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Misère de l’hyper abondance ou pourquoi réapprendre à bien manger est une urgence ?

Vous êtes les témoins d’une époque formidable. Il suffit de vous déplacer dans n’importe quelle grande ville pour en prendre la mesure. Aujourd’hui, nous pensons et sommes conditionnés à penser à manger plus que jamais. Bien que ce que vous pensez être vos goûts n’est que le produit d’un conditionnement culturel et familial, il y en a pour tous. Vous préférez que nous mangions grec, turc, antillais, libanais, ouzbek, congolais, camerounais ou indien ce soir ?

Malgré cette opulence de choix, nous sommes de plus en plus gros et malades. Reflet d’une époque qui polarise les contrastes plus que jamais. Les lanceurs d’alerte ont déjà ouvert la voie. Il faut désormais agir et vite. Avant d’être réduits à l’état de tubes digestifs avec une carte de crédit et des désirs insatiables.

Bilan de la situation actuelle

Pourquoi un article sur l’importance de bien manger ? Vous me rétorquerez peut-être que cela n’a pas de sens. Il suffit de manger un peu de tout n’est-ce pas ? Aujourd’hui tout le monde a son avis sur la meilleure façon de manger. Qu’il s’agisse des organismes de santé publique, des médecins de famille, des croyants, des sportifs du quotidien ou de votre collègue de travail, personne n’est tout à fait d’accord.

Sans parler des journalistes qui rajoutent de la fumée dans le brouillard ambiant en publiant chaque semaine tout et son contraire sur les bienfaits ou les dangers de ceci ou cela. Vous avez entendu la dernière polémique sur la charcuterie et la viande rouge ? Qui ne s’est pas senti offusqué qu’on lui fasse manger des aliments qui seraient potentiellement cancérigènes ?

Pourtant d’après les derniers chiffres, le secteur de l’agroalimentaire continue à brasser ses milliards. Ce pseudo-scandale n’a eu que l’effet d’un pavé jeté dans la mare pleine de boue. En d’autres termes, cela a créé beaucoup de remous avant que cette histoire ne soit définitivement enterrée. De ceux qui étaient prêts à trancher la tête des bouchers et des revendeurs de viande lesquels ont changé radicalement leurs habitudes ? Levez la main les amis.

Vous saisissez que le problème est autre. Il devient de plus en plus difficile de s’y retrouver dans cette cacophonie. Mais pourquoi et surtout comment y voir plus clair ?

Heureusement, les scientifiques les plus éminents comme le professeur Henri-Joyeux ou le Dr Jean Seignalet en France ont lancé l’alerte il y a quelques décennies en avertissant sur les dangers d’une alimentation inadaptée. Néanmoins, ils n’ont pas bénéficié de l’écho qu’ils méritaient. Résultat si les comportements perdurent, nous continuerons à mourir de toujours plus d’obésité, de diabète, d’insuffisance cardiaque, d’autres maladies auto-immunes ou d’autres cancers du colon (3e cancer le plus fréquent et la deuxième cause de mort par cancer). Alors que toutes ces maladies ne sont qu’à 10% le résultat de la génétique et sont influencées en grande partie par l’épigénétique (à savoir votre environnement, alimentation y comprise) je suis désemparé. Tellement de destins, de familles ou d’avenirs brisés à cause d’une maladie qui pourrait dans la majorité des cas ne pas apparaitre ou être réduite au silence. Le terrain est primordial.

Deux choses sont désormais certaines. Votre état de santé se dégrade par rapport à celui de vos ancêtres. Votre espérance de vie sans incapacité n’est que d’environ 62 ans aujourd’hui (selon les statistiques de l’INSERM). D’un autre côté, les progrès en matière d’hygiène publique, de chirurgie et de médecine ont été fulgurants ces dernières années. C’est sans équivoque. Mais quel intérêt à vivre vieux et grabataire ?

Quelques lueurs d’espoir au-delà du marasme

Dès les années 50, certaines voix se sont élevées pour mettre en évidence les liens entre l’alimentation et la santé. Catherine Kousmine était de ceux-là. Médecin suisse d’origine russe, elle a consacré sa vie entière à faire reconnaitre ses thèses et à soigner des malades atteints du cancer, de la polyarthrite chronique ou de la sclérose en plaques. Tout cela uniquement grâce à des méthodes simples et naturelles basées sur une amélioration du mode de vie.

Pionniers en France, le professeur Henri Joyeux (auteurs de dizaines d’ouvrages dont changez d’alimentation), le docteur André Gernez (auteur de les maladies dégénératives – propositions) ou encore le docteur Jean Seignalet (auteur de l’alimentation ou la troisième médecine) se sont heurtés très vite à l’ignorance et au mépris des pouvoirs publics

Heureusement avec internet, le monde n’est plus pareil et de nombreuses initiatives voient le jour. Grâce entre autres à la multiplication des médias de réinformation, une partie du peuple se réveille de la léthargie dans laquelle il était maintenu. Qu’il s’agisse de pépinières de ré-enracinement rural, de potagers urbains, de coopératives bio locales, de sportifs de plus en plus conscients, d’initiatives d’alimentation durable, les choses bougent à l’écart des circuits traditionnels. Un espoir peut-être bien que ces phénomènes ne restent que marginaux face aux défis de santé qui nous guettent.

