Une année après son premier projet, Biwaï revient avec son nouvel album « Music ». À seulement 22 ans, le rappeur grenoblois cumule déjà des millions d’écoutes et ne compte pas s’arrêter là.
Depuis la sortie de « Remontada », Biwaï a fourni beaucoup de travail. Après une phase d’analyse, lui et son équipe ont commencé à structurer et à orienter l’album dans une direction bien précise. C’est cet hiver que le choix des prods et des thèmes a été fait. Trois titres ont été faits en compagnie d’invités. Dès le premier morceau, on retrouve justement le titre éponyme aux côtés de Hooss, rappeur du Var. Par ailleurs, un invité surprenant figure sur le projet : Matt Houston. « Il a accepté, et franchement le gars est cool et on a fait un morceau. Au final, on en revient encore à de l’affinité », raconte Biwaï.
Originaire de Grenoble, Biwaï accorde beaucoup d’importance à sa ville. « J’y ai grandi, j’y suis né, il y a toute ma famille, cette ville est importante pour moi ». En plus de cela, l’identité grenobloise, comme il le dit, la « capitale des Alpes », est influencée par l’Italie, la Suisse, mais aussi Lyon et Marseille. Biwaï est convaincu que « Grenoble a quelque chose à apporter à la scène rap». Néanmoins, pas de division entre rappeurs de différentes villes : « L’union fait la force, c’est un grand principe que j’applique dans ma vie de tous les jours ». C’est justement pour cela que dans le morceau « Code 120 », il n’hésite pas à rassembler des rappeurs de Lyon et de Marseille à ses côtés. « Ça me tenait à coeur de réunir des artistes de ces trois villes, que ce soit au niveau du langage, du comportement ou tout simplement des façons de faire, Grenoble est beaucoup influencé par Lyon et Marseille. Du coup, j’avais besoin d’officialiser cette connexion, et ça marche plutôt bien ».
Dans l’album, on retrouve aussi de nombreux morceaux très mélodieux avec du chant, mais aussi des couplets rappés plus « classique ». Même si le rap reste son domaine de prédilection, car c’est de là que tout est parti, Biwaï se considère comme un mélomane et reste donc intéressé par ces deux aspects : « selon l’instru, selon ce que je ressens en écoutant le son, je peux rapper ou je peux chanter ». Pour revenir sur ses débuts, Biwaï a été repéré par Black M très jeune et a très vite intégré le Wati B. Un passage d’apprentissage et de patience : « Ça m’a permis d’apprendre plein de choses. Le truc c’est que je ne me suis jamais enflammé, même si il y avait du buzz. Je savais que tout n’était pas joué, et j’ai attendu d’être bien encadré avant de me lancer vraiment et d’officialiser les choses ». C’est en rejoignant la structure « Napalm », que Biwaï prend le temps de faire les choses bien, surtout grâce à ce qu’il a pu apprendre lors de son premier contrat professionnel : pour lui, « c’est un gros centre de formation le Wati B ». Même si dans « La vida », il parle de sa naïveté en début de carrière, « cela n’était pas une faiblesse ». Le rappeur était simplement aveuglé par la passion.
Malgré l’aspect léger et dansant du projet, Biwaï n’hésite pas à aborder des thématiques plus sensibles. Le morceau « 2 Gramme 4 », illustre l’envie de sensibiliser les auditeurs aux dangers de l’alcool et à l’addiction. « On voulait faire passer un vrai message concret. C’est un clip qui nous tenait à coeur et qu’on s’est appliqué à faire ». Prise de risque pour le rappeur grenoblois, qui se dirige vers un sujet qui n’est que très peu abordé dans le monde du rap. Biwaï s’attaque aussi à des problèmes sociaux actuels, et notamment les manquements du système judiciaire français : « Je pense qu’il y a une justice à deux vitesses. Je n’innove en rien en disant ça, c’est des trucs qui ont été dits et redits, mais qui n’ont pas été assimilés. J’ai certains frères qui sont en prison parce qu’ils vendent de la drogue pour faire vivre leur famille, et quand tu vois la peine qu’ils prennent et ce que prennent les violeurs, tu te dis qu’il y a un très gros problème ».
Entre sentiments, introspection et hit, Biwaï fait ce qu’il sait faire de mieux, à savoir, de la musique. Il n’y a plus qu’à aller le découvrir sur toutes les plateformes de streaming.
Pierre Kaftal