Le Traité Transatlantique, accord de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis se négocie dans l’opacité la plus totale. Ce dernier pourrait considérablement bouleverser notre société en accordant davantage de poids aux multinationales face aux états et impacter le quotidien de tous. Dans le cadre de la 15e édition du festival Esperanzah !, l’asbl Z ! a présenté «Diversion» de Nicolas Van Ruychevelt, un court-métrage visant à mobiliser et sensibiliser sur la question du TTIP.

twitter-logo_2– Mouâd Salhi

La fiction d’anticipation nous plonge en 2026, dans une Belgique prête à commémorer le dixième anniversaire du traité transatlantique. On y voit Alan, un jeune homme chétif d’une vingtaine d’années qui semble avoir peur de son ombre cohabitant avec sa maman, dopée par ses médicaments et les chaînes d’information en continu. Les reportages se succèdent et se ressemblent : anxiogènes et dépeignant des « extrémistes » dans les rues venus en découdre avec les forces de l’ordre et milices privées chargées d’enfermer ces militants qui ne veulent coller que de simples affiches. Depuis la signature du traité, le pays semble plongé dans un état d’urgence permanent où la peur est reine. Toute manifestation artistique est vue comme une perte de temps et nuisible à la productivité.

Le court-métrage se veut volontairement alarmiste et fait état d’une société déshumanisée. Tout lien avec l’extérieur est diabolisé. Le personnage principal se fait livrer ses courses à domicile par un livreur au discours lobotomisé. La vie d’Alan semble rythmée par un chronomètre qui l’interdit de perdre son temps. Voilà un an qu’il n’est pas sorti de chez lui. L’apparition de Shana, une jeune militante changera considérablement son quotidien. Fuyant les forces de l’ordre, Alan volera à son secours. Cette dernière l’incitera à de nouveau s’exprimer en peignant ce qu’il ressent. Malheureusement, le tableau est noir, car son inspiration s’est envolée dans la prison mentale qu’il s’est créée.

Mieux vaut se réveiller tard que jamais

Pour rappel, le traité transatlantique a pour objectif d’uniformiser les normes et les réglementations entre les États-Unis et l’Union européenne. Ce traité inverserait le rapport de forces entre les états et les multinationales. Une multinationale pourrait par exemple porter plainte contre un état qui aurait fait voter une loi qui nuirait à ses intérêts. Vivement contestées, ces négociations se font aujourd’hui sans concertation citoyenne.

Cette oeuvre sociale et politique a réussi à matérialiser les problématiques du traité transatlantique pour mobiliser le grand public. Le crédo du collectif est de « créer un hameçon artistique, via l’émotion, pour susciter le questionnement auprès d’un public non averti sur le sujet ». Le réalisateur a voulu mettre en lumière le paradoxe qui subsiste dans cette société qui n’est pas encline à accueillir des réfugiés, mais dans le même temps courbe l’échine pour satisfaire les grands capitaux. Ce film incite les citoyens à se mobiliser et à agir pour leur propre destin avant qu’il ne soit trop tard. Il invite les citoyens de tous bords à se réveiller de ce sommeil léthargique.

Mouâd SALHI

 

Site web du film : http://www.diversionlecourtmetrage.be/