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Qui a dit que la colère contre le système n’appartenait qu’aux punks ?

C’était ce jeudi 12 janvier la première de « J’ai faim », dernière pièce de Jean-Pierre Dopagne interprétée avec chaleur par la compagnie Artaban au centre culturel Bruegel. Allez la voir. C’est un bon moment. Le personnage central de la pièce est une jeune femme. Clodo, SDF, Charlotte, Marie…vous l’appellerez comme vous voudrez, car elle refuse de dévoiler son identité. Autour d’elle, des hommes et des femmes qui nous ressemblent tissent une humanité. Peu à peu, ils font tomber leurs masques. Les apparences laissent place à la vérité intime des personnages, qui est plus touchante que la façade, forcément. Alors bien sûr, il est des moments douloureux, mais ils ne sont qu’effleurés. Et la pièce devient sociale. C’est du monde dans lequel nous vivons qu’il s’agit. Jean-Pierre Dopagne ne s’épuise pas dans une énième critique du système, mais il nous laisse clairement entendre qu’il n’y croit pas, à ce système. Il constate plus qu’il ne dénonce, en s’appuyant parfois sur quelques clichés. Mais il ne nous laisse pas pour autant sans espoir. Il y a quelque chose de touchant à voir ses personnages – qui n’ont rien d’antisocial – remplacer ce système défaillant par de l’amour. Allez voir « J’ai faim », on vous dit. C’est terriblement actuel. Et ça fait du bien. Jusqu’au 28 janvier.

Jean-Guillaume DEMAILLY