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Tai Z : “Je fais du son comme un banquier tient son guichet”

© Ivory Concept

Signé chez Y & W depuis 2015, autrefois Lil Tai Z a désormais changé de nom pour s’appeler Tai Z. Il a sorti le 10 mai dernier son album Nokomotiv, et s’impose avec ce projet comme un rappeur sur qui il faut compter.

En 2014, Lil Tai Z, adolescent originaire d’Amiens est au lycée. Le rappeur Guizmo lance sur sa page Facebook un concours. Il s’agit de réaliser un clip remix de son morceau “Dans 10 ans” et de le poster. Le jeune lycéen s’en charge, avec les moyens du bord : “Je n’avais pas de téléphone pour filmer le tout, du coup j’ai pris le portable du père de mon pote Florent et on a filmé le tout”, explique le rappeur. Le jour de la révélation des lauréats du concours, Lil Tai Z n’est pas dans la liste. Le lendemain, il est identifié sur la page Facebook de l’artiste et découvre qu’il fait partie des lauréats. “Je devais aller au lycée, et je vois que je dois aller au Planète Rap de Guizmo le soir même. Je me retrouve à y aller, j’ai vécu le truc comme un petit rêve” ajoute Thomas de son prénom.

 

Il signe dans la foulée avec Y & W, le label de Guizmo. Le début d’une aventure qui se poursuit encore, et qui l’a amené à sortir trois EP de huit titres auparavant, avant son album Nokomotiv, paru le 10 mai dernier. L’objectif de Thomas avec cet album est clair : “Je voulais donner à mon public quelque chose de plus consistant (que les précédents projets), amener une nouvelle couleur”. A contrario de ses anciens projets, aux formats assez courts, l’album est de 22 titres. Un chiffre assez conséquent dans une époque où la musique se consomme de plus en plus vite et de manière plus fréquente. Cette volonté d’agir à contre-courant, Tai Z la clame haut et fort en évoquant un des slogans de la Scred Connexion, “jamais dans la tendance, toujours dans la bonne direction”. “Faire un album long, c’était un risque à prendre. On voulait que chaque morceau soit apprécié à sa juste valeur. En plus, au début il y avait vingt-huit titres, j’ai dû réduire pour en laisser vingt-deux. Je voulais que l’album ait une cohérence et une couleur particulière”, ajoute le protégé de Guizmo.

Tai Z, les États-Unis en ligne de mire

Comme pouvait en témoigner son ancien nom de scène (Lil Tai Z), directement inspiré de la jeune relève du rap américain, le jeune rappeur de dix-neuf ans puise ses inspirations de l’autre côté de l’Atlantique. “J’ai beaucoup baigné dans la culture cainri, j’écoutais pas mal de Lil Wayne et de 50 Cent. Mais attention, je pouvais très bien passer de Lil Wayne à Soprano ou La Fouine !” explique Tai Z. Cette influence se ressent aussi dans le style vestimentaire de Thomas, ce qui va avoir tendance à le catégoriser : “En France, mon style vestimentaire peut faire débat. On va dire que je suis arrogant”, regrette l’intéressé. Le regard des gens est un thème très abordé dans l’album. On y découvre son rapport à la célébrité, lui qui a connu le succès très jeune (son morceau “Sac à dos” a atteint le million de vues alors qu’il n’avait que 15 ans). “ Je ne me suis jamais comporté comme si j’étais une star, je prends ça comme une récompense du travail que j’ai produit. Je fais du son comme un banquier qui tient son guichet” explique l’artiste, les pieds bien ancrés sur la terre ferme.

 

Dans l’album, le regard de la société est aussi évoqué, avec certaines phrases-chocs. “Aujourd’hui, une barbe ou un foulard, ça fait peur aux Français. C’est effarant” explique Tai Z, en référence au morceau Power ou il dit : ”On me connaît, mais je fais peur, bitch ! Comme une barbe ou le foulard”.

Alors que Nokomotiv est d’ores et déjà dans la nature, l’artiste pense à la suite : “Je vais essayer d’innover dans les prochains mois, d’arriver avec des choses peu communes, autant musicalement que dans mes clips », avance Thomas. Une certitude persiste en tout cas : malgré son ascension progressive, Tai Z l’Amiénois ne perd pas le nord.

Propos recueillis par Léopold Court