Dans cet élan de montée féministe à travers le monde, les femmes ne cessent d’imposer leurs compétences, leurs visions, leur audace, bref elles rivalisent non sans mal afin d’espérer obtenir la place qu’elles méritent au sein de la société. Petite fille, sœur, amie, épouse, maman, une femme ne cesse tout au long de sa vie d’endosser une multitude de casquettes et c’est avec une sensibilité qui leur est propre qu’elles effectuent chacune de leurs actions.

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Il y a quelques décennies, travailler pour une femme était synonyme de corvées, de ménage, de vaisselle, d’éducation des enfants. Si aujourd’hui, la « femme moderne » partage souvent ce travail à domicile avec son conjoint afin de pouvoir concilier vie privée et vie professionnelle, peu de choses ont pourtant changé. Emplois, salaires, scolarité, les inégalités se maintiennent et les mauvaises conditions de vie, et de travail, n’ont fait qu’endosser un nouveau visage, moins sinistre et d’apparence plus attractive. Mais ce n’est pas tant à cette femme moderne qui marche aujourd’hui d’un pas assuré que je voudrai rendre hommage. Non. Aujourd’hui, je tenais à poser un projecteur, ne fût-ce qu’à l’aide de ces quelques lignes, sur ces femmes qui participent malgré elles à ce que l’on pourrait nommer une « économie cachée » : les femmes rurales.

En effet, le 15 octobre 2015, nous célébrons – timidement – la journée internationale de la femme rurale. Instaurée depuis 2008 par l’Assemblée générale des Nations Unies, cette célébration a pour but de rendre un hommage, aussi minime soit-il, à celles qui représentent au total plus d’un quart de la population mondiale. En outre, d’après les statistiques des Nations Unies, les femmes rurales représentent environ 43 % de la main-d’œuvre agricole. Il est nécessaire de rappeler que ces femmes- qui produisent, transforment et préparent la plupart des aliments qui leur sont disponibles,- dépendent des ressources naturelles et de l’agriculture pour leur subsistance. Sachant que la grande majorité des personnes extrêmement pauvres vivent en milieu rural, il apparait primordial de veiller à ce que ces femmes aient accès aux ressources agricoles. Cela leur permettrait, d’une part, de devenir autonome, et d’autre part, de contribuer à la réduction la famine et de la pauvreté dans le monde. Pourtant la réalité lève rapidement le voile sur cette intention utopique.

C’est malheureusement en boitant qu’elles luttent pour survivre, car elles doivent endosser le poids de leurs deux handicaps : être femme et être agricultrice. Ces femmes qui mènent un travail acharné ne jouissent d’aucun statut juridique ni de protection sociale. Reléguée au statut de « conjointe collaboratrice » elles mènent tout au long de leur vie une situation précaire. Et pourtant leur contribution à la société est vitale.

Dans une société capitaliste, la réussite n’est pas que monétaire. D’ailleurs, l’actualité en témoigne. Un récent rapport du Crédit Suisse a révélé qu’1% de la population détenait plus de la moitié de la richesse mondiale. Autrement dit, quelques multimillionnaires se partageraient une grosse moitié du gâteau et laisseraient au peuple démuni que nous sommes quelques miettes. Une nouveauté ? Pas vraiment. Mais cette aberration donne tout de même le tournis.

Tout n’est qu’une affaire de chiffre. Même nos relations. Nous confondons bien souvent quantité et qualité. Nous en sommes bien loin de l’époque où la richesse était avant tout dans notre patrimoine, dans nos valeurs, dans nos actions, bref dans notre « moi ». Les femmes sont pour l’humanité ce que la pluie est à une fleur : elle lui permet d’éclore, de pousser et de briller. Mais, il semblerait que les histoires que ces femmes racontent le soir à leurs enfants soient le seul endroit où les vrais héros sortent de l’ombre.

Chaïmae Ouaret