Ouvrons les yeux

Depuis plus d’un demi-siècle, vous vivez à présent dans une société de l’hyperconsommation permissive. Là où le modèle américain de la consommation de masse donne le ton de la morale et des valeurs. Sans être nécessairement boulimique qui n’éprouve pas le besoin d’avoir toujours quelque chose à manger à portée de main avant que son estomac ne le réclame réellement ?

Alors, conditionnement socioculturel et familial profond, moyen de combler des humeurs psychologiques, acte de socialisation ou soumission immédiate et totale au marché du désir ? En aucun cas ces accès ne sont le résultat d’un besoin physiologique.

Nous pensons et sommes conditionnés à nous soumettre à la nourriture plus que jamais. Il y en a pour tous les goûts : vegan, sans gluten, végétarien, sucré, salé, fast-food, sandwich à emporter. Consommez différemment, mais dans tous les cas consommez encore plus auprès finalement des mêmes producteurs et marchands. Méfiance de ne pas confondre liberté et libéralisme !

Difficile de faire 100 mètres sans être invité à tester de nouvelles saveurs ou redécouvrir des classiques de la cuisine africaine, orientale, méditerranéenne, asiatique ou autre exotisme. Le fait de consommer de la nourriture est devenu un acte de socialisation. Accompagnez des amis au restaurant en ne consommant qu’une eau pétillante pour en prendre la mesure… Pour autant que vous ayez les moyens de vous offrir de quoi manger, la faim n’existe plus chez nous en Europe.

Nos actes de consommation souvent guidés par la simple ignorance des lois physiologiques nous mènent à cette réalité sordide, l’obésité et le surpoids généralisés. Les statistiques de 2009 menées parmi les pays de l’Union européenne affirment ce que les esprits clairvoyants avaient déjà remarqué. Une femme sur deux est en surpoids ou obèse et ce phénomène touche deux hommes sur trois. Certains peuvent enfin se réjouir d’être les Américains qu’ils auraient toujours rêvé d’être.

À l’instar des physiques, les figures de style se sont elles aussi transformées. Il est malvenu de dire gros. Vous pourriez être taxé d’anti-x ou de xo-phobe. Nous assistons donc à une litanie des euphémismes. On parle plutôt d’embonpoint, de rondeurs, de bon vivant, de formes, d’acceptation de soi, de tolérance, même de génétique. Lorsque vous serez entre amis, préférez dire elle est bien en chair ou il est fort, limite costaud. Autrement vous pourriez être ostracisé.

Trêve de plaisanteries malheureuses, mettons de côté le frivole pour laisser place au sérieux. Cessons les quiproquos pour prendre la mesure du défi. Une personne grosse n’a jamais été forte ou n’a eu des formes véritables. L’industrie du bien-être, de la « santé » et les vendeurs de poudre de perlimpinpin ne se porteraient pas si bien si c’était le cas. Ceux-là mêmes qui crieront à la discrimination n’auront pas compris le propos.

Quoi qu’il en soit, la réalité de la physiologie nous dominera toujours pour nous rappeler que les personnes en surpoids ont un taux de morbidité nettement supérieur aux personnes minces et des processus cognitifs potentiellement amoindris notamment en comparaison de leur potentiel de départ. Tandis que l’obésité est purement et simplement reconnue comme étant une maladie.

Nos grands et arrières grands parents, certains d’entre eux qui ont vécu au début du siècle dernier n’auraient jamais imaginé que nous puissions en arriver là. Eux qui avaient à peine de quoi se nourrir après des journées de 12heures de travail physique par jour pour certains.

Faites valoir votre liberté individuelle

En mangeant des aliments pour lesquels nous ne sommes pas physiologiquement adaptés, nous nous rendons malades. Retirons le voile opaque qui couvre nos yeux depuis tout ce temps. La question n’est pas d’être stoïque ou hédoniste. Il s’agit que nous retrouvions simplement le plaisir de nous soumettre aux lois naturelles de la physiologie qui nous dominent.

Cessons d’être à la merci de désirs compulsifs qui seront toujours insatiables tant c’est là le propre du désir. Concrètement, pas d’excès de zèle dans une direction ou l’autre. Cultivons la modération et réapprenons le plaisir de bien manger en répondant à nos besoins physiologiques et non plus aux sollicitations de notre mental.

« On a deux vies, la deuxième commence lorsqu’on se rend compte qu’on en a qu’une »

Confucius

Leroy Daie

Personal trainer spécialiste en nutrition

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