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Ghana : les femmes prennent le volant

© Page Facebook NEWIG

Nous avons tous déjà entendu cet adage sexiste « Femme au volant, mort au tournant ». Une ONG ghanéenne a décidé de faire un virage à 180 degrés pour tordre le coup à ces stéréotypes et permettre à des femmes d’apprendre à conduire.

Mouâd Salhi

L’ONG NEWIG (Network of Women in Growth ) a mis en place fin août un programme de formation à la conduite à destination des femmes, en collaboration avec l’armée. L’objectif n’est pas de les former à devenir des as du volants mais d’en faire des conductrices professionnelles, métiers culturellement réservés aux hommes. La première étape du programme s’étale sur quatre mois. La formation ne se cantonne pas qu’à la conduite, elle comprend également une initiation à l’entrepreneuriat et des cours d’autodéfense. Elle intègre aussi des sessions de prévention aux violences domestiques, de planning familial ou d’ateliers pour renforcer la confiance en soi.

L’ONG considère qu’aider les femmes à conduire les transports en commun, des convois commerciaux ou militaires leur permettra de s’élever sur le plan socioéconomique. En effet, les métiers traditionnels dans lesquels les femmes sont les plus actives, rapportent moins. Mawusi Awity, fondatrice de l’ONG NEWIG ajoute même que ces formations sont un pas en avant pour la sécurité routière car les femmes font statistiquement moins d’accidents que les hommes.

Self-made-woman

Faith Lawson est l’une des femmes qui participe au programme. A bord d’un large pick-up gris ronronnant, elle slalomme en marche arrière entre des cônes disposés sur un parking d’un camp militaire d’Accra, capitale ghanéenne. Cette jeune femme de 24 ans, il y a plus deux mois n’avait jamais touché à un volant de sa vie et était prise de panique rien qu’à l’idée de prendre la route.

Une de ses comparses, Lando-Wene Fiawomorm est originaire d’une petite bourgade bordant le fleuve Volta. Dans cette région, les femmes ont pour habitude soit de pétrir le pain soit tenir un stand au marché. A 21 ans seulement, elle avait d’autres ambitions en tête : « J’ai toujours voulu conduire, mais on a cette perception que la conduite était un métier réservé aux hommes. Ma chance est venue d’apprendre. Je me suis dit que ce serait génial de faire ce programme », argue-t-elle. « Maintenant je suis convaincue que ce que les hommes peuvent faire, les femmes le font encore mieux ».

Certaines salariées de l’ONG NEWIG ont pris part au programme. C’est le cas de Regina Amoako qui officie au sein de l’organisation comme agent de terrain. « Je me suis dit pourquoi ne pas essayer » lance-t-elle. Par ce biais, elle pourrait se rendre à son domicile de manière plus indépendante et dans le même temps devenir le chauffeur de l’association.

La fondatrice de l’association a créé NEWIG en 2002 pour permettre aux femmes marginalisées de s’accomplir par leur travail. Au début de l’initiative, elle ne concentrait ses efforts que sur les formations traditionnellement destinées aux femmes à savoir la couture, l’artisanat des perles ou la restauration. Mais elle a décidé de s’attaquer aux professions dites masculines, qui, elles, sont mieux rétribuées. Un rapport des Nations Unies datant de 2015 mettait en lumière les disparités de genre dans le monde professionnel. Il indiquait que les femmes ghanéennes travaillaient plus que les hommes pour, finalement, gagner moins qu’eux. Les statistiques datent de 2009. Elles démontrent que le revenu national brut par habitant au Ghana est de 4515 dollars par an, contre 3200 dollars pour une femme. L’initiative de l’ONG est à saluer. Une seule chose à dire, bonne route mesdames.

 

Mouâd SALHI