore plus impressionnant! C’était du vrai football. Le football pour moi ce n’est pas que le match de 90 minutes, au sens premier du terme : j’aime l’atmosphère autour de la pelouse, l’expérience, les émotions ! Pour moi c’est un happening, un événement. Plus qu’un sport.

Pour finir, qui est-ce que vous considérez comme le numéro 1 des commentateurs à Sporting Telenet? Et pourquoi?

Ohlala, difficile. J’utilise mon joker ! Cela reste des collègues de travail au fond. Je trouve que le meilleur commentateur en général est Mark Uytterhoeven. Dommage qu’il ait arrêté !

Propos recueillis par Bruno Ahoyo