Depuis le 18 décembre 2018, le Soudan tente de réussir une troisième révolution. Femmes, hommes et enfants se réunissent sur l’esplanade du quartier général des forces armées à Khartoum pour réclamer un gouvernement civil et contester le régime autoritaire mis en place. Alors que les réseaux sociaux étaient inondés le 11 avril 2019 par suite de la démission du président Omar el-Béchir, l’accès à Internet a été interdit aux citoyens soudanais depuis une semaine pour « désobéissance civile ».

Une histoire de coups d’État

Le 11 avril annonçait la fin de 29 ans, 9 mois et 12 jours de régime militaire sous Omar el-Béchir. Au pouvoir suite à un coup d’État le 30 juin 1989, le mouvement de contestation soudanais l’a poussé à démissionner de ses fonctions. Le Soudan n’en est pas à sa première révolution dans l’Histoire. Après son indépendance en 1956, le pays a connu deux mouvements contestataires importants ayant mené à la chute du maréchal Ibrahim Abboud en 1964 et à celle du général Gaafar Nimeiry en 1985. La révolution actuelle dépasse la contestation de l’augmentation du pouvoir d’achat, le peuple soudanais réclame un régime civil et ne veut plus d’un régime gouverné par l’armée.

Alaa Salah, l’icône de la révolution

Soudan
Courtesy Lana H. Haroun / © Reuters

Vêtue d’un habit traditionnel blanc et se tenant en hauteur au milieu de la foule, la jeune femme chante accompagnée de chœurs proclamant « thawra », qui signifie « révolution » en arabe. Le « thoub » que porte la révolutionnaire rappelle non seulement l’habit des femmes révolutionnaires précédentes, mais également l’importante présence des femmes dans le mouvement, estimée à 70%.

Pas de droit de parole, pas le droit d’exister

Après la destitution et l’emprisonnement de l’ancien président et maréchal Omar el-Béchir, un nouveau coup d’Etat porté par le général Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan rend la démarche difficile. Le peuple ne compte pas baisser les bras. Cela a coûté la vie de « 118 personnes, 500 blessés et des centaines de disparus en une semaine à Khartoum », selon France 24. Le pays n’avait pas accès à Internet et les citoyens soudanais ne pouvaient donc pas relayer sur leurs réseaux sociaux ce qui s’y déroulait. Le lundi 3 juin, des milices ont torturé, violé et jeté dans le Nil des civils. Tout ceci justifié par une « désobéissance civile ».

Les Soudanais sont conscients du long chemin qui leur reste avant d’arriver à une victoire et continuent d’occuper les rues malgré les menaces des militaires. Khartoum reprend petit à petit son train de vie, quelques commerçants ouvrent leurs magasins, selon l’AFP. L’heure est à la discussion entre les deux parties pour espérer arriver à un régime civil sans omettre un représentant de l’armée.

Nihel Triki