Dans son long-métrage « Rester vivants », la jeune cinéaste et photographe Pauline Beugnies nous offre un regard différent de ce que les médias nous proposent sur la révolution égyptienne. Ce film met en scène la jeunesse égyptienne car ce sont ces derniers qui ont entrainé le pays dans la révolte. L’essentiel des manifestants étaient des jeunes privés d’avenir luttant pour un changement de la société dans l’espoir de plus de justice. Mais avant tout, revenons sur les grandes étapes de la révolution égyptienne connue également sous le nom de printemps arabe.

La révolution égyptienne

La révolution égyptienne commence le 25 janvier 2011 suite à une série d’évènements survenus dans le pays et qui ont entrainé la colère du peuple égyptien. De nombreux facteurs ont provoqué cette révolte de la part du peuple égyptien tels que le manque de liberté d’expression, le chômage, la situation économique du pays ou encore les conditions de vie des classes populaires. Ce jour-là des milliers d’égyptiens se réunissent sur la place Tahrir en plein centre-ville du Caire pour contester la situation économique et politique du pays.  Leur souhait : le départ du président égyptien Hosni Moubarak, au pouvoir depuis le 14 octobre 1981, et la fin de son régime corrompu.

Les manifestations se multiplient et sont de plus en plus violentes. Face à la détermination des manifestants, le départ du président est annoncé le vendredi 11 février. Suite à cela, l’armée s’empare des pouvoirs législatifs et exécutifs. Mais face aux nombreuses violences qui éclatent dans le pays en novembre 2011, l’armée est amenée à accélérer le transfert du pouvoir.

Les élections législatives de 2011-2012

Qu’est-ce qui va remplacer ce régime après 30 ans de dictature ? Une chose est certaine les Egyptiens ne voulaient pas d’un autre régime corrompu, le temps du changement est venu.

Le 30 avril 2011 est créé le parti de la liberté et de la justice (PLJ) dont Mohamed Morsi prend la tête. Les islamistes remportent la majorité des sièges lors des élections législatives de 2011-2012. A l’issu du second tour le 17 juin 2012, c’est Mohamed Morsi qui est le grand gagnant de l’élection présidentielle et qui devient alors le premier président civil à être élu démocratiquement.

Le coup d’état du 3 juillet à l’insu de Mohamed Morsi

N’arrivant pas à régler les problèmes du pays soulignés par le peuple égyptien, sa place de président est très vite contestée. Certains le comparent à Hosni Moubarak et des manifestations éclatent pour contester sa place au pouvoir.

Après de nombreuses manifestations, le 1er mai 2013, le mouvement Tamarod (Rébellion) est fondé par un groupe de jeunes activistes qui lancent une pétition réclamant la démission du président Morsi et de nouvelles élections présidentielles. Cette pétition récoltera plus de 22 millions de signatures. Le 30 juin 2013, des milliers d’égyptiens manifestent pour la démission du président Morsi. Les jours suivants, le peuple continue de descendre dans la rue. Suite à des conflits entre les manifestants qui font plusieurs morts et la démission de plusieurs membres du gouvernement notamment le porte-parole de Morsi, l’armée adresse un ultimatum au président pour satisfaire la volonté du peuple. Ultimatum qu’il rejette.

Le 3 juillet, la destitution de Morsi est annoncée par le chef d’état-major de l’armée égyptienne, le général Abdel Fattah Al-Sissi. Il est remplacé par le président de la Haute Cour constitutionnelle, Adli Mansour. La constitution est elle aussi suspendue pour donner plus de pouvoirs aux jeunes.  Morsi dénonce un coup d’Etat.

Le lendemain de la destitution de Mohamed Morsi, le président de la Cour constitutionnelle suprême, Adli Mansour, est nommé président à titre provisoire jusqu’au 30 juin 2016. Il sera succédé par l’actuel président Fattah al-Sissi.

 

Long-métrage rester vivants 

Pauline Beugnies, la réalisatrice de ce long-métrage, est une jeune cinéaste et photographe originaire de Charleroi. A travers celui-ci ,son souhait était de donner la parole à ces jeunes acteurs de la révolution et nous livrer leur regard sur la situation de l’Egypte.

Dans ce film, nous pouvons suivre le combat politique de 4 activistes égyptiens, Eman, Soleyfa, Kirilos et Ammar. Pauline Beugnies a commencé à suivre ces jeunes avant la révolution. Elle assiste au début du printemps arabe et les suit durant la révolution. Contrainte de rentrer en Belgique en 2013, elle revient plus tard et réinterroge ces mêmes activistes. Ainsi elle les confronte aux images tournées quelques années auparavant pour recueillir leurs réactions. C’est là que réside la force de ce documentaire. Certains disent ne pas regretter leurs actions et positions durant cette révolution mais avouent avoir un autre regard aujourd’hui. Porter les voix de cette génération, c’était le souhait de Pauline Beugnies lorsqu’elle a décidé d’en faire un film.

Avant ce film, la cinéaste a déjà réalisé un web documentaire, Sout El Shabab, qu’elle a coréalisé avec trois journalistes françaises. Celui-ci a remporté deux prix : le Prix du journalisme méditerranéen de la Fondation Anna Lindh en 2013 et le Prix Multimédia au PriMed en 2014.

Toujours sur la révolution égyptienne elle a sorti un livre intitulé Génération Tahrir, composé de ses photos et de ses textes qui font le portrait de cette jeunesse égyptienne. On y retrouve également des dessins de l’artiste Ammar Abo Bakr.

Actuellement dans les salles, il est possible de découvrir ce film en présence de la réalisatrice le 9 janvier 2018 au cinéma Vendôme à Ixelles.

Leila El Hariri