Myth Syzer vient de sortir son premier album « Bisous ». Dans cet ode à l’amour, avec toute la complexité que cela implique, il s’affranchit des codes du rap pour verser dans une pop française 2.0. Producteur reconnu dans le milieu, l’homme a franchit le palier de poser sa voix sur ses beats. Une réussite.


Avant cet album, quand on évoquait Myth Syzer, c’était pour affirmer qu’il faisait indéniablement partie des meilleurs beatmakers français du moment. Sitôt que le gamin de La Roche-Sur-Yon est monté à Paris en 2011 pour tenter sa chance dans la musique, tout s’est parfaitement enchaîné. Il a placé pour une multitude de rappeurs de renom : Joke, Damso, La Fouine, Alkpote, Jok’air… et la liste est encore longue. Sans compter son crew Bon Gamin, créé en 2011 avec ses acolytes Ichon et Loveni.

Ne se contentant pas de faire un beat pour un rappeur et prendre l’argent qui lui est dû, Myth est un artiste qui aime mettre en avant son univers musical. Dans cette démarche, il sort un album et d’innombrables Eps instrumentaux qui servent de laboratoire. De là à entreprendre de poser sa voix sur ses créations, la marche semblait haute. Le déclic ? Une rupture amoureuse qui l’a marqué au plus profond. Et inspiré.
En découle le morceau « Le code ». Un heureux hasard sur lequel il fait le refrain et qui prend une dimension inespérée, tapant aujourd’hui le million de vues sur youtube. Le processus de création de son album est enclenché, et il va rester fidèle à ce mood post-séparation conféré au premier extrait.

Encore timide, mais sans complexe quand il s’agit de chanter, Syzer pose un refrain par-ci, un hook par là et utilise sa voix comme un instrument. Il laisse le rôle majeur aux artistes qu’il invite, en parfait chef d’orchestre. Le projet est sublimé par les douces voix des chanteuses et l’assurance des rappeurs. Tout du long, l’amour est omniprésent : la séduction, la routine, le sexe, la rupture… toutes les phases d’une relation sont évoquées sans pudeur. Si le propos n’est pas idéaliste, les productions se veulent estivales. Teinté de la pop française des années 80, avec des samples très chauds, l’album appel au voyage, au moins de nos pensées. Myth Syzer reprend ainsi un titre de 1987 (Maya – lait de coco) pour « Coco Love », offre des visuels très vintages et, clou du spectacle, ressuscite même Doc Gynéco.

Pour la suite, si la plaie de sa rupture se sera sans doute refermée et qu’il voguera vers de nouvelles sonorités, on peut parier qu’il saura nous surprendre et qu’il prendra encore plus d’assurance dans ses performances vocales. Reste que « Bisous » est un formidable instantané d’une émotion sincère, Myth Syzer réussissant a moderniser la pop, la rendant moins ringarde et plus solaire.

Simon Virot