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Avec Rentre dans le cercle, Sofiane est-il l’homme du peuple ?

Le rap game est un milieu de requins. Marche ou crève comme dirait l’autre. La compétition effrénée a éjecté plus d’un hors du ring. Pire encore, une multitude de jeunes rappeurs ont peu d’occasions de montrer ce qu’ils ont dans le ventre…ou plutôt au bout de leur langue. Sofiane, le bonhomme du 93, ouvre la porte des possibles avec « Rentre dans le cercle ».


Tout le monde s’en fout. Pas Fianso puisque ce dernier vient de dévoiler son nouveau concept – en collaboration avec Daymolition – « Rentre dans le cercle ». Dans la première capsule vidéo dévoilée le 8 septembre dernier, le rappeur réunit la crème dans le cercle. Le concept est ingénieux : il est question de réunir toutes les branches de métier qui gravitent autour d’un artiste hip-hop. Réunir « la crème des rappeurs, la crème des médias, la crème des majors, la crème des beatmakers, la crème des DJ’s », explique Sofiane. Une recette qui a pour vocation de mettre de la lumière sur les hommes de l’ombre. Salutaire, la démarche ne s’arrête pas là puisque Fianso a choisi de faire performer des jeunes artistes en pleine émergence. Une aubaine pour les talents de demain.

 

Dans « Rentre dans le cercle », Sofiane se met donc dans la peau d’un journaliste reporter parti à la recherche du nectar du ter-ter. Artistes confirmés et inconnus de la scène se mêlent à un exercice sacré – aujourd’hui devenu denrée rare – : la performance live. Des questions-réponses des responsables médias et acteurs de labels suivent les freestyles.

Sanguin sur l’instrumentale, Fianso démontre une nouvelle fois son appartenance au peuple. Sa notoriété renouvelée – l’artiste confirme depuis 1 an et demi seulement – est au service de ceux qu’il représente. Par ailleurs, apostrophé par un internaute sur la finalité du concept « Rentre dans le cercle », l’homme du peuple a répondu que le but était de « lancer des carrières ». Dans une interview accordée à Noisey, So donnait sa vision du game : « Je vois le rap comme un bateau, plutôt que comme 1000 barques qui se tapent dessus pour savoir qui va arriver premier ». Depuis, il martèle sur Twitter que « Le cercle est ouvert à tous ».

Le Zidane du rap français

Rappelez-vous, il n’est pas à son premier essai puisque la popularité de Sofiane sortait des ténèbres avec sa série de freestyles « Je suis passé chez So ». Le gaillard, paire de roubignoles en main, allait de cités en cités clipper ses morceaux offensifs et rencontrer les habitants. Un rassemblement aux airs de fête de quartier où jeunes et moins jeunes, accompagnés de l’artiste, venaient grimacer devant la caméra. L’attitude du rappeur dénotait déjà des représentations opulentes présentes dans la majorité des clips de rap. Au détour d’une question sur son amour de belles sapes, Sofiane, conscient de l’état économique des quartiers populaires, s’expliquait sur cette appréciation – dans un entretien signé Clique – : « Ah j’aime bien les belles choses, moi aussi j’en mets bien sûr. Après tu vois par exemple, pas dans mes clips et ça c’est juste une histoire de bon sens. T’arrives pas avec 4 000 euros de vêtements sur toi dans une cité où les petits ils ont pas de baskets. (…) tu ne toises pas les gens, tu ne nargues pas les gens. »

À l’heure de la sortie de son projet « Bandit saleté », la pochette de l’album s’inscrivait dans la continuité de cet état d’esprit rassembleur. En effet, Sofiane avait opté pour le spontané avec une photographie dans laquelle le concerné s’affichait aux côtés de ses frères d’armes. Son passage remarqué chez « Salut les terriens » est également la manifestation de cette volonté de représenter les siens, en invitant les siens à la table de ses victoires.

Sofiane est celui qui s’est mobilisé pour la mémoire d’Adama Traoré, contenu des jeunes de quartiers lors de l’affaire Théo et sans doute évité une altercation avec les forces de l’ordre qui aurait nui à ces jeunes et à l’image des banlieues. Il a également mis à profit sa célébrité pour aider l’association caritative Speranza à être médiatisée. 

Aujourd’hui, avec l’initiative « Rentre dans le cercle », So’ compte faire des passes à tout le monde. Cette attitude « zidanesque » rappelle un certain Soprano qui, à l’époque, ne rechignait pas pour faire des featurings avec des artistes inconnus du bataillon et financer certains projets de ses compères moins connus dans le milieu artistique. 

À l’heure où j’écris ces lignes, le projet « Je suis passé chez So » est sans doute disque de platine (selon Laurent Bouneau, le projet affiche 99064 exemplaires au compteur). L’album Bandit saleté est certifié disque d’or et le titre Tout le monde s’en fout est composté single de diamant. Malgré le succès, Fianso garde la tête froide et continue d’œuvrer pour l’avenir de la jeunesse, le tout orchestré par un élan naturel. Chapeau l’artiste.

Nikita Imambajev