Trop vite caricaturé pour ses dérives financières, le football, partout dans le monde, reste un fantastique vecteur de cohésion. Le Championnat d’Europe des Nations, qui a lieu en France du 10 juin au 10 juillet prochain, sera, à de multiples égards, un test grandeur nature pour l’Hexagone : les risques en termes de sécurité vont-ils avoir des conséquences sur les bénéfices économiques et sociaux tant espérés ? Impossible de répondre à cette question pour le moment, mais l’impact estimé est très attendu, tant par la population que par les pouvoirs publics.

Impact économique

Pour évaluer les conséquences de l’Euro 2016 en France, l’Union des Associations Européennes de Football (UEFA) a commandé au Centre de Droit et d’Économie du Sport (CDES) de Limoges un rapport prospectif réalisé en novembre 2014. Ses conclusions ont été dévoilées au début de l’année 2016, mais précisons qu’elles ne tiennent pas compte d’une éventuelle influence négative liée aux attentats récents. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1,26 milliard d’euros soit 66 à 221 millions pour chacune des 10 villes-hôtes qui accueillent les matches dans toute la France. 400 millions d’euros de recettes de sponsoring, 500 millions de recettes de billetterie sont attendus d’une part et 1 milliard de recettes de droits télévisuels pour 150 millions de téléspectateurs par matches d’autre part. L’État, lui, devrait engranger 180 millions d’euros de recettes fiscales grâce uniquement à la billetterie et aux dépenses des spectateurs étrangers. L’Euro 2016 est par un ailleurs un précieux levier en termes d’emplois : 20 000 postes seraient ainsi créés pour l’occasion, dont 5000 durables. Les enquêteurs du CDES tablent sur 94 000 personnes employées indirectement dans le cadre de l’organisation de la compétition.

Impact socio-culturel

Outre ces créations d’emplois qui vont faire souffler quelques milliers de personnes dans des villes-hôtes qui souffrent du manque d’activité professionnelle (que l’on songe à Lens, ville minière du nord qui a beaucoup souffert de la crise et où le taux de chômage s’élevait à plus de 27% en 2012 ), la compétition de football a nécessité la rénovation ou la construction d’enceintes sportives qui pourront par la suite se transformer en pôles de développement économique et d’épanouissement social. En cas de belles performances, l’impact de l’Euro 2016 sur la société française s’étend au-delà des gros chiffres et peut constituer un véritable ciment pour un pays qui souffre de ses divisions ; rappelons-nous l’effet de la victoire des Bleus « Black-blanc-beur » à la Coupe du Monde en 1998. Les actions de solidarité vont également ponctuer les matches durant l’évènement de cette année, citons par exemple les « 20 000 sourires pour l’Euro » : 20 000 enfants en situation de détresse ont ainsi été invités à assister à 43 des 51 matches de la compétition.

Et pour la Belgique ?

La victoire, dans le cadre d’une compétition aussi populaire que l’Euro de football – par un mécanisme analysé notamment après la victoire de la France en 1998 – ragaillardit la fierté d’un peuple, dopant ainsi le moral des ménages et les poussant à consommer davantage, ce qui stimule ainsi la croissance du pays. Selon le journal DH, si la Belgique remportait l’Euro, elle pourrait bénéficier d’une hausse de croissance de 0,2 à 0,3% répartis sur l’année. Les sponsors, la grande distribution et les sites de paris sportifs en ligne comme Betway.be, qui explosent en Belgique, pourraient connaître de belles recettes en cas de victoire des Diables Rouges le 10 juillet au Stade de France, et ils ont toutes leurs chances ! Tête de série de l’Euro 2016, la Belgique avait accédé à la première place du classement FIFA à l’automne dernier pour la première fois de son histoire. Certes, l’Argentine lui a depuis volé la vedette, mais aujourd’hui en deuxième position, la Belgique reste la meilleure équipe européenne. Ceci, précisons-le, sans jamais remporter une compétition internationale !