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Mouhamed Sder, une graine de champion

Mouhamed Sder, boxeur.

A 30 balais, Mouhamed Sder, boxeur, nettoie tout sur son passage lorsqu’il est sur le ring. Un palmarès rempli pour le jeune montois qui veut aller encore plus loin et redorer le blason du noble art. Rencontre.


Peux-tu te présenter ? 

Je m’appelle Sder Mouhamed. J’ai 30 ans et je vis à Mons. Au départ , je suis originaire de Bruxelles. Je suis boxeur professionnel depuis 4 ans.

J’ai participé à quelques tournois de boxe, notamment le tournoi « Jean Pierre Coppman » qui est fait en l’honneur de ce boxeur belge qui en 1975 a affronté Mohammed Ali. J’ai pu sortir vainqueur de ce tournoi. C’est une grande fierté pour moi. En 2016, j’ai été champion du monde francophone WBC (47 Pays du monde). Actuellement, je me suis classé numéro 1 des welters en Belgique ainsi que dans le top 50 européen. Je pratiquais également la boxe olympique pendant 3 ans. J’ai été champion et vice champion de Belgique en boxe olympique. J’ai également participé au championnat européen et fait des sorties internationales. 

En parallèle de ma carrière sportive, je suis ingénieur en gestion. J’ai une spécialisation en finance et en création d’entreprises. Actuellement, je bosse pour une institution publique.

Dans une vidéo, tu as parlé de boxe « old school ». Qu’est-ce que c’est ?

C’est un esprit, un style, une manière de pratiquer la boxe. Les boxeurs actuels sont super entrainés, ce sont des athlètes extraordinaires, mais ils sont de plus en plus rares à nous faire ressentir le frisson du combat. Il y a des champions du monde qui travaillent principalement à distance, sans prendre de risques. Il y a des champions du monde qui sont des as du déplacement et de l’esquive, mais qui n’attaquent pas assez pour moi. Je pense par exemple à Floyd Mayweather. Pour moi la boxe à l’ancienne, c’est revenir à l’esprit initial, à la source de ce sport. Revenir au combat brutal, aux accrochages, au travail au corps à corps. Se dépasser pour faire un round de plus. Patienter et rester calme pour trouver le trou qui va permettre de prendre l’avantage. J’aime ce coté stratégique.

Malheureusement, aujourd’hui les boxeurs sont vus comme des racailles. J’aimerai briser cette image et revenir à la source. 

Sur le ring, le code vestimentaire a changé lui aussi. Je ne suis pas fan des nouvelles tendances donc j’ai opté pour une tenue old school à savoir un short court et des chaussures hautes.

Tu as un parcours universitaire avec un master en poche. Est-ce que la boxe a joué dans ta réussite scolaire ? 

Je pense que c’est tout à fait l’inverse. Je pense que c’est mon parcours universitaire qui m’a donné l’opportunité et le temps de faire de la boxe. Au début, c’était pour perdre du poids. Ensuite, j’ai commencé à apprécier ce sport. J’ai commencé la boxe à 23 ans, j’étais en 1er bachelier et j’avais aussi deux boulots en plus du sport. 

Quelles sont tes perspectives d’avenir dans la boxe anglaise ? 

Je suis profondément convaincu qu’une des pires injustices dans la vie est de gâcher un talent. Pour être en accord avec mes convictions, je me dis que je dois persévérer pour voir jusqu’où je peux aller. Jusqu’à présent, je pense que je n’ai pas encore exploité ma marge de progression au maximum. Malheureusement, je suis bridé par mon emploi du temps très chargé. 

Quel est le regard que tu portes sur la boxe en Belgique ? 

Globalement, deux choses qui me dérangent. 

La première, c’est que la boxe fascine énormément de monde, mais les médias semblent marginaliser ce sport. Les esprits bien pensants trouvent ça violent et donc, nous sommes mis en second plan. Je trouve ça vraiment dommage.

Ensuite, je pense que certains boxeurs devraient mieux choisir leur adversaire avant de jouer les champions, car ça nuit grandement à notre crédibilité de boxeur. C’est particulièrement vrai quand on voit qu’il y a des boxeurs de petit niveau qui sont connus alors que des grands boxeurs avancent dans l’ombre. Par contre, à coté de ça, peu de gens le savent, mais nous sommes la 3e nation de boxeurs dans le classement européen. Nous avons une championne du monde et plusieurs champions européens et internationaux reconnus. 

Je trouve dommage que l’état n’offre pas plus d’opportunités à nos boxeurs ou nos sportifs. Si on veut monter et vivre de ce sport, on doit s’expatrier ou sortir des sentiers battus… en Belgique , on ne peut pas vivre de la boxe, juste en étant boxeur.

Quelque chose à ajouter ? 

Oui, j’aimerai remercier Alohanews de m’avoir donné une tribune, j’espère que mon message va raisonner. Je vous donne rendez-vous à Lille le 17 mars, je boxe contre un Français (13 victoires, 3 nuls, 1 défaite). Je boxe un gros morceau, chez lui, sur ces terres. Ce sera un combat très difficile. Le combat sera diffusé sur Canal +. Par ailleurs, n’hésitez pas à aimer ma fan page sur Facebook

Propos recueillis par Nikita IMAMBAJEV