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Maroc : Quand l’art déroute

Collectif Tzouri

Plusieurs artistes marocains réunis sous le “collectif Tzouri ” ont investi des passages piéton dans les rues à Oujda pour leur donner de la couleur dans le but de sensibiliser les automobilistes et piétons à la sécurité routière.

Mouâd Salhi

En février dernier, la Direction des transports routiers et de la sécurité routière a rendu les chiffres des accidents de la route de l’année 2016 durant la réunion du Comité nationale de prévention des accidents de la circulation (CNPAC). Les chiffres sont sans appel : 3.593 personnes tuées et le nombre d’accidents durant l’année écoulée s’est élevé à 81.827 contre 78.864 en 2015.

Ces chiffres s’expliquent par le peu de sensibilisation au code de la route dans le royaume. Le Collectif Tzouri réunit une trentaine d’artistes qui a pour objectif de faire rayonner la ville à travers des manifestations artistiques par de la musique, expositions photos, art mural ou réalisations de reportages et courts-métrages vidéos. A la fin de l’année 2016, le collectif s’est entretenu à plusieurs reprises avec les autorités locales pour faire part de leur projet L’Passage. L’idée émane de l’artiste peintre, Mohamed El Alami, initiateur du projet. La commune d’Oujda a été étonnée de l’initiative comme nous l’indique Mohamed Moumou, président du collectif : “La commune a été surprise du projet proposé. Mettre l’art au service du code de la route est inédit”.

Toutefois, la mise en place du projet n’était pas de tout repos : “Ce projet a nécessité un travail quotidien au niveau de l’organisation, de la logistique, de l’aspect artistique pour voir le jour”. Le collectif d’artistes a pu compter sur le soutien précieux de l’Institut français d’Oujda qui a participé financièrement au projet.

Sur ma route

Au-delà de la sensibilisation, les motifs fluo venus habiller ces passages piéton s’inspirent de la tradition marocaine. Pour disposer ces fresques avant-gardistes, les artistes ont du se lever aux aurores, moment où le trafic routier est le moins dense. “Le 1er et 2 avril, les policiers et techniciens de la commune ont sécurisé les passages piéton afin qu’on puisse le revisiter et leur donner une nouvelle âme”.

Les dessins ont attiré des curieux : “Les personnes étaient à la fois surprises et curieuses. Elles nous demandaient pourquoi nous faisons cela et dans quel but”. Il ajoute : “Nous ne nous attendions pas à un tel engouement. Une femme a même pris le temps de s’arrêter et a eu la gentillesse de nous offrir des boissons pour nous hydrater.”

Du côté de certains taxis, l’heure est au mea culpa et à l’espoir comme nous le confie Mohamed Moumou : “Certains chauffeurs de taxis nous ont promis qu’ils veilleront à ne plus s’arrêter sur les passages piéton pour la sécurité des piétons mais également pour apprécier ces fresques qui rendent hommage à notre patrimoine culturel”. Un conducteur de taxi a tenu à les féliciter en leur adressant un message positif : “Vous êtes le futur du Maroc. Je vous encourage à multiplier des initiatives qui sont autant belles qu’utiles”.

Le collectif avait dernièrement fait l’actualité en participant lors de la COP22 organisée au Maroc à la caravane “Dir Iddik”. La caravane spécial COP22 a fait escale dans sept villes marocaines pour y organiser des actions de sensibilisation environnementale et de réhabilitation de sites et de quartiers emblématiques. L’initiative avait rencontré un vif succès auprès des habitants du quartier qui ont vu leurs murs repeints faisant figurer des éléments de la nature.

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Mouâd SALHI