David Delaplace, photographe de 27 ans, s’est demandé quel serait le visage du rap. Pour répondre à cette question, ce dernier est parti à la rencontre d’une flopée d’artistes hip-hop afin d’immortaliser leurs ganaches et leurs joues pleines de rimes. 3 ans lui ont fallu pour concocter un livre photo de 400 pages avec une découverte de plus de 450 artistes. Un hommage pour le rap francophone. Rencontre avec David Delaplace qui sera à Bruxelles du 16 au 21 novembre pour une exposition au Creative Design à la Galerie Ravenstein.

Bonjour, David Delaplace, vous venez de sortir votre livre « Le visage du rap ». Quand est-ce que vous avez voulu commencer ce livre photo ?

Je l’ai commencé exactement le 7 février 2014, mais le départ concret est le 10 février 2014. Je réfléchissais à un potentiel projet qui pourrait à la fois montrer ce que je peux faire en photo et me faire rencontrer de nouveaux artistes et leur faire montrer mon travail. J’en ai parlé à un ami qui a immédiatement contacté Oxmo Puccino. Oxmo a aimé le projet et m’a donné rendez-vous chez lui. Le 10 février, je me suis retrouvé en bas de chez Oxmo à faire les premiers shooting pour ce projet. 

Comment raconte-t-on l’histoire du rap à travers des portraits photo ?

L’idée est de faire un projet qui accompagnerait d’autres livres qui existent sur le sujet. Il y a pas mal de livres qui sont assez sérieux et pas mal sur l’histoire du hip-hop français. Ces livres qui parlent d’artistes notamment de la génération 80-86 n’ont pas de photos de ces artistes, car c’était moins accessible qu’aujourd’hui. Mon projet sert à la fois à figer ces visages dans le temps et qu’on puisse retrouver leurs photos dans quelques années. En même temps il sert aussi à montrer aux gens une autre facette du hip-hop, car beaucoup de personnes voient la naissance du hip-hop dans les années 90 avec l’arrivée des gros scores et des premières ventes d’album. Et puis je ne voulais pas rentrer dans le cliché. Je n’ai pas voulu prendre un rappeur, le mettre au bord d’une piscine avec des femmes autour et immortaliser le moment. J’ai voulu montrer des personnes, des gens qui font de la musique, qui vivent de leur art. J’ai essayé de faire des portraits qui peuvent leur correspondre. Évidemment il y a quelques photos qui peuvent paraitre un peu cliché mais qui correspondent réellement à ces artistes-là. Je voulais montrer une facette intime de ces artistes.  

Est-ce que les artistes belges sont dans le livre ?  

Bien sûr ! À la base, pour revenir au début du projet, je voulais faire un projet uniquement sur des artistes du territoire français. Après je me suis aperçu qu’il y a eu des grosses influences, déjà forcément le rap il ne vient pas de France, il vient d’ailleurs.

Au bout d’un moment je me suis dit quand même, surtout avec l’arrivée de toute cette vague aujourd’hui de rap belge, que je ne pouvais me limiter qu’à la France. Il faut dire qu’il y a quelques années, à part peut-être Scylla que je connaissais, ça n’avait pas traversé les frontières autant que ça ne l’est aujourd’hui. Il fallait en parler.

Surtout qu’il n’y a pas de barrières de la langue…

Oui. Il n’y a pas de frontières. J’en parlais avec des artistes belges, certains me disent que leur rap se consomme beaucoup plus en France qu’en Belgique. Avec ces constats, j’ai vraiment eu envie d’ajouter la scène belge au projet. 

© Compte Instagram de D. Delaplace
David Delaplace avec Hamza 

Dans une interview, vous disiez vouloir faire une photo de Booba avec en décor des tanks, etc. Un truc impérial. Est-ce qu’il y a eu négociations pour que cette idée prenne forme ?

Malheureusement, non. Ça aurait été pas mal. J’ai parlé à Booba un jour où je l’ai croisé. Il était intéressé, mais le problème était la distance. C’est dans une campagne, c’est galère pour aller là-bas. Pour faire juste une photo, c’est compliqué. A la limite, on aurait pu tourner un clip, peut-être ça aurait été faisable. J’ai vraiment envie de concrétiser cette idée. En fait, je n’aurais jamais dû le dire en interview. Maintenant, si j’y vais avec un autre rappeur on va me dire : « tu voulais le faire avec Booba, tu l’as fait avec un autre ». Je me suis cramé le plan. Dommage parce que ça aurait été incroyable à faire.

Est-ce que faire une photo d’un artiste est le reflet de ce qu’il raconte dans ses textes ?

Pour une pochette d’album par exemple, on rentre concrètement dans l’univers de l’artiste pour la photographie. Pour ce projet, ce n’est pas vraiment rentré en compte parce qu’au final, des fois je ne savais pas où j’allais les voir, quand j’allais les voir, comment ils allaient être habillés. Il y a eu quelque chose de naturel. Tout se joue dans l’attitude de l’artiste.

Propos recueillis par Nikita Imambajev

« Le visage du rap » est publié aux éditions Ramsay, 50 euros. Il est disponible ici.