Connu pour ses peintures dans lesquelles il rend hommage au game, Edo Nikyo a sorti son premier projet Horizon. Dans cet EP de 5 titres, il revient sur ses envies de conquêtes et sur ses peines de cœur. L’occasion pour nous de lui tirer le portrait.
Créer sa palette
Edo Nikyo est un peintre et rappeur originaire de Bruxelles. C’est en 2016 qu’il commence à partager ses talents de peintre sous le pseudonyme d’EdoPaints suite aux conseils de son cousin, manager de Rapaints, un artiste s’étant déjà fait un nom à l’international pour ses portraits de piliers du game US. De cet échange naît l’envie pour Edo de rendre à son tour hommage aux artistes qu’il affectionne.
L’un des premiers à passer sous les pinceaux d’Edo fut Damso. Rien d’étonnant quand on sait que les 2 Bruxellois se sont connus sur les bancs de l’école. Très vite, le peintre a commencé à multiplier les apparitions aux côtés de rappeurs qu’il avait peints. Fianso, Kalash Criminel, Maitre Gims ou encore Booba, nombreux sont ceux dont les traits ont été reproduits par Edo.
Cet amour pour l’art se développe sous le regard de son père, passionné de dessin qui fera tout pour transmettre le troisième art à son enfant. C’est ainsi que, dès son plus jeune âge, Edo commença à croquer les personnages des classiques de notre enfance comme Dragon Ball ou Transformers.
On comprend, alors, les raisons qui ont motivé l’artiste bruxellois à suivre des cours d’histoire de l’art à l’institut Sacré Coeur de Lindthout. Établissement dans lequel il eut l’occasion de parfaire ses talents et d’étudier l’histoire de l’art afin d’en apprendre davantage sur les peintres qui l’inspiraient comme c’est le cas pour Salvatore Dali. Edo tire du génie espagnol un intérêt pour l’onirique et pour l’illustration de mondes surréalistes dans lesquels on rêverait de s’évader. En tant qu’artiste, il est important d’assimiler des pontes de la fresque leur application et leur souci du détail au moment de représenter le monde qui les entoure. C’est en tous cas ce qui permet de comprendre les origines du style figuratif que l’on peut retrouver dans les œuvres d’Edo. Du dégradé de Chris Brown aux iris de Rihanna, on ne peut que constater la précision dans le travail de l’illustrateur Bruxellois.
En plus de peindre le rap, il commence à peindre pour le rap en réalisant la cover de projets d’artistes qu’il apprécie, comme ce fut le cas pour le rappeur bruxellois Le Dark. Ce qui facilite la tâche pour Edo, c’est l’habilité à la synesthésie dont il est muni. La synesthésie, c’est cette capacité qu’a le cerveau à produire différentes sensations suite à même stimulus. En d’autres termes, Edo n’entend pas simplement la musique, il la voit.
Le télescope vers les sentiments
Edo, c’est aussi le nom de la période de 200 ans durant laquelle le Japon opta pour une claustration complète de son territoire afin de ne pas laisser ses relations instables avec l’Occident influer sur ses combats intérieurs. Ces combats intérieurs occupent une place importante dans Horizon, l’EP d’Edo Nikyo sorti en ce début d’année et dans lequel l’artiste montre qu’il est aussi à l’aise derrière le micro que derrière les pinceaux.
L’atmosphère planante des titres d’Horizon est matérialisée autant dans la tracklist avec un titre comme Univers que dans les lyrics de Tant pis où l’artiste chante que “Tout est rempli d’étoiles/Tout est rempli de toi”. Durant l’intégralité du projet, l’artiste revient, avec précision, sur la manière dont une rupture peut impacter tous les pans d’une vie, on constate alors que le syndrome du cœur brisé constitue un fil rouge clair et auquel chacun peut s’identifier, ou y aller de sa propre interprétation. Comme c’est le cas lorsque que l’on observe une grande peinture.
Le titre Ocho, quant à lui, est un featuring qui mélange le français et l’espagnol du rappeur San Dro dans lequel Edo Nikyo dévoile son côté insolent, à travers l’évocation des Audi 4 pots d’échappement et des villas à Malaga. Des allusions qui montrent que le takotsubo, ou syndrome des cœurs brisés, peut laisser une place aux rêves et aux objectifs. Cette note d’espoir, on la retrouve également dans le morceau Etoiles, dans lequel Edo se promet qu’il ira “tout là-haut”.
L’EP se finit avec Acajou, la petite perle du projet. Edo nous y dévoile sa palette avec un refrain aérien aux propos très introspectifs dans lequel il compare la grandeur de sa tristesse à celle d’un Kaiju, ces monstres de films japonais. Les couplets du morceau font également acte de confession puisqu’il y revient sur ses relations instables, en amour comme en amitié. Tout au long du titre , Edo Nikyo guide l’auditeur à travers ses nuits rythmées par l’ivresse et l’absence de l’être aimé qu’il illustre clairement avec cette line : “Je me suis noyé et tu étais ma bouée”.
Au vu des qualités d’illustrateur d’Edo Nikyo, les visuels liés au projet font partie intégrante des qualités de celui-ci. Chaque titre bénéficie d’une lyric video dans laquelle il est possible d’observer le robot présent sur la pochette voyageant dans des univers bien loins du nôtre. Le titre Acajou bénéficie quant à lui, d’un clip disponible sur Youtube depuis le 6 Mars dans lequel le lyriciste illustre parfaitement l’impression de vide que laisse la fin d’une relation, aussi compliquée fut-elle. L’envie de conquête spatiale qui lie le son et l’image apporte une grande cohérence entre les éléments qui constituent Horizon, et cette synergie est l’un des éléments forts du projet. Encore une fois, on retrouve ce souci du détail qu’on ne peut qu’apprécier.
En bref, on devine que ce projet Horizon est une carte de visite pour le rappeur-peintre qui nous promet que « tant que j’ai la santé, que je suis vivant / je me dois de tout n*quer. ».