Ras El Hanout ? Cela signifie en arabe un mélange d’épices venues du monde entier. Une image que la compagnie théâtrale cherche à communiquer. Depuis sa fondation, elle cherche à intégrer des comédiens d’origines étrangères et des quartiers populaires, croyant au théâtre comme moyen d’émancipation et de dialogue. Active depuis 2010, elle revient avec un nouveau spectacle “Abraham” qui aborde la question sensible des identités religieuses dans un cadre scolaire. Une pièce à découvrir jusqu’au 5 décembre.

Dans une école catholique, quatre élèves sont soumis à une punition collective. Leur prétendu forfait : avoir brisé une statue de la Vierge Marie dans la chapelle de l’école. Chacun est convaincu de son innocence mais voit dans l’autre un possible coupable. Leur divergence inspire leur méfiance réciproque : ils sont d’une obédience religieuse différente (juif, musulman, catholique et athée) et ne voient pas l’acte commis de la même façon. Une médiatrice douce et mesurée les aidera à mettre des mots sur leurs émotions et à trouver une figure qui les unie tous : Abraham.

Dans ce spectacle drôle et audacieux, l’auteur pointe un sujet sensible : le vivre-ensemble dans une société multiculturelle en crise. Le sujet est abordé frontalement mais avec légèreté. La pièce prône avant tout l’ouverture d’esprit et la lutte contre l’ignorance. De plus, les jeunes acteurs qui jouaient leur première au Théâtre de la Parole le jeudi 30 septembre au Rouge-Cloître dans un cadre de verdure et de sérénité possèdent une belle synergie. Leurs échanges dans la salle de classe contrastent avec l’ambiance familiale qui règne dans chaque foyer. Ce qui nous permet de mieux cerner la culture dans laquelle baigne chaque personnage. Le spectacle essaie également de donner des rôles positifs à des professions parfois dédaignées : la médiatrice de l’école qui sera la clé de voute entre les élèves et le concierge qui nous conte dans des interludes tamisés la fabuleuse histoire d’Abraham, figure commune à toutes les religions monothéistes. Un spectacle salutaire.

Bruno Belinski

Plus d’informations sur le site de l’asbl: Ras El Hanout | Asbl de théâtre engagé