On le sait, les femmes subissent une sacrée pression sociale. C’est un fait qui n’est plus à prouver. Entre les techniques pour perdre les « 3 kilos avant l’été », l’incompréhension si elles disent ne pas désirer d’enfant, les jugements face au nombre de partenaires sexuels et, évidemment, la nécessité d’être « douces et fragiles », la liberté d’être soi-même est assez mince. Et pourtant, les hommes, eux aussi, ne sont pas en reste. Décryptage.
La société dans laquelle nous vivons a établi des critères très souvent quantifiables en kilos, en centimètres ou en années de mariages afin de pouvoir déterminer si, oui ou non, nous correspondons aux normes de réussite qu’elle nous a imposées. Et bien que ces critères diffèrent selon qu’on soit un homme ou une femme, s’en écarter nous catégorise et nous étiquette.
Les revendications féministes sont tout à fait légitimes- lorsqu’elles ne sont pas poussées à l’excès. Mais, lorsque l’on se penche un peu sur la question, être féministe, c’est principalement vouloir l’égalité « hommes-femmes ». Pour cela, de nombreuses associations/mouvements/personnes se battent quotidiennement afin de réduire au maximum l’écart entre les deux sexes. Cependant, si l’on analyse un peu les diktats sociétaux, on remarque très vite que ceux-ci pèsent sur tous, mais pas de la même manière.
Notre société repose principalement sur le paraître et, depuis quelques années, beaucoup d’organisations tendent à désexualiser l’image de la femme, notamment dans les publicités, par exemple. Cependant, qu’en est-il de l’image de l’homme ? Eh bien, nous l’avons notre égalité, puisque ces messieurs sont, eux aussi, victimes de tout un tas de préjugés sexistes. Muscles saillants à souhait, torse velu—, mais pas trop-, barbe sagement taillée, sont tout autant de signes de virilité que ces messieurs se doivent d’arborer. Et ces pressions physiques quotidiennes seraient à l’origine de bon nombre de complexes que l’on nous inculque et que l’on apprend sournoisement à croire plutôt que de les vomir. Si l’on apprenait à nous aimer tels que nous sommes, imaginez combien de sociétés feraient faillite.
Dans notre mode de pensée, un homme a presque tous les droits, sauf celui d’être fragile. Il peut être menteur, manipulateur, sournois, mais certainement pas vulnérable. Les émotions étant mal vues, il se doit à tout prix de les cacher, sous peine de passer pour quelqu’un de « faible ». La seule émotion qu’il peut exprimer est la colère puisque celle-ci lui permet de révéler davantage son côté « homme viril », étant donné que la virilité passe forcément par tous les critères cités précédemment, cela va de soi. Arrêtons de nous mentir, il n’y a que dans les films qu’un homme terrasse les méchants, sauve un peuple de la misère, arrête un tsunami et délivre la demoiselle en détresse. Relax, messieurs, on ne vous en demande pas tant. Les émotions qui nous traversent tous sont on ne peut plus normales et il n’est pas normal d’avoir à les refouler ou, au contraire chez les femmes, d’avoir à les montrer davantage. Gérez-les comme bon vous semble.
Et si l’on suit cette logique, il faudrait aussi que ces messieurs ne pleurent pas. Entre vous et moi, connaissez-vous quelqu’un qui n’ait jamais pleuré ? Nous avons tous des glandes lacrymales. Et elles ne servent pas seulement à chasser les poussières que nous avons dans les yeux. La nature est bien faite, n’est-ce pas ?
Tendant vers une égalité des sexes, de plus en plus de femmes travaillent autant que leur conjoint. Il est donc normal que les deux partenaires ramènent de l’argent dans le ménage. Il n’est écrit nulle part que les hommes doivent absolument subvenir aux besoins de leur famille et que l’argent détermine leur réussite sociale. Il ne leur est pas demandé non plus d’entretenir leur conjointe. Gagnant son propre argent, elle sait s’entretenir elle-même. L’argent ne définit en rien votre taux de réussite. Celle-ci sera caractérisée par ce que vous en ferez, par les objectifs que vous vous serez fixés et par les buts que vous désirerez atteindre.
Peut-être aussi que l’image de l’homme est dégradée par des mouvements se disant « féministes », mais poussés à l’extrême ? Je tente parfois de me mettre à la place d’un homme qui voudrait draguer une fille sur qui il a flashé. Pas si facile que ça en 2018. La diabolisation masculine est bien réelle et, même si certains hommes vont véritablement trop loin (tout comme certaines femmes, bien sûr), elle peut mener à des scènes malaisantes. Comment faire la cour sans passer pour un pervers, un psychopathe ou un détraqué ? Le romantisme est-il réellement perdu ou devons-nous trouver une manière de le réinventer ?
Alors, comment s’en sortir ? Sommes-nous forcés et contraints de suivre ce que l’on nous impose sournoisement, jour après jour, en essayant de nous faire passer ces diktats pour des normes ? Non.
Rien n’est immuable. Rendons notre esprit imperméable à tout ce qui ne nous rend pas heureux. Vous êtes une fille et vous avez envie de demander la main de votre conjoint ? Faites-le. Vous êtes un homme et vous faites les tâches ménagères à la maison ? Tout va bien, cela ne vous émascule pas. Vous n’avez pas d’abdos bien tracés ? 65% des femmes interrogées avouent préférer un petit ventre contre lequel se serrer.
Ne soyons pas ce que la société veut faire de nous, mais choisissons de concentrer notre attention sur ce que nous voulons devenir. Notre temps est compté, notre vie nous appartient. Le monde continuera de tourner après nous et il ne s’en portera pas moins bien. Je suis désolée de vous le dire, mais que vous décidiez de vous préoccuper à rentrer dans un moule et à absorber ce que l’on a prémâché à votre place ne causera de tort à personne, mais vous détruira à petit feu.
Le vrai ennemi, ce n’est ni l’homme ni la femme, c’est tout ce qui nous empêche de nous épanouir et de nous développer à grands coups de culpabilité. Hommes et femmes ne sont pas engagés dans un bras de fer ; ils luttent chacun de leur côté contre la société à tel point que cela les empêche de se parler, de se comprendre et de s’écouter. Ils doivent recourir à des stratagèmes pour draguer et flirter. Ils veulent se donner l’impression qu’un gagne et que l’autre perd, juste pour ne pas perdre la face et gagner leur réputation aux yeux de la société.
Stop.
Alexia Zampunieris
Alexia vient de publier son nouvel ouvrage intitulé « Mademoiselle cherche le soleil » aux Editions Chloé des Lys à découvrir ici