Anatole France disait : « le bon critique est celui qui raconte les aventures de son âme au milieu des chefs-d’œuvre. »
Prête ! Oui, me voilà prête à quitter mon pays de naissance, la France, afin de rejoindre celui de mes parents : le Maroc.
12 juillet, nous voilà parés pour une traversée de la Méditerranée. Au port de Sète (Hérault, France), l’ancre est levée et les moteurs sont lancés ; cap vers Nador (Nord-Est du Maroc).
Après 36h qui nous ont paru interminables, nous foulons enfin le sol chaud et sec du Maroc, cette terre qui m’avait tant manquée. Devant mes yeux s’étend l’architecture typique de la région Nord-Africaine avec ces maisons sans toits et ces nombreux petits commerces à l’origine du dynamisme quotidien. Je savoure quelques instants cette vue avant de rejoindre notre résidence secondaire à Oujda. Après des retrouvailles chaleureuses et fortes en émotion avec nos proches, je pose bagages avec mes parents.
Le compte à rebours est lancé, 42 jours de vacances en famille, mais pas forcément de tout repos, car sillonner les alentours de cette ville est assez éreintant.
Petite précision ! Je ne suis ni le Routard ni Lonely Planet ! Par conséquent je ne vous emmènerai pas vers ces très belles villes connues et touristiques telles que Fès, Marrakech, Agadir ou encore Essaouira.
Je souhaiterai vous faire découvrir le temps d’un récit une partie de la région de l’Oriental qui mérite tout autant d’être visitée. Dans ces terres où je vous emmène, nous sommes loin du rythme effréné de l’Occident. Ici, l’atmosphère est apaisante, l’esprit est serein. Je m’offre une parenthèse d’oxygène.
Entre histoire et modernité
L’Histoire, une discipline que j’ai toujours aimée et lorsqu’elle concerne mon pays d’origine c’est forcément encore plus intéressant. Et cette histoire je la retrouve dans plusieurs villes, dont Oujda, capitale de la région de l’Oriental qui fut fondée en 994 par un chef de tribu nommé Ziri Ibn Attia près de la plaine des Angad. C’est plus de deux millions d’habitants qui circulent dans cette future technopole et c’est aussi une des grandes dynasties marocaines qui laissa ses plus beaux emprunts : Les Mérinides. Le lieu incontournable de la ville est la Médina (vieille ville) devenue un gigantesque Souk aujourd’hui aux 1001 produits régionaux et nationaux et qui a pour entrée principale la porte AbdulWahab. Entrer par cette porte c’est comme voyager dans le temps, entre antiquité et modernité. Parmi ces emprunts, une jolie mosquée en centre-ville nommée Grande Mosquée (Jamaa El Kbir) marque l’identité du Royaume dont on connaît la religion dominante. Oujda est très réputée au Maroc pour ses minarets qu’on ne compte plus ô combien ils sont nombreux !
Question alimentaire ? (Oui, car c’est une question importante pour moi, la nourriture c’est sacré !) il y a une dualité incontournable dans cette ville pour la modique somme de 3 dirhams (30 centimes d’euros), un passage obligé, je dirai, même à Oujda : le « karan » (préparation à base de farine de pois chiche servie dans du pain avec des épices) et la « barida » (une orangeade ou citronnade sucrée… très sucrée !).
Parlons culture ! Chaque été au mois de juillet, la ville organise le Festival international du Raï qui accueille plusieurs icônes de ce genre musical offrant à des milliers de spectateurs un moment de partage et de divertissement. Oujda est une ville frontalière de l’Algérie et cette proximité jouait un rôle important sur l’économie de la ville, mais ces frontières sont malheureusement fermées depuis 1994. Un autre petit village est encore plus à même de témoigner de cette proximité impressionnante et à la fois attristante, un petit village qui me tient énormément à cœur : Ahfir. Village natal de mon père, situé à 35km au nord d’Oujda, il fut anciennement appelé MartimPrey De Kiss lors du protectorat français, en hommage au Général Français Martimprey et à l’Oued Kiss qui longe le village.
Prendre un verre de thé en famille face à un village algérien nommé Boukanoun nous rappelle l’histoire d’Ahfir où autochtones, Juifs, Français, Espagnols et Algériens vivaient autrefois. C’est aussi l’occasion pour mon père et mes oncles de partager avec nous leurs souvenirs d’enfance qu’ils soient personnels ou même historiques. C’est dans ces moments que je me dis que si je ne sais pas d’où je viens, je ne saurai pas où je vais.
