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Le débat sur le burkini arrive en Italie

Photo publiée par Izzedin Elzir sur son compte Facebook

Le compte Facebook d’un imam italien s’est vu suspendu après la publication d’une photographie de religieuses à la plage.

Alexis Denous

En réponse à la polémique sur le burkini – contraction de burqa et burkini – qui agite la France depuis début août, Izzedin Elzir, Imam de Florence, en Italie, a posté une photo sur le réseau social Facebook où l’on peut voir sept nonnes se baigner et profiter du bord de mer. Ces dernières étaient vêtues de tenues religieuses traditionnelles, les couvrant, à peu de chose près, autant qu’un burkini. La publication a été partagée plus de 3.500 fois. Mais vendredi matin, son compte a été suspendu par Facebook – et non par les autorités locales.

« Je voulais simplement que les gens s’arrêtent et réfléchissent. C’est pour cela que j’ai posté cette photo sans l’accompagner de commentaires. Je ne voulais pas prendre de parti, seulement encourager la tenue d’un débat sain » explique Izzedin Elzir lors d’une conversation téléphonique avec le média américain Vocativ.

Le burkini nous vient d’Australie. Il a été créé en 2004 par Aheda Zanetti, immigrée libanaise, qui avoue s’être inspiré des campagnes gouvernementales promouvant l’intégration des femmes musulmanes dans la société australienne. Le burkini est devenu, suite à son port par la première maître-nageuse musulmane du pays, symbole d’intégration réussie et de diversité

Une position aux antipodes de celle de la France, où cinq municipalités ont décidé d’interdire le port de la tenue sur leurs plages, même après la décision du Conseil d’État de mettre un terme à ces arrêtés. Une « résistance » alimentée par les déclarations du Premier ministre Manuel Valls, pour qui « le burkini est incompatible avec la République ».

Et l’Italie n’est pas en reste sur les débats concernant la place de l’Islam dans la société. L’année a été marquée par de nombreux débats concernant la construction de mosquées et suite à la polémique de la photo postée par Izzedin Elzir, les formations d’extrême droite italienne ont repris à leur compte les propositions de nos élus français visant à interdire le port du burkini sur le territoire. Les esprits se sont échauffés, aussi bien en direct que sur internet.

Les partisans de la suspension du compte de l’Imam, encouragés par politiques va-t-en-guerre italiens, ont accusé ce dernier d’attiser la haine envers les chrétiens, suite à l’assassinat d’un prêtre à Saint-EtienneDu-Rouvray le mois dernier par deux djihadistes français. Des accusations rapidement mises à bas par le profil de l’imam, un Palestinien originaire d’Hébron reconnu pour être à la pointe du dialogue interreligieux dans la région. Izzedin Elzir a même reçu en 2014, conjointement à l’archevêque et le rabbin de Florence, le Golden Florin, prix le plus élevé du pays pour récompenser les services rendus à la communauté.

La suspension de son compte par Facebook reste d’autant plus mystérieuse que la photo n’avait rien de choquant ou provocant. « Ils [Facebook] m’ont dit que mon compte a été signalé [par des utilisateurs] et ils m’ont demandé d’envoyer une copie de ma carte d’identité », explique l’imam à Vocativ.

Responsable de l’association et figure de proue locale, le blocage du compte Facebook d’Izzedin Elzir a rapidement été relayé par les médias, obligeant le réseau social à réagir. Moins de 24h après l’envoi d’une copie de sa carte d’identité son compte était réactivé.

Mais que ce serait-il passé sur l’imam n’avait pas un profil aussi « exemplaire » ?

Ici ou ailleurs, il semblerait que, face aux trainées de boue laissées par l’État islamique sur nos territoires et dans nos sociétés, les politiques de tous bords emboîtent le pas, sous les applaudissements.

Alexis DENOUS

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