So la Lune, artiste singulier et atypique par sa voix aiguë , par sa plume mélancolique et nostalgique. Sa consommation de drogue, la rue, le passé, son envie incessante d’évasion, So La Lune converse avec la nuit, converse avec nous à travers la nuit. So La lune, sort son nouveau projet le 27 mai, “ Fissure de vie”. Pour guérir ou pour briller ? Portrait.
Un artiste atypique à l’univers peu commun
So La lune est un rappeur parisien qui à vécu à Lyon. A l’âge de 14 ans, il s’installe aux îles Comores, archipel appelé “ Les îles de la Lune”. C’est à l’âge de 10 ans qu’il commence à rapper du boom bap, et c’est aux Comores que sa façon d’écrire change. A 18 ans, le futur artiste retourne à Paris, et c’est ici que son univers se développe. Premier pas dans le monde du rap, il balance des titres petit à petit tels que “Fissure de vie 23”, “ Abeille 20” etc…Et c’est la sortie du clip “ Billy”, sous un air de guitare, d’obscurité, de mélancolie, et de beaucoup d’émotions qu’il révèle sa plume et son univers artistique. Il enchaîne, quelques mois plus tard avec son premier projet, plus précisément, le 24 juillet 2020. L’artiste suscite l’oreille de nombreux auditeurs du rap francais. “ Tsuki”, lune en japonais, composé de 11 titres, va imposer et faire des références à l’univers manga japonais.
Différentes sonorités, flow variés : on peut dire qu’il a présenté sa carte de visite sur ce premier projet. Pour ne pas laisser les auditeurs sans suite, entre mars et juillet 2021 So La Lune, à la fil, enchaîne EP sur EP : Théia, Satellite naturel, Orbite et Apollon 11. Outre d’être attaché à l’univers japonais, l’univers lunaire et spatial est profondément marqué. Que ce soit dans son nom de scène, dans ses clips, dans ses titres, dans ses paroles, SO La lune amène au public un univers parfaitement identifiable et qui le différencie des autres rappeurs. Lors d’une interview de la Face B, So La Lune déclare qu’il mène une vie nocturne et que c’est cette vie là qu’il veut montrer dans sa musique. Vécu dans les îles comoriennes, Comores qui veut dire “lune” en K’m’r appelés aussi “ Les îles de la lune” car la position des îles et des îlots forment un croissant de lune, l’astre fait partie de son identité, métaphore d’un parcours de vie tant personnel qu’ artistique.
Entre octobre et décembre 2021, So la lune sort 3 EP’s, s’échappant complètement de l’univers spatial : “ 1ère faille”, “ 2ème faille” et “ 3ème faille”. C’est dans le titre “Montana”, dans le dernier EP, qu’il annonce son prochain projet : “Et chez nous l’bonheur c’est démodé, fissure de vie bientôt sur CD”. A chaque morceau de ses EP’s se mélangent : introspection, mélancolie, nostalgie, tristesse, sincérité dans les lyrics de l’artiste. Sa particularité réside dans sa voix. Une voix singulière qui, de par son interprétation, nous permet de palper ses failles, et les notre aussi. Une voix vibrante, tranchante, grésillante, qu’il assume de faire entendre. Comme annoncé dans son dernier EP, le 27 mai est sorti son premier “ vrai” projet, dit-il sur les réseaux sociaux, “ Fissure de vie”, référence à un de ses premiers sons, sorti le 12 juillet 2019.
“Fissure de vie”
Le 20 mai 2022, So La Lune dévoile le morceau “ Fin heureuse #EnAttendantFissureDeVie”, une punchline sort du lot “ J’ai jamais vu d’fin heureuse”, elle va permettre aux auditeurs de rentrer directement dans le bain d’un album qui reflète énormément d’émotions. Concentrons nous sur l’album, différents thèmes sont abordés. La rue et ses dégâts : “ encore un jeune d’en bas qui s’est paumé” ou “ Fallait pas laisser traîner le ptit, il a glissé la tête la première dans un océan risqué” , il n’en fait aucune éloge mais bien des dénonciations, il fait comprendre clairement, que la rue n’amène rien que des choses néfastes.
Sa consommation de drogue, un quotidien, un échappatoire à sa vie, se fait ressentir dans ses lyrics “J’consomme le teh seul, j’me remets des pertes seul”. L’argent aussi, qui permet d’apporter du bonheur ( bien sûr, c’est subjectif), une certaine liberté, se fait entendre dans ses paroles “ J’ai péché, pardonne moi, je voulais faire d‘l’argent “ , “ J’souris quand y a des sous qui rentrent”, ici, l’artiste évoque l’argent comme une source de bonheur mais, comme une source de péché aussi. Un feat prend tout son sens, je n’aurais pas dis mieux. Da uzi, artiste dans le monde du rap, très singulier aussi, et connu pour son rap “ cru et réel”, s’est retrouvé dans le nouvel album de So avec le morceau “ En bas”. Deux artistes d’exceptions sincères et singuliers à la fois, nous ont offerts un feat incroyable. Énormément de déception, de mélancolie, d’introspection se dégagent dans cet album. Un point de vue omniscient chez l’auditeur s’alimente à ses paroles, les émotions se font ressentir, l’impression que l’artiste nous emmène dans ses pensées. Grâce à ses différents types de prods comme Nanji, Jeune Oji ou bien Vrsadrip, qui lui est présent depuis déjà un moment, apportent à la narration quelque chose de plus captivant à l’écoute. On y voit une personne se battre contre elle-même, contre ses démons.
Entre enchaînement d’EP’s, deux nouveaux projets… So La Lune ne cesse d’alimenter sa discographie. Artiste singulier avec une dimension artistique à lui, jusqu’à maintenant, ne fait que prouver à ses auditeurs ses nombreux talents, ses flows variés et ses écrits poignants. Peut-on dire dès à présent, que son nouveau vrai projet “ Fissure de vie” va faire de lui” la fissure du rap” francophone ?
Lucy Castry
Note de Nikita
L’univers tant sonore et visuel m’a directement séduit avec le titre Rodé. Une voix atypique, une écriture cryptique ainsi que des visuels en mettant la vastitude de l’espace terrestre ont été les éléments qui ont charmé mon oreille avide de nouvelles balades, nouvelles prises de risque dans le rap. Voix aérienne, grésillante qui ne rêve sans cesse d’évasion, flow jonglant entre rap et variété, entre rimes tranchantes et envolées, le musique de So La Lune est en adéquation à la fois avec cette musique aérienne et les visuels léchés mettant en exergue la pudeur du rappeur avec ses apparitions discrètes sur les écrans. « Fissure de vie » est un testament d’un homme exposant ses failles les plus profondes avec une nonchalance qui atténue la tragédie des lyrics. L’écriture est céleste, l’écriture est enivrante d’images et de leçons de vie. Fumer pour oublier, chanter pour se rappeler : « J’consomme beaucoup, vraiment beaucoup, j’suis vraiment surpris d’encore fonctionner. Des fois, j’suis surpris d’encore vivre ». Cet équilibre périlleux entre la vie et la mort de l’intérieur forme le portrait musical d’un artiste qui vivra et fonctionnera sans surprise.