Trésors authentiques : l’arrière-pays
On s’éloigne de la ville et en route vers le petit village natal de ma mère à 45km à l’ouest d’Oujda : Sidi Bouhouria. Le trajet suffit pour vous mettre en haleine de magnifiques paysages. Vous pourrez apprécier une superbe vue surplombant les plaines d’Angad et les montagnes des Beni Snassen (ancienne tribu). Pour ceux qui ont besoin de repos et qui souhaitent simplement ne rien faire, ce lieu est fait pour vous ! Le monde rural offre des bienfaits que l’urbanisme a défaits. Entre amandiers, oliviers et figuiers de barbarie avec de beaux fruits prêts à être dégustés. Non loin de là, un gîte touristique nommé « Raid Oriental » offre des activités telles que des excursions en Quad ou randonnées pour ceux qui aiment la marche dans un cadre rural somptueux surtout au printemps !
Les villes voisines sont alimentées par des sources, certaines d’eau chaude en grande partie grâce au massif montagneux des Beni Snassen. Parmi les sources les plus connues, il y a celle de Fezouane ; une source thermale qui se trouve dans la région de Berkane. Chaque été, ils sont des milliers de Marocains résidant à l’étranger à se rendre sur place pour profiter de cette eau dont plusieurs études scientifiques ont démontré des effets diurétiques. Un cadre chaleureux où vous pourrez également déguster d’excellents tagines préparés sous vos yeux et faire vos petits achats souvenirs.
Toujours dans ce cadre dépaysant, Tafoghalt, un petit village regroupant plusieurs petits commerces à 850 mètres d’altitude. La température y est agréable même en été grâce à sa position en altitude. Un lieu familial et convivial avec, à proximité, des sites naturels dans la vallée de Zegzel. Parmi ces sites très visités, on retrouve la grotte du Chameau ou encore la grotte du Pigeon ! Ici et là des gorges et une flore remarquable synonymes de « redécouverte de nos sens ». Des paysages teintés de vert en toute saison !
Un jus d’orange, ça vous dit ?
Orangeraies à perte de vue, nous voilà à Berkane ! Capitale des agrumes du Maroc Oriental, c’est une ville située à 60 km à l’ouest d’Oujda. Son économie est basée essentiellement sur l’agriculture. Les clémentines et oranges de cette ville et de ses alentours sont appréciées dans le monde entier. Par ailleurs, ces agrumes bénéficient du label AOP (appellation d’origine protégée). Mais Berkane c’est aussi une ville qui vit au rythme des sports avec ses équipes de Hand, de Football et de Basket-Ball très suivies par les supporters de la ville.
Cap ou pas Cap d’aller dans l’eau ?
Ah la Méditerranée ! Quelle belle mer ! Avoir cette chance de pouvoir la contempler en France comme au Maroc c’est juste merveilleux pour moi ! En route vers Cap de l’eau, Ras El Ma, Kabouyawa ou encore Ras Kebdana ! Non, ça n’est pas là les noms de quatre coins, mais bien d’un seul et même petit village (oui, car au Maroc on aime la variété même jusqu’aux noms ^^). De la mer, seul son phare indique la présence de ce hameau. Un village au charme fou avec ce petit port et ses filets de pêche ramenant la récolte du jour ! Et la récolte du jour nous offre toutes sortes de poissons ! Mais THE spécialité, c’est les grillades de sardines. Exquises ! Ce petit village authentique bordé de plages sauvages et de falaises est un véritable havre de paix. On longe la baie et on arrive 9 km plus loin à Saidia nommée la « perle bleue » ! Une des plus grandes stations balnéaires du Maroc avec ses 14 km de plage et son sable fin ! Un haut lieu touristique avec ses complexes hôteliers que l’on ne compte plus ! Chaque été, des milliers de Marocains et de touristes viennent se prélasser sur ces plages et passent leurs soirées sur la grande corniche bondée, surtout en période de Festival des Plages au mois d’août accueillant plusieurs artistes nationaux.
Grâce à sa position géographique, l’Oriental est l’une des rares régions à pouvoir offrir au visiteur (véhiculé), au cours d’une seule et même journée un large panel d’activités : visites de mosquées, musées, souks, randonnées au nord de la ville sur les monts des Beni Snassen, promenades sur les plaines d’Angad ou encore le bonheur de se prélasser sur la côte méditerranéenne. Une région au charme remarquable qu’il nous faut malheureusement quitter. Plus d’un mois est passé, mais j’ai cette impression de n’être restée que deux semaines tant les activités furent nombreuses et agréables. Le retour à la routine étudiante va être rude ! Je m’en vais avec ce sentiment de nostalgie, ce bonheur de se souvenir.
Ne reniez jamais vos origines, soyez fièr(e)s de votre culture, c’est une partie de vous, de votre identité qui ne vous quittera jamais.
Hanane BOUJIDA