La bataille est rude. Tellement que la victoire semble inespérée. Nous combattons pourtant à armes égales, mais ses munitions semblent inépuisables. Je bataille tant bien que mal, je passe au travers ses balles et j’esquive ses attaques. Baston contre l’ennemi numéro un : mon ego.

Des piques sur ses baskets, un tigre sur son pull, une carriole allemande ou même un simple accessoire en damier et l’humain lève le cou. Noyé par sa fierté, cette même fierté qui lui chuchote qu’il est à la mode et que le monde a les yeux rivés sur sa personne. Envahi par le sentiment d’avoir atteint l’Everest vestimentaire, il déambule fièrement dans les rues pensant qu’il est unique, or qu’en réalité il n’a tout simplement fait qu’imiter le troupeau. Les bêlements ne se différencient pas…

Quand l’illusion du regard d’autrui se pose sur notre imagination, nous épiçons notre démarche d’une arrogance inexpliquée. Narguer celui ou celle qui n’a pas le dernier iPhone en poche devient d’une banalité affligeante et la pomme croque le peu d’humilité qu’il nous reste. C’est l’avènement du matérialisme, ce vieux fou se retrouve sur le podium des critères de jugement. Qui l’eût cru ! Tout dans la forme, trop souvent au détriment du fond. Les égos raisonnent au son des échos du vide.

D’ailleurs, je croise souvent des orgueils mal placés au volant de berlines métallisées, cette scène est aussi ridicule qu’un crustacé qui prétendrait être le roi de l’océan. La petitesse des sots qui tente de voler la vedette aux modestes géants. Qu’est-ce donc cette anomalie ? Une énigme psychologique et un poison contemporain. Pour y remédier, il faut rappeler ce point commun que l’on partage mondialement. Sur le pot ou sous terre, tout un chacun atteint le paroxysme de l’abject et du répugnant. Tous pareils, excréments et ossements. Ni plus ni moins. Mais quelques fois, il suffit de pectoraux saillants ou d’une simple promotion pour que l’homme plane sur la populace et se sente invincible et parfait. Cependant le risque de se fracasser le crâne durant un atterrissage forcé n’est pas à exclure. La réalité de notre misérable condition fera office de point de chute. Qui suis-je ?

Qui suis-je pour dénigrer mon prochain ? Si ce n’est un médiocre écrivain en manque de lecteurs. Je ne suis qu’une singularité engloutie dans la pluralité. Un parmi tant d’autres. J’aime me remémorer que le grain de sable seul ne fait pas le désert. J’aime aussi penser qu’une tempête de sable peut aveugler n’importe qui. Le tout est de savoir souffler dans le bon sens et surtout au bon moment.

Il en faut peu pour regarder son entourage avec dédain. Personne n’est à l’abri de la foudre de la suffisance. Prestige, pouvoir, argent, savoir et diplômes sont les tremplins vers le plafond de la complaisance. Boum. J’ai brisé la limite, je survole les gens. Au-dessus, mais en réalité bien en dessous. Puisse l’avenir nous éclairer sur les bienfaits de l’humilité. Un paraître ostentatoire et un être submergé par son ego. Voilà ce que notre société façonne chaque jour. Un costume trois pièces qui snobe un pull déchiré oublie qu’il provient du même endroit, le dos d’un simple mouton. Pas la peine de bêler avec vanité. Celui qui a compris cela deviendra berger. Enfin, espérons que le loup ne vienne pas dévorer son troupeau d’egos.

Maroan

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